Philosophie

Qui peut dire ? Qui sait dire ? Comment dire ? Pourquoi ?
Bon, voilà, le sujet est lancé, vous avez une heure trente pour plancher et ensuite je relève les copies. Combien de sujet aussi vide, aussi imprécis à disserter ? Dans quel but ? Comment peut-on évaluer la copie ? Sur quelle base ? Le raisonnement ? L’argumentation ? Certes. Mais combien de correcteurs deviennent censeurs sans faire abstraction de leurs propres idées ? Trop certainement. Ma scolarité, relativement honnête cela dit, m’a fait connaître de ces spécimens de professeurs qui ne savent pas déconnecter de leurs idées lors de la correction de nos dissertations adolescentes. Combien de notes annotées d’annotations trahissant de personnelles idées ?
Combien de copies à noter seront censurées par défaut d’autocensure ?

Certes, je reconnais qu’il n’est pas toujours facile de rester neutre et sans partie pris mais c’est là qu’est le professionnalisme. C’est exactement la même chose pour toutes autres activités sportives ou autres, évaluées par un ou plusieurs juges. Dès lors, ce ne sont plus les idées qui sont jugées et notées mais le style, la présentation, l’allure et cela parfois hélas, sans la neutralité nécessaire. Dès lors, combien de résultats faussés, combien de carrières galvaudées, combien de désillusions et d’incompréhensions pour ce qui n’est au départ qu’une faute professionnelle, somme toute. Difficulté de l’exercice pour des disciplines déjà peu concrètes et qui finissent par être rebutantes si en plus ce sont les idées, ou plutôt leurs non-conformités avec le corps enseignant qui sont jaugées. Matière non matérialisable, plutôt enseignement ou découverte de la culture, de l’art d’interpréter, de l’art d’être, exercice rhétorique, apprendre à construire, à se construire au travers de sujet qui du coup ne deviennent plus la clé de voûte de l’exercice, mais simplement le grain de sable noyé dans la fondation.

Malgré ma formation technique des plus techniques de par mon cheminement scolaire, la philosophie telle qu’elle m’a été professorée, a su éveiller la curiosité des citations, des auteurs au travers des âges, de la mécanique de la discussion et de l’argumentation. J’avoue que, comme beaucoup, j’ai considéré cela comme une perte de temps, une masturbation intellectuelle et bien sûr une discipline parfaitement inutile. Pourtant, quelques années plus tard, j’avoue retrouver le plaisir des citations, le plaisir de la discussion dans son sens premier. Certes, je ne suis pas expert dans cet exercice là, mais bon, on peut toujours essayer, non ? La philosophie ou les philosophies ? Car à chacun sa philosophie ! Et puis même, je dirais, à chaque instant sa philosophie. Nous ne pouvons pas avoir la même vision suivant les événements de notre vie, du moins, dans mon cas, je reconnais être à philosophie variable…

L’essentiel, c’est bel et bien de débattre, d’argumenter, de structurer, de référencer, de s’inscrire dans une culture générale et en tout premier lieu, de s’exprimer. Quel que soit le sujet, en discuter, en s’appropriant le thème, en se livrant dans le débat, c’est là le fin mot, ou le mot fin qui s’inscrit après la structuration des idées et leurs argumentaires. Peu importe sa position par rapport au sujet, c’est de savoir en débattre qui est important. La philosophie, sous ce mot trop précieux n’est pas si compliquée que cela. Et puis, en la démocratisant, en la sortant des salons trop bourgeois des philosophes coincés et moralisateurs, elle deviendrait un fabuleux moteur d’échanges et d’expression.

Aucun commentaire: