Quelques pas sur la grande place, déserte, silencieuse, la
nuit est tombée depuis bien longtemps sans que personne ne se risquât à la
relever, seuls quelques chats gris, noirs, blancs ou roux venaient s’essayer
dans cette absence de lune à se faire une couleur. Grise. La nuit, tous les
chats sont gris, c’est bien connu. Le kiosque dressé au milieu n’accueillait
plus depuis longtemps de musiciens pas plus que de musiques, seuls quelques
enfants s’amusaient à courir dans le grand escalier puis à se jeter sous les
balustres de fer rouillé dans des cris que seule l’enfance sait proférer.
Quelques ados en mal de sensations se risquer à gravir et dévaler les pentes
étroites servant de bordures à l’escalier, tantôt en skate, tantôt en roller,
tantôt en vélo, privilège de la jeunesse qui s’amuse de peu. Mais là, point de
rires, point de bruits, la nuit enveloppait de son silence la place et son
kiosque. Ses pas résonnaient dans cette atmosphère étrange, le vide parfois
engendre la peur, l’Homme est un animal de meute, la solitude lui fait peur.
Pas à lui.
Etrange étranger parmi les étrangers qui étrangement
peuplaient sa vie, il savait que le visible n’est qu’un masque empêchant de
voir touts ces êtres invisibles qui accompagnent nos pas à chacun de leurs pas,
une notion bien étrange et donc étrangère pour la grande majorité, pourtant, si
chacun prenait le temps de se poser, si chacun prenait le temps de sentir puis
de ressentir, combien d’étranges situations, combien d’étranges sensations
pourraient les amener sur ce chemin de vérité ? Ainsi le monde vit en
plusieurs dimensions et sur plusieurs plans, ainsi l’Homme a perdu la clé lui
permettant d’accéder aux plans voisins, aux autres dimensions, mais, lorsqu’on
perd la clé de la cave, en perd-t-on pour autant la cave elle-même ? Ne
plus y accéder n’est pas ne plus avoir d’accès, mais ne plus avoir d’accès
possible, tout le poids du possible réside dans ce mot, dans cet état de
possible. Déconcertant ? Chacun est libre de prendre un message, de
l’entendre, de le comprendre et surtout, de se traduire dans son vocabulaire
personnel, mais, ne pas entendre, ne pas assimiler, ne pas comprendre n’est pas
ne pas avoir reçu le message, juste ne pas l’avoir perçu… L’auteur du message
n’y est pour rien, lui a prit le temps de vous le donner, vous, vous n’avez pas
pris le temps de comprendre ce qui vous a été transmis. Ce n’est pas grave, ne
vous en voulez pas, surtout ne remettez pas en cause celui qui vous a
communiqué la chose, la vie est bien faite, bientôt sur votre chemin, le
message vous sera redonné, une autre forme, une autre formulation, à un autre
moment, en l’espérant plus propice, car ce message vous est utile, sans quoi,
il se perdra dans la nuit des temps et cela prouvera bien que vous avez bien
fait de ne pas le capter. Il ne vous était pas destiné, il ne vous sera plus
destiné. Aucun regret, oubliez ce temps d’avant, reprenez votre cours sans
penser, sans trop réfléchir, si la chose est importante à votre évolution, elle
reviendra vous donner son impulsion, par un autre messager. Ils sont nombreux,
ils vous aiment, ils vous accompagnent, sans heurt, sans bruit, ils n’ont pas
de peine à ce que vous les captiez pas, leur amour est bien plus fort que cela,
ils savent que plus tard, vous comprendrez, par les songes, par un rêve, par
une image éveillée une clé utile à votre progression, parce qu’ainsi s’avance
notre chemin.
Voilà pourquoi il marche seul dans cette nuit vide et noire,
sans peur, en écoutant juste ses émotions, ses sensations, ce toucher frais sur
le dos de sa main, cette caresse sur la jour, cette tendresse qui enveloppe ses
pas dans cet endroit familier, juste, parce que c’est ici qu’il devait
retrouver cette âme d’enfant, celle qui si proche de sa naissance sur terre a
gardé ses fonctionnements primaux, et si les yeux des enfants semblent vous
regarder par-delà votre tête, c’est juste qu’ils contemplent la couleur de
votre aura, sa brillance, votre vérité, celle-là même qui leur indique le
volume de votre amour et sa bonne santé, peut-être aussi parce qu’au fond, vous
êtes plus grand que vous ne le croyez, il est temps de cesser de se dévaluer.
Beaucoup de notions ont perdu la notion de réalité pour l’Homme, c’est un fait,
l’enfant qui croit devient un adulte qui ne croit plus en rien, c’est dommage,
jusqu’à ce que l’âge avance, le regard se pose plus haut, plus loin, voit plus
loin, plus haut. Ne ratons pas le coche, apprenons à écouter ces messages,
apprenons à redevenir des êtres complets, pour être enfin, des êtres comblés.
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