Octobre

Octobre. Octo ? Le huitième mois ? Quels sont ces mois mal ordonnés ? Septembre, octobre, novembre, décembre…sept, huit, neuf et dix… Bizarre ! Enfin ? pas tant que ça, ce sont là des vestiges romains, mois gardés dans la refonte du calendrier de cher pape Grégoire comme on rebâtit une maison en réutilisant les pierres de la précédente.

Octobre donc. Nous y voilà ! Le mois type de l’automne aux chaudes couleurs, aux premiers frimas et…au changement d’heure ! Et oui, passage à l’heure d’hiver pour la fin du mois. Revoilà la période que je n’aime pas, la nuit en sortant du boulot, l’impression d’habiter une maison pour rien, tant on profite peu de l’extérieur, ces jours qui deviennent très court, le temps pas toujours sympathique… Mais bon ! ça c’est pour novembre en fait, puisque octobre, bien malin, ne modifie l’horloge qu’à sa fin ! A lui les belles journées, la douce lumière aux reflets irisés, a lui l’été indien, les plaisirs du palais, cèpes et vin, bon, ceux qui me connaissent, connaissent mes goûts, et savent que pour moi, les cèpes n’ont rien de bon, mais bon… Quand au vin, là, c’est autre chose ! Sans avoir le palais fin ou précieux, j’aime à goûter sans abuser, de ce travail des hommes, des résultats de la terre pour un plaisir divin ! Consommateur lambda, je ne choisi pas sur étiquettes, et j’aime à apprécier les produits du terroir, découvrir et redécouvrir nos vignobles locaux peut-être moins connus mais souvent gage de qualité. Et puis, visiter ces pays de vignes en ce doux mois d’octobre, c’est aussi profiter des couleurs de la vignes, chaque cépage prend sa teinte d’automne à des dates différentes. Ainsi, le paysage vert est progressivement et sans cesse renouvelé. Reflets dorés, rouges, cuivrés, marron, autant de tâches de couleur permettant de situer les parcelles, ici les syrah, là les grenaches, muscats, sauvignons ou autres espèces.

Marcher dans les vignes, traverser les paysages, vagabonder dans l’Alaric ou les hautes corbières, respirer cet air tantôt chaud, tantôt rafraîchi par les neiges pyrénéennes, s’élever dans le paysage, embrasser le décor du regard, se régénérer aux sources de la vies, contempler ces vignes aujourd’hui désertes après l’euphorie des vendanges, grappiller ces derniers grains ridés ou le nectar est concentré, regarder la faune reprendre ses quartiers, observer les traces des sangliers… Tels sont les sources de la vie, la remise en harmonie de nos corps fatigués, l’osmose avec la mère nourricière. D’y avoir goûté, j’en ai besoin, c’est certain. Tout comme de l’océan et des ses embruns, des plages enfin désertées, des souffles du vent sur mon visage, des odeurs iodés et salés comme des odeurs de térébenthine soufflée par les pins.

Océan, montagne, mer, corbières, vignes, Alaric, Lauragais et même toi mon vieux canal aux platanes centenaires, voilà mes endroits de cœur, mes endroits de vie. J’aime cette image du canal désormais immobile. Bientôt les feuilles quitteront le platane familial pour s’en aller couvrir l’onde tranquille au point qu’on croirait une allée en sous bois. Moins de vélo, de roller, de marcheurs, moins d’agitation… Seul un rayon de soleil te reveille de ta torpeur et envoie une foule emmitouflée te visiter pour une promenade digestive, suite d’un repas familial.


Ma montagne, ou plutôt mon piémont devrais-je dire, tes courbes douces et sensuelles, tes paysages ouverts, tes odeurs familières différentes en chaque saison, tes couleurs variées et changeantes sont toujours pour moi des attraits. Voici le temps venu d’entendre bramer le cerf, de marcher sur les feuilles craquantes, de découvrir les bosses que forment la tête des bolets. Plaisir de la marche, du vélo, rien de sportif là encore, juste profiter du rythme lent et tranquille, de cette énergie reconstructrice pour s’irradier de bien être. Bientôt les châtaignes chanteront sur la flamme avant de s’étouffer dans le journal et de régaler les papilles, noircissant nos doigts. Trésor d’automne, sachons comme tout en profiter sans en abuser, car, si la nature est généreuse, c’est pour tous ses enfants, nous ne sommes pas fils unique ! Alors, cessons d’être égoïste et de vouloir tout emporter, et surtout, sachons effacer toutes traces de notre passage, la nature est discrète, respectons là !

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