Le vol du coucou

Dernier week-end de septembre, sous le soleil et même avec la chaleur puisque le vent frais de ces derniers jours s’est posé, ou est même parti en week-end lui-même, ailleurs, laissant le soleil chauffer ma peau de lézard. Je lézarde donc, assis au bord de l’eau, profitant de ce doux rayonnement, clôturant ma première semaine de vacances, toujours avec cette belle lumière qui me convient si bien. Entre marche et vélo, randonnées et promenade, je profite du temps et du temps, loin de mes bases, loin de la foule, quoique ce week-end la foule soit de retour sur mes terres landaises…

Samedi, jour de marché, ambiance colorée et aromatisée de toutes ces saveurs culinaires, maraîchères, fromagères, poissonnières, ponctuées d’herbes et d’épices, dans une agitation plutôt bonne enfant, comme si le marché retrouvait peu à peu sa dimension habituelle, loin de la folie estivale. J’adore cette ambiance de marché, ces étals colorés où tout est tentant, appétissant, tout fait envie. De quoi se concocter un menu terroir pour ce midi, premier jour ou par abandon du vent frais, je vais pouvoir déjeuner en terrasse… Repas de la mer donc ce midi, de belles et bonnes huîtres, une succulente paella richement garnie, un petit dessert et me voilà prêt à dérouler au mieux cette magnifique journée. Discussion avec un ami de randonnée, puis vélo au bord de l’eau, avant de songer à cet endroit, cette passerelle sur l’eau d’où je contemple les marées influant le mouvement du cours d’eau, donnant l’illusion d’être sur le pont d’un bateau naviguant sur les flots, ohé, ohé, matelots ! Le camping est tout proche, juste séparé d’un grillage, de nouveaux arrivants plantent leurs tentes pour la nuit ou plus, d’autres vaquent au rangement du mobilhome, préparant le stockage, d’autres profitent de la douceur du soir pour goûter aux joies de la promenade. Esprit vacance, esprit détente.

Comme cette arrière saison sait apporter ses bienfaits, chauffer nos vieilles peaux et essayer de faire oublier un été catastrophique. Ombre et lumière, belle lumière, douce chaleur, bonne chaleur. Qu’il est bon d’en profiter, là, tout de suite, sans rien demander ni envier à personne, profiter du temps qui passe, non pas dans une phase végétative, non, simplement dans un rythme solaire, vivre au rythme des planètes, au gré de la lumière du jour, être solaire rechargeant ses accus au doux rayonnement, retrouver le rythme de nos anciens, de ce temps d’avant, d’avant les artifices que nous usons et abusons de nos jours, d’avant les artificielles lumières, du temps de tout ce qui n’est plus que notre virtualité quotidienne. Paradis artificiels auxquels nous sommes abonnés, tout au long de notre vie, du matin ou nous nous levons au soleil des ampoules électriques, vitamines en cocktail chimique pour tenir le coup, activité virtuelle, gestion d’événements non maîtrisés, dans des entreprises n’évoluant plus qu’au cours d’une action dépendante non plus des valeurs des produits ou des hommes, mais d’on ne sait quel cyclone politico financier, repas micro ondesques avalé dans la pseudo convivialité d’un self anonyme, retour dans le doux foyer aux traites encore impayées, là encore, propriété virtuelle, pour se retrouver dans la convivialité du jeu télévisé, soirée petit écran avant d’aller chercher le sommeil artificiel dans ces jolis comprimés pour attaquer un nouveau cycle dès le lendemain matin, cycle antinaturel par excellence.

C’est bien de cela que j’ai décroché, vivant au rythme du soleil, de mes envies… Egoïste, moi? Peut-être bien, oui, et pour la première fois en 10 ans… S’occuper de soi, se réapproprier son moi, son vrai moi, c’est la base pour redémarrer. Etre soi, et non un acteur, enfin si, être l’acteur de sa vie, l’acteur et le metteur en scène, le réalisateur, de toute façon nous en sommes déjà les producteurs ! Vivre à plusieurs, ce n’est pas imposer son choix, c’est accepter d’en discuter et de choisir ensemble. Regarder ensemble dans la même direction, gestion mutuelle des actifs comme des passifs, avancer ensemble, ni seul, ni grâce à l’autre, non, avancer, échelon après échelon, poussant et tirant l’autre, en étant poussé et tiré à son tour, les difficultés de la vie se franchissent à deux, sans y être contraint ou forcé, non, tous les deux dans l’action. La passivité est comme l’égoïsme, la gangrène du couple… La nature est riche d’exemples à ne pas reproduire, sans mauvais jeu de mots… Veuves noires, mantes religieuses et autres coucous sont des parfaits exemples de ce qui ne conduit qu’à des vies de solitaire. Il est de meilleur choix dans la vie, quitte à choisir la solitude, autant s’inspirer du Bernard l’ermite, au moins cette solitude là ne bouffe pas la vie des autres !

J’aime bien les coucous, enfin, surtout ceux à fleurs jaune pale, ou bien encore ceux qui viennent égrener le temps qui passe en sortant de leur chalet de bois accroché au mur de la cuisine… Quant à l’espèce à plume qui vient poser ses œufs dans le nid des autres en virant ceux du propriétaire, là je dois avouer ne pas vraiment y goûter et encore moins en apprécier le geste… Evidement, tant qu’il s’agit du nid des autres, pas de problème, mais avouez tout de même que c’est là la stratégie de l’exil, la non construction de sa vie. Même si le proverbe dit qu’on ne doit pas mettre tous ces œufs dans le même panier, il n’est pas dit qu’il faut jeter les œufs des autres pour ne garder que les siens ! 1 + 1 = d’œufs ! Oui, je sais, elle est facile, désolé, ce n’est qu’un retour d’humour… D’ailleurs, en parlant d’œufs, je m’en vais préparer l’omelette pour ce soir…

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