Comment
devient-on « zombi » ? Etrange question, pas si inappropriée que
cela lorsqu’on voit le monde évoluer et ses acteurs tenter de le suivre. Il y a
deux façons d’y parvenir et toutes les deux ont le même cheminement :
elles bloquent la pensée et peu à peu les corps se déconnectent de leurs
réalités, le corps physique, le corps psychique, le corps émotionnel, le corps
mental. Un chemin mais deux façons d’y parvenir.
D’un
côté le vide, l’inexistence, la disparition de tout une série de paramètres,
affectifs, de conforts, monétaires, matériels, systèmes vitaux, c’est un peu
comme s’il n’y avait plus d’alimentation, les piles à plat, un être à la
dérive, débranchant peu à peu chacun de ses systèmes pour se mouvoir dans un
mode quasi végétatif. Dans l’ordre des règnes, le végétatif est sous l’animal,
lui-même sous l’Homme, plus bas, il n’y a plus que le minéral, la pierre sombre
et froide qui bientôt deviendra l’abri du zombi mais en attendant, il erre,
solitaire sur la terre des Hommes, sans ne plus pouvoir comprendre, ce
défendre, sans force et sans notion de ce qui est ou qui n’est pas, triste hère
perdu sur son aire et dans son ère.
De
l’autre, il y a le trop plein, les courses effrénées dans tous les sens, les
cogitations dans mille directions, l’excitation maximale pour mille sujets, le
choc des neurones, la montée en température conjugué aux montées d’adrénaline
trop fréquente, proche de la surchauffe, c’est la saturation, il n’y a plus de
place pour ce qui ne parait pas l’actualité du moment, parce qu’il faut
avancer, parce qu’il faut trouver la solution tout en prenant en pleine face un
nouveau problème et ses multiples variantes, alors peu à peu la concentration
ne se fait que sur chaque nouveau casse-tête au détriment de nouvelle parcelle
de vie. Surchauffe, mode protection, déconnection, le corps physique devient
vaporeux sans prendre la peine de connaitre l’état liquide, les évènements ne
semblent même plus l’atteindre et pourtant…
Deux
chemins opposés conduisant au même état, on a beau dire que tous les chemins
mènent à Rome, il y a tout de même quelque chose qui cloche dans cela. Certes,
les conséquences paraissent être irréversibles, du moins c’est ce qu’on peut en
croire en regardant de loin ces deux cas mais cela serait oublier la nature
humaine, qui certes, possède une capacité à rebondir mais aussi et surtout, une
doublure en éponge dont les pores imprimés à jamais du parcours sur ces
chemins-là, garderont le fiel suffisant pour en dénaturer les futures marches.
Comprendre l’humain, c’est accepter son histoire, ses histoires, ses travers et
ses errements tout autant que ses succès, sa faconde et ses connaissances. Il
n’y a jamais de chose à moitié, il y a, à toute chose son côté entier, quand
bien même certains savent se travestir
et camoufler ces façades qu’ils jugent moins nobles et surtout, que la sagesse populaire
juge pour eux moins nobles. Comme la vie est bien faite, il n’est nul besoin de
génétique ou de prédisposition pour devenir zombi. Une rencontre, un bout de
chemin, un accident de vie et voilà que s’ouvre le chemin. Nous sommes tous des
zombis, potentiels, en devenir ou anciens, peut-être faut-il avoir traversé le
miroir pour le savoir et le mesurer, voir aussi combien au fond, rien ne leur
est épargné. Il est mille et une blessures de l’âme, et bien plus encore de nos
différents corps, qui que nous soyons, acceptons-le, chez nous, comme chez les
autres, cessons de chercher le miroir, l’autre n’est pas un double et n’est pas
né pour être notre double, ce ne sont pas nos ressemblances qui nous font
grandir mais bel et bien nos différences car nous avons toujours à apprendre,
apprendre pour grandir, apprendre pour être, il suffit au fond de le vouloir…
Paradoxe
de l’humain qui cherche toujours à cueillir ce qui est loin sans mesurer que
les plus grandes richesses se trouvent simplement à sa portée, mais je suis sûr
qu’un jour viendra où l’Homme ne sera plus aveugle et qu’enfin, il apprendra à
regarder avec son cœur…
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