Randonnée Basque

Randonnée en solitaire, comme il y a longtemps que cela ne m’était pas arrivé… Retour à la case départ ? Peut-être bien, après ces dernières années si vite passées… Retrouvaille avec ce bel inconnu qu’on reste toujours pour soi, des vacances à mon propre rythme, avec toujours les mêmes passions sportives : rollers, marche, vélo, randonnée…

Aujourd’hui la Rhune, sommet mythique du pays Basque. Certes, son petit train déverse son flot de touristes, mais nous sommes encore quelques-uns à gravir à pied ce sommet. Le ciel est moins pur que ces derniers jours, des nuages jouent à cache-cache avec les crêtes, mais il fait bon, température idéale pour marcher. Réveil défaillant ou défaillance au réveil, affaires prêtes de la veille, vielle habitude de randonneur, et en route nos belles montagnes du pays Basque… Bon, vu que j’étais déjà en retard sur l’horaire fixée, je profite de traverser Bayonne, charmante ville au demeurant qui mérite qu’on s’y attarde un peu tout de même, je profite donc de passer par Bayonne pour me rendre au Décathlon d’Anglet. Oui, bon, c’est comme ça, je ne suis pas fou, mais la géographie locale est ainsi faite que Bayonne, Biarritz et Anglet se touchent, se croisent au hasard des ronds-points, au gré des routes, déroutant la moindre logique mais j’avoue avoir désormais mon décodeur en éveil et arriver à me reconnaître pas trop mal dans le secteur… Bon, en dernier recours, le GPS est là ! Donc, me voilà chez Décathlon, pour y résoudre un de ces soucis qui ponctuent notre quotidien de façon de plus en plus récurrente, à savoir la multitude de référence et de désignation pour un produit somme toute basique, comme si personne n’avait eu l’idée, je dirais même la bonne idée, de standardiser les pièces détachées de sorte à ne plus gérer qu’un minimum de produits et surtout d’en garantir la présence en rayon… La veille, j’étais venu chercher une patin de frein pour mes rollers, celui en place faisant valoir ces droits à la retraite, ou plutôt sa mise à la poubelle, et, au moment de monter le nouveau patin, et bien ne voilà t’il pas que ce n’était pas le bon modèle ? Et oui, chaque évolution dans la gamme des rollers de la marque bénéficie de ses propres modèles de freins…. Mais ou vont-ils chercher toute cette complication ? En tout cas, me voilà à Anglet, à chercher à remplacer mon patin de frein de roller, et, avec la chance qui sied toujours à ces cas là, et bien, le modèle dont je dispose, n’est pas en rayon, encore moins en stock…. Discussion fort sympathique avec une fort sympathique responsable de rayon, échange de numéro et me revoilà en route vers mon objectif premier de la journée, j’ai nommé la Rhune !








Quelques kilomètres plus loin, me voici à pied d’œuvre, enfin, à pied de sommet, en tout cas, au bas de la montagne. Parking presque désert, surtout pour qui connaît l’affluence des jours de week-ends ou de l’été, chaussures aux pieds, sac au dos, en route vers le sommet. Avec mon état de forme actuel, j’ai pu tenir un bon train de marche, et me voilà en tout juste une heure, au Col des 3 fontaines, largement en avance sur l’horaire. Le paysage reste à la fois classique et changeant, à chaque fois qu’on y randonne… Des chevaux perdus dans les fougères, des roches démesurées, un sentier de terre ocre ponctué de grés sombres tranchant dans le vert vif du décor, et soudain, ce bouquet d’arbres, mur végétal entre le col des 3 fontaines et le dernier ressaut de la montagne. Ces derniers mètres sont les plus durs pour atteindre ce sommet bien visible de par son antenne rouge et blanche fichée dans la roche, tant le sentier se démultiplie en autant de raccourcis faux amis, qui certes, s’élèvent plus rapidement, mais aux prix d’efforts tirant fortement dans les mollets. Les derniers pas longent la voie à crémaillère du petit train. Mélange d’odeur de graisse ferroviaire et de crottin des pottocks, ces petits chevaux basques, qui vient là toute l’année dans un état quasi sauvage…

