« Liberté, égalité, fraternité » ainsi s’écrit la
devise de la République Française, plus que des mots, des principes, des
valeurs, une volonté, un seul axe en trois dimensions. Pourtant, de nos jours,
dans notre époque trop pressée pour aller au bout des choses, la devise ne se
lit plus en entier, la virgule devient un point après lequel on ne s’aventure
pas. Triste constat.
Liberté. C’est beau, ça sent le grand air, l’air du large,
l’espace infini sans autres limites que les siennes, on avance, on est partout
chez soi, on écrase, on ne tolère pas ce qui pourrait contraindre notre liberté
chérie. L’être libre devient quasi dictateur, il décide de ce qui est bien ou
pas, il est le garant de ce qui est bon ou pas, sans notion autre que son
paradis artificiel et son utopie bâtie par un ego démesuré. Libre, il l’est.
Mais la liberté d’expression, s’exprime aussi par le silence et par la retenue,
elle se construit aussi par la tolérance. Accepter, découvrir, ne dit-on pas
que la liberté s’arrête où commence celles des autres ? Et oui, les
autres….
Egalité. Nous naissons tous libres et égaux, ainsi que
bienveillamment rappelé dans la déclaration universelle des droits de l’Homme,
dommage que cela s’oublie, que cela se détruise, que cela disparaisse dans des
formes imbéciles d’intelligences humaines. Personne ne souhaite vivre en
prison, pourtant combien de personnes vivent dans les prisons invisibles que
des esprits bienveillants ont construites autour d’eux ? Les principes
monarchiques n’ont pas tous disparu à la révolution. Diviser pour régner, trône
encore dans les cours d’écoles et autres zones de vies communes. Jeter
l’opprobre, critiquer, construire une fausse image, rumeurs, fabulations,
racontars, dénigrement, il y a pléthore de situations, de cas, de fausses
excuses pour cela. Même les langues pourtant bien déliées s’y collent, il
suffit de prendre pour exemple le simple attribut du bien et du mal entre
droite et gauche, non pas qu’il soit question de politique, là, c’est plus
basique, tout le monde ne parle, tout le monde critique, personne ne s’engage,
non, être gaucher c’est être maladroit, faire des maladresses, tandis qu’aller
tout droit, être droit auront des connotations plus positives. L’enfant gaucher
subit les affres d’une rectitude à droite, il se construit dans un monde à
l’envers de sa personnalité, il compense sans cesse, sans aide et sans reconnaissance
des handicaps dans lesquels on le place. Il écrit mal, il dessine mal, juste
parce que le trait n’a pas le même sens, mais il est simplement différent, et
comme nous tous, il est né libre et égaux à ses contemporains fussent-ils de
droite, voire simplement même droitiers.
Fraternité. C’est des trois, celle-là même qui a disparu le
plus, pas étonnant, elle vit en fond de devise et s’oublie dans la lecture des
mémoires. Pourtant, combien de vies sans richesses ont pu être enrichies grâce
à cette manne ? De nos antériorités paysannes ou ouvrières, combien de
souvenirs familiaux s’expriment par les bras offerts, par les veillées
accueillantes et fraternelles s’en viennent remonter à la surface si l’on veut
bien se poser quelques instants ? Dans un monde trop pressé, dans un monde
trop riche, ces notions ont vite disparu, et si bien sûr quelques formes
résistent et existent aux travers d’associations diverses, le vernis trop
brillant de beaucoup s’écaille vite révélant des réalités bien moins
enchanteresses. Certes, dès la Bible, Caïn tue son frère Abel et la fraternité
échoue devant la jalousie et la cupidité, mais ce n’est pas une raison suffisante
pour oublier qu’elle en nous, que sans esprit fraternel, sans amour au sens le
plus asexué qu’il soit, l’homme n’existe pas, il est individu, solitude vouée à
l’échec. Plus tard les principes religieux diront que les Hommes sont frères,
le monde pour avancer nécessite cela.
Tolérance, reconnaissance, amour ; Pourquoi est-ce si
compliqué de comprendre, de vouloir apprendre, de vivre en ouverture plutôt
qu’en solitude dans une tour dont nous ne sommes que le geôlier, jamais le
seigneur ? Au fond, la dictature imposée aux autres n’est qu’une limite
imposée à sa propre existence, il est temps que volent en éclats les murs des
forteresses et qu’enfin, la vraie personnalité puisse se développer et vivre
pleinement dans la richesse du partage et des échanges.
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