RIP

Au grand album de ma vie, beaucoup de pages se sont fermées, ou plutôt, beaucoup de pages ont mis un point final à leurs images, le mot fin résonne et sonne son glas page après page depuis quelques années, dans une danse qui semble s’accélérer ces derniers temps. L’année avait commencé son triste bal en clôturant la plus belle des pages de ma vie, celle dont je suis, celle du sang de mon sang, ma maman est partie. Aujourd’hui, c’est ma maman de baptême, ma marraine qui s’en est allée, là aussi, aux termes de longues errances et souffrances, combat inégal contre ces terribles maux, il n’y a pas de mot. Sûrement que là-bas, dans cet autre espace de vie elle retrouve déjà tous les autres personnages de sa vie et de nos vies, ces fins qui s’égrène sans fin. Les pages se tournent, pour y revoir ces visages, ces images, nos instants de vies. Les pensées voyagent et dialoguent entre nos deux plans de vie. Il est illusoire de croire tout éternel, il est bien plus réel de penser aux vivants, de vivre et d’aimer, de profiter et de jouir, de savourer chaque instant.

En quelques années, pas plus de quatre, ils sont tombées, oncles, maman, marraine mais aussi tout un pan des familles plus lointaines, des cousins, des amis, des parents, des voisins, la liste est longue, sans qu’elle soit conséquence des âges, la dame à la faux fauche à tour de bras, accident ou maladies, personne ne choisit. A tous cela, c’est demain que je viendrai vers vous, discussion silencieuse, mots choisis par le cœur, parcours de l’âme, les liens sont toujours présents. Aujourd’hui c’est la fête des vivants, c’est à vous tous que je pense et que je souhaite mille bonheurs, mille espoirs, mille rêves, mille plaisirs, choyez-vous et soyez-vous, profitez et aimez, goûtez aux joies simples et improvisées. C’est à cela que sert la toussaint. Viendra demain le jour des défunts.

Il ne faut pas être triste, l’âme est partie, le corps demeure, si nous perdons la vision nous garderons l’écoute, les sentiments et apprendrons à ressentir mieux encore les choses. Ce corps, c’est à lui qu’on va dire adieu, et désormais aveugle de ces visages aimés, nous deviendrons plus fort dans nos sentiments profonds, nous apprendrons à nous ouvrir aux ressentis. Bien sûr l’année peut paraitre dure et triste, mais au fond, les épreuves ne sont que le chemin de notre vie. Le petit garçon que je suis se retrouve les mains vides, une c’est fermée en janvier, l’autre en novembre, ces deux mains vides ne sont pas des poings serrés, ni des mains ballantes sans vie, elles sont au contraire des mains qui soignent, des mains qui soulagent, des mains qui apprennent, des mains toujours prête pour embrasser la vie. Partez sans crainte, femmes de ma vie, je vous aime et vous aimerai toujours, les mots seront sans accents, sauf dans nos têtes, mais l’important est qu’ils demeurent.


Au revoir marraine, dis bonjour à maman, je suis sûr qu’elle t’attend pour te guider dans ton nouveau chemin….

1 commentaire:

Fabienne a dit…


''Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons durant la nôtre, la colorier avec nos couleurs d’amour et d’espoir''

(Marc Chagall)

Bien à toi