Baisers salés

Baisers salés du bord de l’océan. Soleil et vagues à la météo, vague à l’âme, pas encore soleil au cœur… Vacances d’un être vaquant en vacance, moment de répit et de repos au bord de l’océan, une plage sauvage que je ne connaissais pas encore, où j’ai arrêté mes pas après avoir bien pédalé, roulé sur des pistes quasiment désertes, les oreilles bercées par le mp3, aux accents textuels connus et reconnus, conséquence d’écoutes empilées, et pourtant, les textes de Grand Corps Malade, de Renan Luce, de Benabar ou même d’Olivia Ruiz, accrochent des images de ma mémoire. Des images belles ou moins belles, des tranches de vies et d’envies, des souvenirs qui se rangent dans les albums de la mémoire, vident l’étagère du quotidien pour mieux laisser la place au futur. Etrange ronde du temps, le passé résonnent au présent, le présent s’enfuit dans le passé laissant place au futur qu’on voudrait déjà présent. Dans chaque histoire, il y a du bon et du moins bon, du très bon, du nettement moins bon, on sait ouvrir le livre, on ne sait jamais le refermer avec l’élégance qui y sied. Il n’y a pas de gagnant, il y a deux perdants, quoi qu’on en dise, quoi qu’on en pense.

Voici venu le temps de l’introspection, ici sur mes terres océanes, dans ces lieux où j’ai connu mes premières vagues, après ce si beau week-end, magnifique, splendide, ressourçant, dans ses montagnes qui ont connu mes premiers pas. Etrange coïncidence du calendrier, mes lieux d’enfance, mes lieux de ressource se retrouvent ainsi à se succéder pour mieux reconstruire l’homme que je suis, après avoir éduqué l’enfant que j’étais. Assis sur la dune, aux senteurs d’iodes et où la végétation rajoute une note de miel et de safran, devant cette étendue verte et blanche d’écume, paysage quasi-désert aux alentours, quelques chalutiers traquent l’un derrière l’autre les bancs de poissons, soleil et ciel bleu, au loin la Rhune et les trois couronnes semblent me tendre leur invitation à aller les gravir. Ça se fera, bien sûr ! Fidèles compagnons, mon cahier et mon stylo, histoire de noter quelques mots, quelques lignes, fidèle à ma thérapie, écrire, vider sa tête, laisser l’âme divaguer aux rythmes des vagues, laisser le soleil pénétrer le corps et le cœur. Etre, tout simplement.

De l’endroit où je suis, que dire ? Imaginez la côte, aux belles maisons bien alignées, bien colorées, serrées derrière la digue protectrice, respirant les embruns derrière les volets aux couleurs rouge sang de bœuf ou encore vert profond, ou marron profond ou plus encore ici, bleu océan… Vous imaginez ces ruelles étroites ? Ces boutiques alignées ? Cette foule pressée sur ces trottoirs tandis que d’autres flânent en terrasse des cafés ? Vous sentez ces parfums ? Ces odeurs de viennoiseries ? Ces effluves de belles élégantes ? Fermez les yeux, laissez aller votre imagination et vous voilà dans Saint Jean de Luz…pas moi….

Moi, c’est plutôt un paysage de landes, dunes de sable, un peu grossier, où la végétation tisse sa toile de racine, emprisonnant le sable, limitant l’érosion, accrochant les grains volants, se contentant de peu pour vivre, résistant aux embruns salés. Des odeurs salées, épicées, changeante à chaque pas, une brise océane qui mélange tout cela… Au loin, la brume estompe les contours des Pyrénées, enveloppe les cités, faisant de cet endroit un endroit encore plus secret et hors du temps. Oh ! L’espèce humaine n’est pas loin, à en croire les bouts de plastiques, les bidons rouillés, traces de son passage sur cette terre. Avantage de notre époque, nous ne sommes pas obligés de creuser pour trouver des fossiles et de les étudier pour en déduire le mode de vie de nos contemporains comme nous le faisons pour nos aïeux… Ici et là, des bouts de bois flottés, échoués au gré des vagues, au gré des marées. L’océan joueur projette ses rouleaux d’écume avec la même force, dans le même grondement, et j’en respire les saveurs.





Chaque vague m’apporte son énergie et emporte un peu plus de la langueur de mon âme. Itinéraire anodin d’un anonyme, itinérance à l’écart du monde, en bordure du monde, ressourcement nécessaire après une année au parcours aléatoire, varié, haut en couleur et en douleur. Clôture de l’épisode. Phase personnelle et très égoïste, nécessité nécessaire pour une renaissance, bien aidé par mes lieux chéris. Même en étant à l’écart du monde, je sais qu’il est un peu partout de belles âmes, des pensées qui voyagent jusqu’ici, pour chercher ce martien à la dérive sur les rives de l’océan, pour réconforter d’une télépathique pensée, l’être perdu que je suis. A toutes et à tous, je vous envoi la force de l’océan, la chaleur du soleil, la puissance des embruns pour vous régénérer dans votre quotidien.

A toutes et à tous, je vous dis à bientôt, enfin, d’ici quelques temps, lorsque j’aurai migré de mon costume de grisaille qui ne me va pas du tout, c’est clair. Rassurez-vous, je ne veux pas de costume noir, encore moins de costume de sapin. La vie est un bien précieux, et ce n’est pas parce qu’à un moment elle est écorchée qu’il faut aussitôt s’en débarrasser, bien au contraire !

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