Entre deux averses...

Entre deux averses, me voilà sur les routes quasi désertes de ce beau pays basque. Un tour à Biarritz, dans sa partie la plus belle, le vieux port, le rocher de la vierge, puis cap sur Saint Jean de Luz et sa magnifique baie, au pied de la Rhune. Mais justement, la Rhune n’était pas là, encore emmitouflée de nuages, le ciel se parant de teintes de gris, du plus clair au très sombre, en avance sur les couleurs de la mode de l’hiver prochain ! En attendant, ce ciel aux reflets menaçants variant les tonalités sombres, amplifie la blancheur des façades aux boiseries colorées dans les teintes d’ici, rouge, vert, plus rarement marron, et bleu, le joli bleu luzien.

Le temps d’une accalmie, je parcours la ville, ses rues commerçantes serrées autour de l’église qui mérite le déplacement, pour la beauté de ses intérieurs, ses rangées de balcons latéraux, tous de bois sculpté, ses peintures, ses dorures, ses ex-voto, église célèbre pour avoir accueilli le mariage de Louis XIV et de l’infante d’Espagne, la bien nommée Marie-Thérèse d’Autriche, scellant ainsi le traité des Pyrénées, définissant l’actuelle frontière entre nos deux pays, oubliant au passage un terroir qui se trouve depuis morceau d’Espagne enclavé en France : Llivia, plus particulièrement connu pour une de ses villes : Puigcerdá. Continuons la page historique, en précisant que c’est en redessinant cette frontière qu’un certain nombre de châteaux frontières est devenu caduc, des citadelles du vertige qui ont été construites sur les ruines de villages ou sites plus ou moins cathares, récupérant au 20e siècle, l’appellation impropre de châteaux cathares afin de promouvoir le tourisme régional… Ciel ! De Saint Jean de Luz me voilà parti sur Montségur, presque au pays natal… Serait-ce la fin des vacances ? Chaque chose en son temps, pour l’heure, je suis ici, à Saint Jean de Luz, dans ma situation préférée : Cahier, stylo, café en terrasse abritée de l’eau du ciel…. Clin d’œil à Pagnol, me voilà au Bar de la marine…

Petite pause dans la pause annuelle, étape avant de franchir la frontière et aller au paradis des contrebandiers modernes, les ventas espagnoles aux produits détaxés ou moins taxés qu’en France… C’est une très belle que Saint Jean de Luz, un cœur historique, des grandes maisons, une baie protégée, une exposition idéale, à deux pas des sommets, la seule difficulté réside dans la circulation durant l’été. Une maire ministre, fidèle à son terroir, des noms, des lieux, une population possédant la double culture Basque et Française, avec un influence Basque jusque dans la calligraphie des enseignes nationale ou même internationales. Port de pêche aussi, de grande importance pour la pêche au thon et à la sardine, autant de facettes, océan, montagne, ville, qui mérite qu’on s’y attarde, pour peu qu’on ait la chance de pouvoir y venir ainsi, en semaine, hors saison, lorsque la ville vit et respire à son propre rythme…. Ballets de nuages se déchirant sur les reliefs environnant, modulation de la pluie sur l’auvent du café, il ne fait pas frais, c’est plutôt une très belle arrière saison. Ciboure, Socoa, à peine séparées par le port, mêmes façades, même couleurs, même identité régionale, unité de couleur et d’architecture rendant plus agréable la vue, la visite, les visites, car ici, à chaque fois, c’est une nouvelle découverte.

Mort de mon stylo, des suites d’une agonie lente, éclaircissant les lettres, sautant des traits… Voilà, adieu mon fidèle stylo, je t’aimais bien. Compagnon d’écriture, de voyage, de vécus, tu en as bleui des pages de cahier depuis une certaine clinique en janvier… Place au successeur, sans larmes, sauf le ciel qui se lamente, mais là faudrait pas qu’il exagère autant, et nous laisse le temps d’arpenter le pavé !

La pluie est nécessaire à la verdeur des paysages, l’eau deviendra trop à d’endroit une denrée précieuse, surtout qu’au travers des colères actuelles des cours internationaux, les hommes vont peut-être enfin comprendre où sont leurs richesses. Panique boursière, banque en faillite, les journaux, la télé, n’arrêtent pas de nous montrer cela. Ou sont donc les anciens profits, les vignobles, les châteaux, les immeubles achetés du temps des bénéfices ? Le monde actuel ne repose sur rien, juste le cours enfiévré de valeurs virtuelles. Notre monde est virtuel. Il est temps de réaliser où est le réel, tant qu’il est encore temps. S’il est encore temps…. La folie des hommes, leur fanatisme devant le dieu argent, gangrènent même les cours d’école, bien des endroits d’ici sont démolis de leur habitat ancien pour y faire pousser des immeubles sans autres intérêts que le profit des loyers. Tout est payant, la place pour se garer, bientôt l’air qu’on respire, ou la pluie tombée, le profit et sa quête, voilà le leitmotiv de notre civilisation. Que serons-nous demain? Que ferons-nous lorsque nous n’aurons même plus les moyens de notre vie ? Où irons-nous ? Que laisserons-nous en héritage à nos enfants ?

L’explosion mondiale boursière actuelle est salutaire, du moins je l’espère. C’est là un signe fort de notre virtualité, de notre mode de vie à crédit, et de ses limites. Il n’y a pas si longtemps, c’était le cours du baril qui flambait et on nous prédisait un cours à 250 dollars ; Aujourd’hui, le cours du baril est retombé sous les 90 dollars.… Belle analyse ! J’y vois surtout un signe fort de la différence entre réalité et virtualité…. Saisissons notre chance avant qu’il ne soit trop tard, tant que nous en avons le pouvoir. L’heure est grave pour les financiers, inespérée pour nous…. Gardons confiance dans la vraie valeur, la seule qui ne soit pas cotée, la valeur humaine.

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