A l'ouest de l'océan

Dans mes souvenirs d’enfance, l’Amérique était une terre de rêve, un eldorado peuplé de cow-boys et d’indiens. Il faut dire qu’en ce temps-là, le téléviseur noir et blanc familial nous diffusaient un vaste choix de programmes répartis sur les trois chaînes nationales, une en VHF, deux en UHF… Au programme donc, nos émissions cultes : au théâtre ce soir, la piste aux étoiles, les dossiers de l’écran, les numéros un des Carpentier… et les westerns ! Combien en ai-je vu ? Je ne saurais dire mais ils ont bercé mon enfance, guidé mes jeux et mes cadeaux reçus… Ah ce joli coffret réparti sur trois étages, comportant la diligence, les chevaux, les Indiens, les cow-boys, et même les cactus. Personnages figés dans leur plastique rigide et fortement coloré, d’un temps ou les playmobils n’étaient pas encore nés, ils en ont fait des guerres, des attaques de diligences, des trêves, des paix, des heures de jeux solitaires ou partagés, des rêves de cet Amérique lointaine, des envies de cet ailleurs au goût magique et sucré de soda et autres chewing-gums.

Image bâtie sur ces lendemains de guerre, ou le brave soldat américain nous libéra du joug oppresseur et sanguinaire, image entretenue par la télévision naissante, à coup de westerns, à coup de fusée Apollo, à coup de premier pas sur la lune… Pays ou tout est possible, pas encore, des chercheurs d’ors, des tontons revenant d’Amérique, les poches cousues d’or… Tradition entretenue car de toute la région, ils partirent nombreux faire fortune en Amérique. Ceux qui sont revenus, forcement les plus riches, ont su bâtir des maisons tape-à-l’œil, publicité imposante pour la dorée Amérique… Et puis il y a eu, le rock, les musiques, les artistes, porte-drapeau de la nation ou tout réussi… Et puis, des voitures immenses aux chromes superposés, au moteur glouton, mais ce n’était pas non plus la voiture de tout le monde. Quelques-uns de nos constructeurs automobiles ont su en jouer, user de la copie ou du moins de l’inspiration. Il suffit de regarder dans la gamme Simca ou Facel des ces années-là. L’image de liberté, la naissance des phénomènes hippies, ont rapidement envahi notre vieux continent. Epoques de couleurs, âge d’or social, tout semblait possible, tout cela nous faisait rêver…

Et puis, j’ai grandi, oh ! Pas tant que cela, juste assez pour s’approcher de l’âge adulte, du moins, si je l’atteins un jour ! Le temps a passé sur nos sociétés en même temps qu’il glissait sur moi… Les crises pétrolières, l’explosion des moyens de communication, notre évolution aussi, ont modifié la tendre image que j’avais de la lointaine Amérique. Certaines séries aussi ont galvaudé l’image d’Épinal. Exit le cow-boy solitaire sur son cheval, le voilà roulant en Mercedes, gérant ses puits de pétrole du haut d’un gratte-ciel. Quel univers impitoyable… Puis les sirènes siliconés ont fait rougir nos écrans, galopant dans les vagues aux cotés de males bodybuildés sur des plages de rêves. Les corps se dénudèrent à l’écran tandis que dans le même temps, la prude Amérique découvrait le harcèlement et la psychose du harcèlement. Chaque famille a son avocat, prêt à prendre fait et causes pour sa tribu et gagner le procès… Pas question pour un homme de prendre un ascenseur avec une femme à bord, plus d’entretiens avec un personnel féminin dans un bureau fermé. Divergence entre réalité et fiction télévisuelle? La même prude Amérique, génitrice et éditrice des plus grands magazines déshabillés...

Et puis la toute puissante Amérique a commencé à dévorer le monde, écraser les autres, décider du bien et du mal sur cette terre et même dans les étoiles. Bien sûr, nous leurs devons des techniques bien utiles et bien utilisées, comme le www, l’Internet, comme le GPS… Mais savez-vous que le GPS est avant tout un outil militaire ? Savez-vous qu’à la moindre alerte, les infos sont codifiées et que votre GPS nous situera à des kilomètres de là où vous êtes réellement ? Savez-vous que certains moyens de communications utilisant Internet, passent de votre interlocuteur par les départements de surveillance des Etats-Unis avant d’arriver chez vous ? Espionnage, dites-vous ? Là, ça devient moins marrant que James Bond, non ?

Et puis un jour l’Amérique se réveilla blessée en son propre sein, elle qui toujours a su faire la guerre loin de chez elle : destruction chez les autres, réserves et fabrications d’armes chez elle… Les tours sont tombées, frappant là l’opinion publique et mondiale. Pour la première fois la population pris la mesure de la morts d’innocents, des dégâts subis chez soi… Phase reconstruction, et phase reconquête, à la conquête du monde, aidée en cela par un dieu dollar, par une puissance commerciale rarement égalée, par un patriotisme exacerbé. Avez-vous remarquer combien de drapeau vous pouvez voir devant les pavillons américains, comparé au nombre de drapeau planté devant nos maison ? Sommes-nous donc si peu fier d’être français ? Avons-nous honte de nos couleurs ? Avons-nous peur de passer pour des nationalistes ?


Aujourd’hui, l’Amérique ne m’attire plus, du moins, dans sa partie états-unienne, société trop rigide et trop surdimensionné pour le pauvre pyrénéen que je suis. La brique de lait fait quatre litres, la nourriture nourrie surtout les poubelles, les limites sont sans cesses surveillées et gare si vous les dépassez. Rouler aux states nécessite une licence, votre permis n’est pas valable. A votre arrivée, la moindre rature sur l’imprimé à remplir dès l’aéroport vous classe dans la catégorie terroriste potentiel. A côté de cela, la vie n’y est pas très chère, certains paysages sont superbes… Mais bon, que voulez-vous, je ne me sens pas à l’aise dans ce modèle de vie. A chacun son trip, bien sûr. Ce que j’écris, colle à ma personnalité, mon ressenti, aux expériences vécues et racontées par des personnes dignes de foi, aux formations reçues, aux renseignements pris. Ensuite, comme dans la vie, chacun se forge son avis et sa vie… Libre à vous…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

très savant commentaire, comme à ton habitude, sur les hommes leur évolution et les symboles qui tombent

Belle amie