La stratégie de l'escargot

L’escargot c’est animal ô combien fascinant, inspirateur de bien de modes et de recettes, a développé au cours de sa lente évolution, oui, l’escargot va lentement, le saviez-vous ? L’escargot, disais-je, dans sa très lente évolution a développé des techniques de communication fort intéressantes. Ainsi, dès qu’il se sent traqué ou perdu, il ne cherche point son salut dans la fuite, non, ça, il y a tant de ses ancêtres qui l’ont expérimenté sans succès que c’est désormais ancré dans ses gênes sans que cela le gêne d’ailleurs, non, dans la fuite, point de salut ! Au lieu de fuir, l’escargot, en fait, fuit à l’envers, ou plutôt, il fuit dans les deux sens : D’un côté, il fuit dans sa coquille et de l’autre, il laisse fuir un bave immonde signe perceptible de son fort mécontentement. Cette technique est salutaire, sauf contre bon nombre de ses prédateurs… Il suffit alors de saisir l’intéressé par la coquille, de le mettre à jeûner en le laissant baver jusqu’à plus faim. D’autres prédateurs lui brisent la coquille et le dévore tout cru.

Très bien tout cela, nous le savons tous, mais, à quoi veut-il en venir vous dites-vous… Mon sujet n’est pas de vous raconter là la vie des escargots, ni publique, ni privé, quoique là il y ait des choses à dire ! Non, mon but est, comme à mon habitude, de faire le parallèle entre l’homme et la nature, et dans notre cas, entre l’homme et l’escargot. Je ne vais pas baver sur l’espèce humaine, oui, j’avoue c’était facile, mais essayer de décortiquer cela, comprendre cela, bien que l’espèce humaine soit avant tout une somme d’individus, et chaque individu un cas particulier à lui tout seul… Donc, nous y voici. L’Homme, lorsqu’il est menacé, touché dans son orgueil, en tant qu’espèce supérieure, hésite entres plusieurs stratégies : la fuite, le combat, ou, celle qui nous intéresse donc, la stratégie de l‘escargot.

La fuite. Elle peut être diversement interprétée. S’agit-il d’un signe de rapidité tel un guépard ? Une envie soudaine de se dégourdir les jambes ? Un appel irrésistible auquel on ne peut résister ? La fuite, bien sûr, ne peut en aucun cas être assimilée à de la lâcheté. Voyons ! L’Homme ne fuit pas, il s’en va vaquer à d’autres occupations, d’ailleurs, cet état s’appelle la vacance qui est somme toute une activité primordiale, vous en conviendrez, au point même d’y associer un pluriel plus salutaire et donc de parler de vacances. Fuit-on lorsqu’on part en vacances ? Bien sûr que non ! Partir en vacances, c’est partir vers l’inconnu, affronter le danger, quitter ce confort bien singulier de son travail, cette chose quelque peu obscure, pas toujours bien rémunérée, mais qui nous donne rendez-vous chaque jour ou presque, dans une jungle familière, entouré d’animaux paisibles. De temps en temps, il y a bien ce vieux lion qui bougonne, cette soudaine envolée de volatiles plus ou moins déplumés, le regard haineux de ces charognards prêts à vous dépecer sur place, mais bon, c’est ainsi dans notre jungle… Mais bon, nous nous éloignons de nos moutons, enfin, pas trop puisque des moutons, il y en a aussi…

