Le
temps avance et déroule sans heurt ses belles plages de temps pour tout autant
de pages, ses dates anodines parmi lesquelles se glissent de temps à autre, une
date, un jour, une fête qui résonne différemment selon le vécu de chacun. On
évolue tous selon notre propre rythme, selon la passion mise dans le vécu,
selon l’intensité et la forme sans s’en formaliser nullement. Au travers de ces
passages marqués du temps, l’époque est propice aux fêtes chères à notre cœur,
et la plus belle entre toute, celle des mamans, la fête des mères.
Comment
ne pas redevenir enfant lorsqu’on côtoie sa maman ? Qu’elles que soient
les marques du temps inscrites en creux sur ce visage aimant, c’est toujours le
regard le plus pur, celui du cœur qui voit et bien sûr, qui voit clair. Il y a
bien sûr de la tendresse dans ce regard-là, mais il y a surtout de l’amour,
dans son expression la plus pure, bien loin de ces amours dénaturés ou
galvaudés parce qu’usés à trop de barbelés de nos vies trop écorchées. L’amour
d’une maman, l’amour pour une maman est tout aussi conditionnel que l’amour
universel, ce puissant remède à toutes contrariétés, ce puissant antioxydant
qui peut-être viendra un jour à bout de cette terrible maladie qu’est la bêtise
humaine, pour ne pas dire autrement car là n’est pas le propos de l’instant.
Nul être ne peut se considérer humain s’il se dit insensible à l’amour filial
et maternel. Quand bien même les chemins de la vie nous ont conduit loin, très
loin, parfois après la rupture, parfois à l’autre bout de la compréhension, ou
bien tout simplement au bout du monde, le lien, invisible, reste plus solide
que tous, la chair s’est nourrit de la chair, il ne peut y avoir échanges plus
proches, plus denses, plus vivant, plus vrais. Quand bien même les modes de
vies nous éloignent, jusqu’à quitter même les mêmes plans de vies, la carte des
liens tracera toujours la route entre ces pôles majeurs et cardinaux, la mère
et l’enfant, l’enfant et la mère, filiation indéfectible au–delà de la vie. Il
est encore sûrement trop tôt pour beaucoup de comprendre, parfois même
simplement d’entendre que le visible ne s’arrête pas à l’invisible, que la vie
ne demeure pas un état aléatoire non stable entre deux phases éthériques, cela
serait ésotérique à penser, mais le temps viendra où la connaissance sera
partagé et la prise de conscience effectuée… Chaque chose en son temps, Lao
Tseu disait : « un voyage de mille lieues commence toujours par
un premier pas », l’être humain avance, un pas après l’autre, toujours, même
lorsqu’il est pressé…
Ma
maman est partie en ce début d’année, lasse de ce corps devenu un peu plus
lourd, un peu plus troué, un peu trop usé chaque jour, elle nous l’a abandonné
et nos larmes ont trahi notre désarroi devant notre propre incapacité à vivre
orphelin. Bien sûr, durant quelques jours, la liberté nouvelle ou plus
simplement la non envie de nous voir pleurer, ou bien encore de ces folklores
en figures de style imposées l’ont conduit bien loin, mais depuis, elle vit,
près de nous, parmi nous, sans présente pesante, sans y être à plein temps,
sans contrainte, non, c’est une douce chaleur, c’est un amour bienveillant qui
entoure les siens avec parfois des frôlements, sur la chair de la joue ou une
simple caresse sur le dos de la main, souvent le matin après le réveil, un
simple bonjour, sans bruit, sans voix, sans mot, tout en émotion, le cœur seul
sait entendre ces mots-ci, dans la tonalité d’une voix profondément ancrée au
corps et désormais inaudible à qui n’aime pas. Ces messages sont si doux, si
clairs, qu’ils aident à traverser ses premières marches de cette nouvelle vie,
tout comme hier encore, au tout début de mes premiers pas, sa main tenait la
mienne pour accompagner mes premiers pas en quête de stabilité. Amour et
stabilité, assurance et compréhension. C’est un nouveau départ dans la vie, et
si le calendrier serre un peu le cœur à l’annonce de la fête des mères, et si
les publicités toujours plus nombreuses matraquent l’information, il suffit de
sentir ce parfum léger, ce vent frais sur le dessus de ma main droite, il
suffit de se rappeler ces moments personnels pour comprendre que même si jamais
rien ne sera plus pareil, la vie vit au-delà de la vie, l’invisible est bien
plus grand que le visible. Ce message si fort, cette instruction reçue, cette
leçon n’est qu’une leçon de plus dans la transmission maternelle, une
rationalité dans l’irrationnel, merci maman.
A
l’approche de ce jour, de cette date imposée pour prévenir sans doute des
défaillances de la mémoire et du cœur, puisse chacun comprendre le juste ordre
des choses, la chaine de transmission, les étapes de la chair, l’école de la
vie, toutes ces choses qu’on nous apprend et dont on oublie l’essentiel, par
manque de temps, par manque d’envie, par je ne sais quoi, peut-être un manque
de maturité, ou bien encore, une simple limite mise à notre champ des
possibles…
Bonne
fête maman, et bien sûr, bonne fête à toutes les mamans sans qui nous ne
saurions pas ce que nous sommes…
2 commentaires:
L'amour de nos enfants, à nous les mamans, est le plus beau des cadeaux. Et pas seulement un jour par an. Mais éternellement....
Un de tes plus beaux textes didier.
Natacha
merci !
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