Sable, émoi

6 octobre. Lundi. Ciel pur, beau temps, chaud même, bel océan aux vagues bien formées, aux nuages d’écumes, croissant, décroissant, mourrant des gerbes de fleurs blanches, s’étalant sur le sable, enterrement de première classe pour la nouvelle vague… Vision triste et mélancolique ? Peut-être. A moins de voir, le flux et le reflux, comme un va et vient constant, puissant, venant glisser à chaque fois un peu plus loin sur le sable, l’humidifier dans un mugissement à peine étouffé, pénétrant plus loin la grève, l’éclaboussant d’un jaillissement d’écume d’un blanc éclatant, avant de se retirer et repartir dans les profondeurs. L’onde s’élève, gronde et retombe.


Simple moment et moment simple de la vie. S’asseoir sur le sable, regarder l’océan en sentant sa peau chauffer au soleil, le sable glisser entre les orteils et filant entre les doigts… Qui suis-je ? Qu’ai-je fait de ma vie ? Que vais-je faire de ma vie ? Qu’est ce qui est important pour moi ? Que deviendra ma vie si je reste sur les mêmes rails ? Questions anodines, questions simples, qui permettent de faire le bilan de ma vie, la projection dans demain, ce demain à demain, à 5 ans, à 7 ans, à plus… Amusez-vous à poser ces quelques questions et je suis sûr que vous aurez une autre vision de vous et de votre vie. Même lorsque tout semble rouler tout seul, lorsque tout semble au top, la vie semble enclenchée sur de bons rails, mais où mènent ces rails ? Vers une voie de garage ? Un terminus ? Une grande ligne ? Sommes-nous en harmonie avec nos ambitions ?

Etre à la hauteur, ça, c’est autre chose, et l’expérience montre qu’on est toujours à la hauteur, en avoir une vision différente n’est liée qu’aux miroirs déformants de nos vies. Quelles sont nos ambitions ? Quels sont nos projets de vie ? Sans détermination d’objectif, il n’y a pas de chemin vers un but précis. Comme sur une randonnée, il y a toujours un point de départ, des points de passages obligés avant d’atteindre le poteau d’arrivée. Construire son parcours de randonnée, nécessite de se poser, de prendre le temps d’analyser quels sont les bons points de passage, les temps de passage pour atteindre l’objectif. Rien ne sert de courir, d’improviser le parcours, les points de passages restent nécessaires pour atteindre le but, en prenant la bonne trajectoire.

Je suis là face à l’océan, je regarde sa force inlassable qui vient peu à peu envahir la plage, remettre à plat les choses, effondrer les châteaux de sable, aplanir le rivage, dans ses mouvements cycliques et sans cesse renouvelés. Drôle de gomme qui efface inlassablement l’ardoise de sable, efface les pas sur la plage, reblanchit la page, l’offrant ainsi à l’écriture de nouvelles histoires. Pourtant, c’est pas du sable neuf, ce n’est pas une nouvelle plage qui sert de nouvelle page. On écrit sa vie sur les reliefs aplanis de ses vies passées, on efface, on comble les vides, et on réécrit par-dessus. Superposition de couches dont on ne se débarrasse jamais tout à fait, chacune ébranle puis renforce pour mieux accueillir la suivante. Question de temps, question d’envie. En fonction du temps d’exposition, de la profondeur de gravure, plus ou moins de temps est nécessaire pour effacer les pas qui se sont désunis lorsque la vague a menacé, effaçant aussi, le chemin parcouru. Nivellement de creux, anti-ride actif, et voilà la peau tendue prête à être tannée, à recevoir, fragile parchemin, de nouvelles pages de la vie. Quelques semaines d’exposition solaire et océanique ont raffermi les pigments, ravivez l’épiderme jusqu’au cœur de la dernière des cellules.

Prêt pour un nouveau départ ? Pas tout à fait, il faut laisser sécher avant usage, mais le moral est à bloc, sans rancœur, sans esprit de revanche, sans besoin de prouver quoi que ce soit à qui que soit. Un esprit neuf, dans un corps remis à neuf, ça fait presque un nouvel homme, en tout cas, un homme prêt pour un nouveau départ.

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