Une pause dans l’été, une pluie fine et irrégulière qui
tombe enfin. Un jour de gris qui pleure, un jour offert dans la fournaise, une
pause dans l’été. Une pause, de ces pauses où l’on enfile la parka, où l’on s’en
va marcher, respirer la nature humide, voir les magnifiques dégradés de gris
que la céleste affiche par couches de nuages, tandis que l’océan se décline en camaïeux
de verts et de gris, ponctués de blanche
écume. Les vents eux aussi jouent une partition très inégale, tantôt
respiration, tantôt coup de sang, tantôt colère, c’est toute la puissance de la
nature qui nous est ainsi offerte. Marcher, flâner, goûter, savourer, que voilà
une pause constructive, bien plus qu’à attendre, à se morfondre en regardant
tomber ces gouttes de vies d’un ciel gris. Attendre, rien n’est plus mauvais
que l’attente, car elle abreuve de désirs, d’utopies, de fantasmes un temps
bien peu mis à profit. Nous ne devons jamais attendre, à part peut-être les
trains, bien que les trains soient à l’heure, eux….
Une pause dans l’été, c’est une pause dans la vie et
même, bien plus qu’une pause, c’est une respiration, une plage offerte dans un
emploi du temps qui n’en demandait déjà pas tant. Une réservation vers un
ailleurs temporel qu’on n’avait omis de se prévoir dans des vies trop
instruites, trop construites, trop formatées. Je n’aime pas cette approche de
tout régenter, de tout calculer, de tout mettre ne place quitte à le faire au
chausse-pied pour faire entrer dans une journée de vingt-quatre heures des tas
de choses indispensables, devenues obligatoires. Stop ! Pause, c’est l’heure
où le temps presse de prendre le temps, l’heure où la pluie chasse les rayons
du soleil, l’heure où la plage est déserte sauf de quelques surfeurs trop
heureux de ces vagues roulantes et déferlantes. C’est le temps d’ouvrir son
nez, l’humidité de l’air renforce la distillation des essences végétales,
agrémentées de cette odeur de sable mouillé, riche en sel et en iode, oui, c’est
un sacré cocktail que ces jours de premières pluies.
Mais le temps d’écrire, le temps de se poser, c’est
déjà la marée et ses envies de changer d’habits, exit le gris, place au bleu
ciel, à la chaleur d’un soleil vexé de ne pas avoir pu toucher terre, qui brûle
déjà et fait s’échapper des fumerolles des terres ainsi réchauffées. Magiques
instants, un vrai jeu de lumière, un obscur clair et un clair-obscur digne des grands
maitres peintres. Tout change tout le temps, tout est ainsi répété sans cesse :
« ne perdez pas votre temps à calculer le temps, vivez pleinement votre
présent, il est sans cesse changeant ». Le vent poursuit ses sonates, il
joue désormais avec les ombres et les lumières, seul l’océan maintient son gros
dos et ses vagues colères. Les parapluies se sont repliés, les capuches sont
mises bas, les rires reviennent sous les cheveux mouillés, c’est bon de prendre
le soleil, c’est bon de vivre, tout simplement. Là-bas, sur cette côte d’Espagne
à peine suggérée, ce sont de gros moutons gris qui gonflent et viendront dans
une course océane visiter certainement nos plages d’ici la fin du jour. C’est
assez idiot au fond de raisonner en frontière humaine, décisions politiques
prises autour de traités, mariages royaux pour dessins de cartographes, la
nature, elle, passe outre.
Une pause dans l’été, c’est une pause décidée par la
nature, au détriment des choix de l’Homme, comme toujours. Sommes-nous donc
sans conscience pour comprendre que le ciel est été lorsque la nature le décide
et non parce que nous sommes ici et maintenant ?
Une pause dans l’été, c’est
aussi l’occasion de mettre ne lumière de mots, ces paysages en multi dimensions
que j’aime et que j’affectionne. C’est encore une occasion de dire « désolé
d’être resté dedans la dernière fois, pardon ne m’être mal écouté, merci de me
donner la chance de vivre cela, je t’aime mon coin d’océan et par-dessus tout,
notre mère nature ».
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