Le calendrier du jour marque la fête de Saint Amour,
voilà bien un mot mal compris, mal utilisé, mal employé, ou bien employé mal à
propos. Aimer est un joli verbe de la langue française, de ces verbes
fourre-tout qui servent aussi bien pour les gens que pour les choses, et,
l’académie ne reculant devant aucun sacrifice, l’abstrait y a autant droit que
le concret, le virtuel que le réel. On aime un film, un arbre, une rue, un
poteau, un ami, un chien, un chat, sa belle-mère, oui, là je sais c’est plus
rare, encore que, l’histoire fait son chemin en dépassant de loin la réalité,
un peu comme les blondes d’ailleurs, mais là, je me comprends. En somme, on
aime, et ça, c’est beau c’est magique, c’est formidable, ça fiche la banane,
d’ailleurs on peut aussi aimer les bananes, ça file la pêche, oui je sais on
aime aussi les pêches, ça donne la patate, et oui, on aime aussi les patates, et
puis qui dit patate dit frites et on aime quand ça donne la frite, non ?
C’est bien joli tout ça, mais comment qu’on fait pour s’y
retrouver entre aimer sa viande bien cuite, sa chérie, ou son chéri, il en faut
pour tout le monde, mais ne confondez pas, s’il vous plait, sinon danger et
puis, pas plus d’un ou d’une à la fois, sinon il y a excès et l’exécrable excès
tue, donc on n’aime pas, non ? Alors, c’est bien joli les verbes
fourre-tout messieurs les académiciens, mais comment que ça peut marcher votre
affaire ? Les anglais eux, bon, juste comme ça parce que faut quand même
pas tout prendre en exemple, ils ont du « like » et du « love »
c’est beau, c’est bien et ça marche. Nous on « aime » ou on
« aime », rapide, efficace, enfin, efficacité digne d’un jouer de
foot de l’équipe de France, c'est-à-dire ….. Rien quoi. J’aime pas. Tranquille au chaud nos immortels, les mots
croisés en une demi page par jour, et là, « aimer » a du tomber un
jour de sieste… Et dire qu’au dessus, il y a le grand patron, j’ai nommé le
Saint Amour, celui que pilepoil, on lui fait sa fête aujourd’hui.
Alors, monsieur le patron, vous le saint des saint, parce
que je suis désolé, mais sans amour, les autres peuvent aller se rhabiller,
enfin, là, c’est une image, parce que si je peux imaginer un sein dénudé, je ne
vois pas un saint dénudé, donc vous, monsieur le saint, dites-nous un peu
comment on fait pour s’y retrouver dans vos variantes d’aimer. Aimer est court,
si sensible aussi que si d’aimer on ôte le « i », il en devient amer,
chose désagréable, amour fielleux, l’amertume tue l’amour, c’est clair, l’amer
tue. Aimer est puissant, c’est aussi une source d’énergie, du genre de ce vieil
arrosoir qui fuit, qui vous mouille autant les pieds qu’il n’arrose la fleur.
Comme les gens s’y perdent et on toujours peur de trop aimer, ils ont choisi
d’aimer leur amour, leur chéri, leur conjoint, un autre conjoint d’un autre, un
autre pas d’un autre, c’est selon, en tout cas, ils aiment d’un amour qu’on
pourrait qualifier euh…d’amour quoi. Mais du coup, ce raccourci-là les prive
d’aimer leurs proches, leurs amis, leurs bons amis, leurs meilleurs amis, leur
meilleur ami d’un amour qu’on pourrait qualifier d’amour aussi, mais quand même
pas pareil, puisque amical et non amoureux. Tiens, voilà qu’une nuance s’en
vient nuancer la chose sans qu’on y prenne garde. C’est cela que j’aime bien
dans la langue française, elle est toute en nuance, et malheureusement, dans
notre époque trop pressée de gens trop pressés qui vont à leur essentiel, le
sens nuancé est pris de court par le sens qu’on veut bien donner, le sens qu’on
s’approprie qui n’est pas pour autant le sens approprié parfois, et ce, quel
que soit le mode de communication, oral, écrit, télégraphié, esseméssé, oui, ne
cherchez pas dans le dictionnaire, je viens de l’inventer et il va falloir des
lustres avant qu’un de ces personnages vert et immortel n’en ajoute le sens dans
le grand livre.
Et c’est donc tout en nuance que je souhaite une bonne
fête à tous les gens que j’aime sans oublier ceux que j’aime moins mais pour
aimer moins, il faut aimer quand même, n’est-ce-pas, et même à ceux que je
n’aime pas mais qui eux m’aiment et qui m’écrivent chaque année pour me
souhaiter la bonne année fiscale par exemple. Un grand sourire, beaucoup
d’humour et d’amour, parce que l’amour sans humour serait une chose triste, du
« a » au « hu » il n’y a qu’un pas, et non, je ne parle pas
d’onomatopées, le langage de l’amour est si riche, si grand, si puissant qu’il
est sans cesse à renouveler, à écrire et surtout, à inventer !
1 commentaire:
Et bien, on en apprends tous les jours, très instructif... Natacha
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