Inné et acquis

L’Homme est un bien curieux animal capable de bien des choses, bonnes ou mauvaises c’est selon son humeur mais aussi selon l’interprétation qui en est faite. Là est le paradoxe et la difficulté : On fait une action mais on ne sait jamais comment elle sera perçue, reçue, analysée, décortiquée car au subtil exercice du ressenti, beaucoup d’autres facteurs interviennent. Je ne parle pas là de ces préposés aux postes, dont on parle parfois en tant que facteurs génétiques tant ils sembleraient œuvrer pour la démographie nationale si l’on en croit les histoires croustillantes à leurs sujets, non je parle de tous ces facteurs humains, attention, ne me faite pas dire ce que je n’ai pas dit ! Les préposés aux postes sont aussi des humains et peuvent même parfois être humains, enfin, sauf celui qui égare mes colis…

Donc, nous voilà en présence de facteurs humains. Quels sont-ils ? Souvenez-vous de vos devoirs de classe, non pas cette classe galopante, marchant au pas, que certains hommes ont connu sous la bannière tricolore, non pas elle, la classe aux pupitres alignées, au poêle fumant et odorant sous les jets de bout de gommes, cette classe qui déjà nous dressait pour faire de nous, petits écoliers malléables, les hommes d’un demain qui est déjà hier si nous revenons à aujourd’hui. Cette classe et ses devoirs, ces devoirs à faire sur la table familiale, le soir, dans la cuisine envahie par les effluves gourmands de la soupe, ces devoirs essayant de nous inculquer l’alchimie étrange de la nature humaine, l’empilage de toutes ces choses qui forment notre caractère et notre pensée, j’ai nommé l’inné et l’acquis. Là, les deux mots sont lancés, les faux amis de notre comportement, les raisons qui font que nous sommes ainsi. Que le brave Freud et ses condisciples se rassurent, je ne vais pas leurs voler la vedette et encore moins prétendre à une chaire.

L’inné, donc, ce que nous avons en nous, à la naissance. Facile. Rapide. Efficace. Magie de la vie, nous voilà paré dès le début de l’aventure de tous ces outils merveilleux qui nous font ainsi. Bien sûr, il arrive aussi que trop pressé, nous ne passions pas devant le bon magasin, ou qu’encore nous oublions de prendre quelques outils en chemin ! Rassurez-vous, il y a le magasin de l’acquis sur votre route. L’inné nous gratifie donc de dons et d’apparence. Parmi les dons les plus rares, bien sûr figure le don d’être gaucher ! Que voulez-vous, ça, je ne pouvais pas m’en empêcher et donc vous, y couper ! Les dons et l’apparence ou l’apparence d’avoir des dons ?

L’acquis ce sont donc tous les magasins de notre longue route. N’oublions pas qu’on en apprend tous les jours et que bien mal acquis ne profite jamais. Trêve de plaisanterie, enfin pas de trop, puisque le rire est le propre de l’homme, et qu’il est important de rire surtout de nos jours… D’ailleurs le rire est-il un acquis ou inné ? Vaste débat, comme toujours, philosophique ou scientifique c’est selon. Mais revenons à nos acquis ? Comment acquiert-on ces acquis-là ? Qui est-ce qui acquiert et commet ? Qui sait ? Serions-nous des éponges perméables au savoir, par moment, trop engorgées au point d’en refouler une partie, d’autres fois trop sèches pour en absorber directement les premiers savoirs indispensables à la digestion et la compréhension des suivants ? Le savoir est comme un mur de brique ou chaque brique représente un savoir, une connaissance ? Sans fondation, le mur est instable et peut vaciller à tout moment. Sans savoir initial, sans intégration de ce savoir élémentaire nous sommes en difficulté dans l’acquisition des connaissances successives…

C’est bien là la base de notre éducation, la fragilité de notre monde, l’essentialité de nos vies : l’éducation nationale de nos jeunes enfants. Donnons leurs les moyens de réussir leurs vies, mettons les en situations d’apprendre et apprendre encore, inculquons leur cette soif d’apprendre et ce désir d’apprendre. Qui que nous soyons dans l’univers, nous sommes toujours soumis aux même règles. Un arbre, une plante, un animal, un humain, tous ces êtres vivants sont modelés dès leurs jeunes années. On ne redresse pas un arbre tordu, on fixe un tuteur à une jeune plantation pour qu’elle pousse droit. Soyons les tuteurs de nos enfants, sachons les aider à grandir vers le soleil. Ce soleil aux longs rayons. Ce rayonnement culturel indispensable à notre civilisation, amorce de discussion, de communication et d’échanges, car là est la clé de notre monde.

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