Metropolitain

Vendredi après midi sur Toulouse. Une fois de plus, je loue ce métro qui a, durant son accouchement particulièrement difficile, déchiré et balafré ma ville, mais dont je suis à chaque fois admiratif devant l’efficacité, la propreté et le calme qui y règne. Même les rames les plus anciennes sont toujours propres et ne portent pas les traces de leur décennie d’existence. Qu’il est agréable de poser sa voiture, rejoindre la gare terminus, gravir ce manège lent pour s’installer dans le métro vide. Devant. Toujours devant, dès que je le peux, car j’aime à observer ces paysages souterrains, parfois aériens, travaux des hommes, génie de l’humain, sources d’efficacité dans nos transports collectifs. J’adore voir ce serpent vitré plonger dans les entrailles de notre ville, ressortir comme pour respirer avant de repartir dans son antre souterrain. Les premiers hectomètres glissent sous des quartiers dits sensibles. Sans heurt, nous roulons, nous nous arrêtons dans ces gares aux noms de cités connues pour de tristes actualités. La course se poursuit, ponctuée par les gares, voilà à présent que nous plongeons un peu plus profond pour traverser sous le lit du fleuve nourricier. Nous y voilà donc en ville, la ville, le centre ville. Toujours la même quiétude, la même zen attitude. Pas de courses, pas de galops, chacun vaque de son pas à ses destinations. La ville est belle sous ce temps printanier. Presque vingt degrés dans cette belle après-midi.

Je rejoins mon but de visite, mon dealer de train dans la petite boutique blottie au cœur de ce vieux magasin. Paroles amicales, œil aux aguets des dernières nouveautés, des derniers approvisionnements. Plaisir de retrouver les joies d’enfant devant ces cavernes aux trésors que représentaient alors ces boutiques de jouets. Tout fait envie, tout est envie. Complicité aussi entre les grands enfants, le marchand et le client. Rare, sublime et important. Retour de matériel, achat de wagons, encore une fois affronter le dragon tapi derrière sa caisse, échapper aux flammes, guetter l’amorce d’un sourire qui ne vient pas, que d’ailleurs nous n’avons jamais connu… Retour sur les boulevards. L’air tiède et sucré envahit le corps. De belles passantes courent sur les trottoirs. Course plus ou moins élégante de belles élégantes, défilé de mode improvisé… Plaisirs d’aller ainsi, au gré de mes pas, sans chronomètre dans la tête, sans avoir ce diable d’emploi du temps minuté, ultra minuté, archi minuté. Quelques pas ici et là, sur la place. J’aime ma ville. Je n’avais pas emporté avec moi mon cahier et mon crayon, sinon j’aurais bien usé d’un coin de table en terrasse, à regarder passer le temps et les gens, à noircir mes pages au gré de mes humeurs.

Retour dans le métro, toujours autant de plaisir à voyager ainsi, croiser ces gens, tous ces destins étrangers, durant quelques instants, quelques gares, voisins de banquettes, de voitures, de rames, de gares, passagers égarés dans des gares cigares ou glissent des rames sans crier gare, voix synthétiques annonçant le prochain arrêt, la prochaine station, énoncé d’annonces similaires et sibyllines, géographie souterraine, image du monde d’en haut. Je regarde défilé le long tunnel de béton lisse éclairé de ses pales néons. Percement édifiant dans les entrailles de ma ville, propreté quasi clinique dans ces viscères communicants, lien horizontal entre lieux verticaux, géométrie en trois dimensions reliant la terre et le ciel, l’interne et l’externe, le sous-sol et le sol. Les couleurs chatoyantes des nouvelles rames renvoient leurs tonus aux passagers apaisés par la rapidité de la machine. D’ailleurs, on oublie tout à fait que nous entre les fils du grand ordinateur. Les semi-conducteurs ont remplacé les conducteurs. La machine commande la machine, ascenseur horizontal et souterrain, ce métro, vraiment, nous fait du bien. Ma ville et son centre deviennent plus accessible. Les quartiers aussi entre eux sont réellement reliés. Traverser l’agglomération devient un jeu d’enfant. En toute quiétude, muni du sésame ouvreur de portillon, nous voilà transporté à l’autre bout en quelques instants.

D’ailleurs, me voilà arrivé, gare terminus et aérienne, escalator extérieur sous tunnel vitré pour regagner le plancher des vaches. Oubliées les vaches, leurs anciens champs sont goudronnés et les voitures les ont remplacées. Vous ai-je dit qu’autrefois, ici, mes grands-parents habitaient et faisaient leur jardin ? Non ? ça sera pour une autre histoire alors… Au fait, ou suis-je garé ? Ah oui, la voilà ! Tout gonflé de cette zenitude, j’affronte les bouchons dans mon costume d’automobiliste stressé… Que voulez-vous, le métro n’a pas voulu poursuivre jusque à chez moi ! Hélas ! Mais au fait, pourquoi pas ? Un geste pour la planète que diable !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

il doit etre agréable de voyager en ta compagnie dans de véhicuel sans conducteur qui m'est inconnu

bizzz

Belle amie