Le sommet est enfin atteint, les ventas sont bien là, déversant leurs produits aux tarifs ibériques devant la cohorte des touristes. Et oui ! Nous sommes en Espagne ! Quelques photos souvenirs, regard circulaire sur les paysages offerts, entre océan et montagnes, de la baie de Saint Jean de Luz aux trois couronnes, c’est une autre dimension que prend la nature. Je me réfugie à l’écart, choisissant des rochers léchés par le soleil pour me poser et déjeuner de mon frugal repas, puis dans une envie irrésistible, tirer mon cahier du sac et noter ces quelques mots, ici, sans songer qu’il est vendredi et que dans ma ville là-bas, les gens s’agitent pour fuir leur labeur esclavagiste et préparer à qui mieux mieux le week-end.

Les nuages se précisent, le ciel s’assombrit un peu, je boucle donc mes dernières lettres, je referme mon sac et j’attaque la descente par le côté espagnol. Arrivé au point habituel de basculement vers la France, bien identifié par la borne frontière numéro 23, je regarde devant moi la petite Rhune, autre sommet, certes moins haut, mais bon, il est temps d’aller le gravir, après tout, la forme est là, profitons-en ! Personne ne m’attend, pas de compte à rendre, pas d’emploi du temps minuté à respecter, je suis dans mon élément, à évoluer à mon rythme, à pousser la machine jusqu’à la mettre dans le rouge, sentir s’emballer le sang jusque dans mes tympans, dépassement de soi comme la recherche d’une ultime limite. Et quand bien même j’atteindrai ce stade ultime ou la machine exploserait dans le dépassement de la zone rouge, je serais toujours dans mon élément, la nature, et il n’y aurait aucun regret à avoir, nous sommes tous programmés pour une fin, moi comme vous, alors, si ma fin devait arriver durant un de mes raids en solitaire, j’en serai plutôt ravi. Quoi de mieux que de vivre une passion jusqu’à son terme ? A quoi bon se lamenter, refuser cette évocation ? Poussières, nous sommes nés poussières et nous retournerons à la poussière…. Je préfère autrement le repos éternel des mes cendres à la belle étoile plutôt que le confort douillet d’une chambre de marbre fut-il de Carrare. Ni fleur, ni couronne, ni marbre, ni souvenir, simple mortel redevenu poussière par les charmes de l’incinérateur, ce sont là toutes mes dernières volontés. Mais bon, cela dit, rien ne presse ! Pour l’heure, je gravis un premier sommet qui sépare le bien nommé col de Zizkuitz de la petite Rhune, puis, me voilà à enchaîner avec la Petite Rhune au sommet surélevé d’une tour de pierre tenant plus des bâtisseurs que d’un simple cairn, puis redescente à travers les grandes dalles empilées aux aplombs parfois vertigineux, pour aller gravir un dernier sommet, joliment nommé Zubizia, ou il m’a tout de même fallu mettre les mains pour en escalader la dalle supérieure, d’ou j’ai pu jouir d’une vision magnifique sur les deux Rhunes et sur mon parcours du matin.




Redescente de mon perchoir, pour suivre des sentiers toujours aussi propres, signe de leur sur fréquentation estivale. Une tentative de raccourci soldée par un échec piquant, mais qui m’a permis de me trouver nez à naseaux avec une population chevaline entassée dans un repli de la montagne. Le temps de faire quelques photos, et me voilà revenu sur le GR10, puis la piste qui me ramène à ma voiture… Plaisir de trouver de l’eau gazeuse fraîche dans le coffre pour réhydrater mes muscles, quelques vêtements frais, et en voiture… Petite halte plaisir dans cette belle ville de Saint Jean de Luz, dont je ne me lasse jamais de parcourir les ruelles, visiter cette belle église témoin d’un mariage royal, puis une bon café servi sous les platanes de la place avant d’aller humer l’océan du haut de la digue. Qu’il est bon de profiter ainsi de la vie, de ces instants paisibles et plaisants dans ces lieux si dépaysant et si paisibles en cette arrière saison…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Joli récit d'une randonnée Basque comme tu dis, qu'il me tarde de faire en ta compagnie, et comme tu sais...

bisou
;)