Gourmandises

Il est des gourmandises qui savent vous mettre l’eau à la bouche rien qu’à leur couleurs, leurs volumes, leurs courbes un rien féminines, c’est un régal de la palette, une peinture de goût, une percussion d’émotions, un tout premier plaisir. Faut-il aller plus loin et vraiment croquer dedans ? Le plaisir est-il dans l’attente ou dans l’atteinte ? Eternel débat…

Certains textes expriment ce doux frisson,  on les lit délicatement, on les savoure lentement, presque mot à mot, on ne se presse pas d’en finir, la dernière bouchée n’est point pressée, elle se déguste, s’allonge en bouche et redonne ce petit plus qui s’en vient clore par un bouquet final le ravissement mais c’est en pâtisserie que l’on devient esclave de nos sens :

Croquer un baba sans être baba, quel intérêt ?

Comment pourrait-on dire de manière fort élégante « qu’on s’est tapé une religieuse plutôt grosse et terriblement onctueuse » au point de conclure puis de dire « mon dieu, qu’elle était bonne ! » ?

Déguster un Paris-Brest confortablement attablé sans se soucier du paysage….

Que serait un opéra en deux temps trop mouvement apprécié sans qu’il en fut trop long ?

Que dire d’un éclair sous un ciel sans orage ?

Ne pas honorer un saint Honoré serait une hérésie...

Savourer un savarin tombe sous le sens

Passer à côté d’une tarte aux pommes serait plutôt tarte

Croquer une croustillante croustade est exquis

Se baigner puis croquer un beignet sur la plage

Piquer un far, rester sur le flan, se perdre en forêt noire, guetter les fraisiers et autres framboisiers…

Certes, certaines pâtisseries ont des noms moins appétissant que leurs textures et saveurs, citons par exemple les financiers, les divorcés, les jésuites, les gâches, les glands, les gaufres et autres mendiants….

Mais le meilleur pour la fin et bien sûr pour la faim, 

surtout lorsqu’on aime écrire reste le mille feuilles, j’avoue !