Ami, tiens bon la barre!

Amis, être amis, c’est quoi, c’est qui, c’est quand ?

L’amitié est une blessure qui se soigne par ses deux composants, s’il l’un deux vient à manquer, elle meurt, tout simplement.

De nos jours hélas, ce terme est bien trop galvaudé, on meurt bien trop souvent à contre-sens, sans vraiment comprendre, peut-être parce que l’amitié et une forme d’amour, peut-être bien parce que l’amour est aveugle, qu’on ne voit rien, qu’on ne voit pas ce manque d’entretien, ces relations à sens unique, ces besoins exprimés, quémandés que l’on prend pour de la relation, puis un jour, patatras ! Manque d’air, baisse de forme, moment de lucidité, la vérité éclate sur la relation, des deux liens tressés, il n’y a n’en qu’un, le sien, ce lien serré autour de son poignet, ce lien auquel on s’accroche, et qu’en désespoir de sa désillusion on arrache du poignet, on le laisse glisser à terre et on le regarde partir attaché au bateau ivre d’une relation à la dérive et ça fait mal. Ça fait mal parce qu’à travers ce lien qui part c’est aussi notre manque de lucidité qui part, il n’est jamais bon de comprendre que l’on s’est trompé, que l’on a entretenu une relation parasite, on a nourri sans faim un autre qui n’a pris que ce qu’il avait d’enrichissant pour lui. Triste mais terriblement humain. Ce n’est pas tant d’aider, d’épauler, d’avoir été là, tout cela est une question de nature, et on ne se refait pas. Non, c’est surtout d’avoir cru dans cette forme de mensonge que sont bon nombres de relations surtout lorsqu’on est qu’un amateur. Un professionnel de l’aide, de l’écoute doit apprendre à ne pas tisser ces liens fatidiques, à ne rester que factuel et non entrer dans l’émotionnel. On apprend à tout âge.


Ces bateaux à la dérive, reviendront tôt ou tard s’échouer sur la plage, que ce soit notre plage ou bien d’autres plages, peut-être bien que leur lien sera à nouveau pris par la main d’un enfant candide, et peut-être bien qu’ils revivront les mêmes scénarii. Peut-être bien aussi que notre conscience nous fera hésiter avant de tisser des liens avec d’autres liens, voire même fuir ces liens à disposition sur la grève. Les blessures de l’amour, fussent-elles amitiés restent des blessures sans cicatrices véritables et qui geignent aux premiers froids. Elles ne sont pas des manques mais des marques, et ces endroits où le cœur est rompu, il n’y a plus la place, l’accroche, le terreau pour y semer des graines nouvelles, ni même anciennes. Triste. Tout dépend de la place intacte qu’il reste sur le cœur, tout dépend de la profondeur des entailles, le temps peut aider à condition qu’on l’aide. Il n’y a pas de formules magiques, il y a la vie, les vécus, le respect des vécus. On ne peut juger des vécus des autres même lorsqu’on croit comprendre, connaitre, avoir vécu pareille chose, on ne peut qu’écouter, trouver le terrain commun où semer ensemble les lendemains. On ne peut que souhaiter de jolis voyages à ces bateaux à la dérive de notre océan, nous n’en sommes pas les capitaines, nous n’en gonflons pas les voiles, nous n’en tenons pas la barre. Chaque voile blanche qui disparait à l’horizon serre le cœur d’être resté sur le quai, mais elle doit ragaillardir d’espoir le voyageur immobile qui la regarde disparaitre à l’horizon. La terre est ronde, le monde tourne et nos roues tournent aussi, rien ne dit qu’elles se croisent à nouveau un jour, rien ne dit le contraire non plus. Il faut vivre dans l’espérance et non espérer vivre d’autres instants, vivre sans attendre et sans attentes, il suffit de vivre, tout simplement.




Qu’elle que soit la température du sable sous nos pieds, qu’elles que soient nos envies d’attraper ces cordes offertes à nos regards, nous vivons en capitaine de nos vie, nous tenons notre barre et connaissons l’état de notre vaisseau jusqu’à cœur, il ne peut y avoir d’autre méthode ni d’autre façon de vivre que celle que l’on choisit.     

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