Etre à la hauteur

Un peu de vague à l’âme, une fois n’est pas de coutume. Vieux démons ressurgissant d’un passé pas si passé ou simple brume d’un cerveau sursaturé par des formations déformantes ? Je ne saurais dire, toujours est-il que me voilà bien sombre, sentiment d’usure, sentiment de retour à une vie que je pensais avoir quitté… Là, me voilà las… Mon blog est resté orphelin ces derniers jours, pas de texte, grève de l’écriture ? Non, simple manque de temps et d’envie, fatigue du soir, le cerveau vidé par des journées entières de formations dignes de politicien, l’art de prêcher le noir et le blanc avec la même facilité, l’art de ne plus être soi-même. Tout cela après une semaine de vacances, une semaine merveilleuse à vivre les joies simples de la vie familiale.

Retour à la réalité. Retour à cette vie trépidante et usante. Maison vide, trop vide, volume non approprié aux fonctions vitales de l’homme seul du vingt et unième siècle : un pc, un tabouret, un lit et quelques commodités suffiraient… Retour sur une vie trop collée à ma peau. Trop d’instants de solitude bien réels, entrecoupés d’éclairs virtuels. Une vie parsemée d’histoires en pointillées, des vies à attendre, à rêver… Trop peut-être. Des histoires qui se sont suivies, des histoires suivies, à distance, en pointillés, court puis de plus en plus étirés jusqu’à atteindre la limite et rompre… Histoires trop similaires aux prénoms changeant… Ne comptez pas sur moi pour en faire l’inventaire, d’ailleurs à quoi cela servirait-il ? A remplir d’aise une curiosité mal fondée ? A publier une liste, inventaire à la Prévert de charmants prénoms encore bien présent dans ma mémoire défaillante ? L’histoire se répète, obsédant défilé du temps, comme une plaie incapable de se cicatriser définitivement. Impression aussi et encore de n’être pas l’homme de la situation, sentiment de défaillance, sentiment d’usure.


Etre à la hauteur. Voilà bien une terrible expression. Conséquence de notre éducation, de l’inculcation de ces modèles, de cette course à la performance. Etre le premier, arriver au sommet, prendre de la hauteur sur l’événement, devenir haut placé… Notre vie, notre histoire, notre culture est peuplée de ces exemples, des ces formules, de ces proverbes agissant sur notre mental dans un travail de sape, poussant le plus jeune enfant à se battre pour sa supériorité. « L’essentiel est de participer » disait Coubertin. Que notre monde a bien changé, sa devise actuelle serait plutôt « l’essentiel est d’être premier ». Nous n’arrivons même plus à bâtir des relations d’égal à égal, nous nous engluons dans nos modèles supérieurs et inférieurs. Drôle de monde. Difficile de s’y situer, de se positionner…à la bonne hauteur ! Je ne sais si c’est cette grisaille ambiante, ces journées courtes, ces routes saturées matins et soirs qui me donnent ce spleen, toujours est-il que là est bien mon état… Vivement le week-end !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Coucou, Très beau texte, comme d'habitude...
Etre à la hauteur, tu l'es... j'en suis sûre, mais ce qu 'il faut savoir c'est s'y maintenir et y rester, c'est cela le plus dur...
bisous à toi de Vinie

Didier a dit…

Voila bien matière à débattre...