Question de temps

A : Du temps, du soleil ou de pluie, peu importe le temps…
B : mais non, on a dit du temps en premier…
A : Ah ? oui, bon, du temps, oui, mais du temps qui défile, pas du temps de la météo…
B : Pff ! ça embrouille !
A : Oui, et bien, ce n’est pas grave, même brumeux, peu importe le temps !
B : Faudrait savoir !
A : Mais oui, il faut avoir le temps de prendre le temps !
B : Ok, comme prendre le soleil ?
A : Mais on, on se fout du temps, je te dis !
B : Peut-être, mais moi, non, j’aime le beau temps !
A : De toute façon, le beau temps, si tu n’as pas le temps, ça sert à rien !
B : Mais si tu sais qu’il fait beau, tu connais le temps, non ?
A : Ouais, mais là, ça va pas éclaircir le sujet…
B : Ah ! Tu vois !
A : Oui, bon, de toute façon, j’ai perdu le fil….
B : Le fil du temps ?
A : De toute façon, je n’ai plus le temps.
B : Il fait beau, ciel bleu éclatant !
A : Un éclat du temps ? Tiens, je n’y avais pas pensé !
B : Le bleu dans un éclat, le temps d’un jour, le temps d’aujourd’hui !
A : Tu as donc le temps aujourd’hui ? Plus moi, je dois filer !
B : Ben oui ! J’ai tout mon temps, et il fait beau ! Tu avais commencé à me dire quelque chose ?
A : Trop tard, ce n’est pas grave, à bientôt !
B : Ok, comme tu voudras, fais-moi signe dès que tu as le temps…
A : ça marche, à plus ! »


Dialogue de sourds comme il en existe plein dans la vie, ou on sait plus facilement couper la parole et la réflexion qu’attendre la fin du discours pour argumenter sur la pensée complète… Question de temps ? Mais, à trop galoper, à trop courir après le temps, nous l’avons déjà perdu, et, le temps perdu ne se rattrape jamais…

Laissez les gens s’exprimer, par les mots, par les gestes, par les silences, par les attentions, par les dessins, laissez construire un jugement, une discussion, avant de la démolir, avant de vous arrêter au premier mot qui ne vous sert qu’à ancrer votre expression. Si vous fonctionnez comme cela, vous n’écoutez pas l’autre, nous guettez une pause du discours pour placer votre idée, toute prête à sortir, bâtie dans votre tête, qui dès lors, n’était plus en mode écoute, mais en mode construction de phrase… Le dialogue devient un double monologue, discours imbriqués certes, mais sans lien constructif, simple joute verbale, sans aucun intérêt, vous pouvez jouer la même joute avec un dictaphone, c’est du pareil au même, aucun des deux n’imprime ce que dit l’autre… C’est hélas, tout l’art de nos conversations actuelles, peu d’écoute de l’autre, beaucoup d’ego, beaucoup d’écoute de soi…

Essayez à votre prochaine rencontre d’écouter l’autre, jusqu’au bout, d’être attentif à ses mots, ses silences, sans se préoccuper d’y coller des sens qui n’en sont pas. Fonctionnez à deux, pas en solitaire, dans l’analyse comme dans le propos. On ne peut attribuer un sens à un mot, à une expression, que si on possède le même référentiel, que si on évolue dans le même cadre, sinon, gare aux double sens, aux faux amis… Hélas, la vie est pleine de faux amis… Message à double sens ?

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