Le combat. Attitude noble et chevaleresque, parfois réaction solitaire et même plus tellement on est enfermé dans son aveuglement, ce refus de voir les choses telles qu’elles sont, nous voilà prêt à combattre des éoliennes, ben oui, faut vivre avec son temps et de nos jours, savez-vous que les moulins à vent sont des pièces de musée à ne point dégrader ? Le combat donc, peut-être singulier quoique pour combattre, il faille être deux. Un combat en solitaire s’appelle un suicide, non ? Par contre, on peut combattre en solitaire mais contre quelqu’un ! Ah ! Cette belle langue française aux règles grammaticales, syntaxiques aussi obscures parfois que provoquant des chocs verbaux, cette belle langue que j’aime tant détendre et entendre…. Mais retournons au combat ! Quelques vieux généraux à ne pas confondre avec de vieux généreux, quoique pour combattre, il vaille mieux un général généreux en général qu’un général tout court, mais si vous connaissez de vieux généreux tout court, n’hésitez pas, cela m’intéresse ! Donc, je disais, quelques vieux généraux, oui, pour être général il faut être vieux, les galons se gagnent au mérite un peu, à l’ancienneté surtout, quelques vieux généraux disais-je, avant de partir au combat, élaboreront un plan de bataille, aborderont un cheminement stratégique et scientifique pour atteindre le but : la victoire et l’honneur. Quelques jeunes taureaux, en trop plein de sang, d’ailleurs, ne dit-on pas un coup de sang ? Ces jeunes taureaux, au regard rouge, foncent tête baissée dans la masse, cherche à démolir l’adversité et souvent terminent sur la lame effilée de ce matador bien arrogant, avant de finir sous celle du boucher, espèce endémique des boucheries, lieux joyeux ou défilent l’éventail du monde animal, du moins celles que l’homme, encore lui, déclara un jour, comestibles. Ces lieux sacrés ou le rouge est couleur, la mort abondante et dignement fêtée sous forme de gigot et autres steaks hachés, sans fleurs, sans couronnes, sans attendre qu’il fasse froid et qu’il pleuve… Notons au passage, que notre boucher découpe aussi du mouton, ce qui nous permet, habile transition, de rejoindre les nôtres…

Mais j’y pense ! Je ne parlais pas de moutons mais d’escargots ! Ou avais-je la tête ? Au fond de ma coquille sûrement, je m’y réfugie parfois pour écrire, observer, prendre du recul aussi. Ce brave escargot, renfrogné et bavant dont le comportement est quelque fois repris par quelques spécimens de notre civilisation, dans son intégralité ou par certains abords. Renfrogné. Il semble facile de se murer dans un silence assourdissant, de refuser la communication au monde extérieur, de s’appesantir dans sa coquille qui semble accueillante et pourtant qui est si vide au point que les seuls sons reçus sont les sons sourds de son propre cerveau, ces sons sans son qui sont dissonants et poussent un peu plus vers l’isolement. Saucissons ces sont là pour cerner ce qui sont sans sons parmi ceux ci, ceci, pour sentir ces sons ressentis, ces sons avec son, ses sons sonores et puissants qui seuls méritent de s’y attarder.

Car là est le propre de l’homme, focaliser sur l’inutile et oublier l’essentiel. Oublier aussi que s’isoler n’est jamais la solution et qu’il est parfois des situations ou l’aide vient de l’extérieur, cet extérieur qui n’est pas si loin quand il n’est pas tout proche. Briser sa coquille avant de se faire briser n’est-il pas mieux ? Etre l’acteur de sa vie et non le spectateur, n’est-il pas plus moteur et motivant ? Allons, n’oublions jamais que nous avons notre destinée en main, choisissons d’aller sur le bon chemin, ne refusons jamais une oreille tendue, pourvu qu’elle soit associée à un cœur, un cerveau, une bouche amie.


J’ai omis le côté bavant. Non par répugnance mais par une volontaire omission. Pourquoi s’attarder sur ceux qui bavent ? Il y en a toujours eu, il y en aura toujours. Pourquoi leur attarder de l’importance ?

Baver ne fais pas avancer…sauf pour l’escargot ! CQFD !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

bien joué l'escargot comme à ton habitude aucune bavure

"belle amie"

Anonyme a dit…

wouaouhhh... tu es sorti de ta coquille pour le coup!! excellent!
à quand un parallèle entre le chat et l'être humain ??... suis intéressée ;)!!
ton amie voisine