J'ai brisé l'encrier, j'ai dû y plonger ma plume trop
fort, trop de choses à écrire, trop peu de temps pour le dire, j'ai choisi la
violence et ma plume est cassée, j'ai choisi la haine et mon encrier est brisé,
on fait tous des erreurs. Mauvais choix ou choix primaire, instinct de survie
ou supériorité mal placée, un jour vient où la vie se lit dans les éclats qui
ne sont plus de voix, ils montrent une voie, encore faut-il la voir, trop
d'impasses, d'arrière-cours, de demi-tours, trop d'énergies perdues, l'envie
d'avoir envie fuit, s'en suit une vie sans envie, un chemin sans chemin, un
parcours sans amour. Triste. Non, pas plus qu’une vie bien remplie d’émotions,
d’actions, bien occupée en dix mille choses et raisons, nos vies ne sont que ce
que nous en faisons, selon la passion que nous y mettons. Il n’y a de tristesse
que dans l’incompréhension, les êtres mesurent souvent la tristesse chez les
autres à la place d’assumer leurs incompréhensions, il ne faut jamais descendre
de son piédestal, chaque être est puissant, riche de ses connaissances et non désireux
de faire face à ses manques, il est plus facile dès lors de refuser de
comprendre plutôt que d’admettre les différences et donc s’en enrichir. A vrai
dire, c’est plutôt cela qui est triste, non ?
Plus d’encre pour ancrer mes mots sur la page blanche,
livide, lit vide de futurs mots, de futurs écrits, mais non, que nenni sans
encre et sans plume, les mots resteront dans leurs limbes, c’est ainsi. Les
pensées d’un jour non traduites en mots restent abstraites, fantômes hautement
délébiles mais non débiles de nos errements, sentiments et états d’âmes parfois
sans âme. L’encre a giclé, créant un infinité de tâches que les plus grands psychologues
se régaleraient à détailler, à expliquer, à chercher la corrélation profonde
entre le moi, le surmoi, le moi profond, le mou profond, le sens du vent, la
force du vent, la rotondité de la lune ou bien encore l’évolution de la
migration du grand panda roux. Je vais me contenter d’éponger, de ramasser les
morceaux, nettoyer les éclaboussures et voir quelque part partir dans ses
boules de papier absorbant chargées d’encres bleue les mots qui ne seront
jamais. Sans tristesse.
J’irai marcher, mes mots trouvent mieux leurs voies
lorsque je marche, les idées viennent faire un bout de route puis repartent,
les mots volettent et dansent, tourbillonnent et s’enfuient sans qu’on ait pu
les capturer dans les entrefilets des lignes d’un cahier. Il y aurait de quoi
être dépité parfois devant ses belles muses venant vous susurrer au neurone
leurs mots doux puis s’échappent avant que vous n’ayez pu les remercier et
surtout noter ces jolis mots, pourtant, on finit par se prendre au jeu, s’amuser
de ces visites impromptues, puis plus tard, avoir cette pointe d’amertume et de
regret envers tous ses mots à jamais oubliés. C’est amusant de voir comment les
mots sont timides : ils courent se cacher à peine exposés, et nous,
pauvres humains, cherchons nos mots à travers les trous de notre mémoire. Il
n'y a rien à regretter, les regrets ne servent
à rien si ce n’est qu’à perdre son temps dans un passé dépassé et oubliant de
consacrer ce temps à notre présent. Les mots partis sont donc bel et bien
partis, restent à savoir si à l’occasion d’une mot-partie ils reviendront nous
sourire et du coup, nous faire sourire. Marcher est un acte relaxant, riche de
sens, de bon sens, on en oublie la haine, la violence qui se dépose et s’installe
chaque jour un peu plus dans notre société, on pourrait presque dire que
marcher tombe sous le sens.
J'ai brisé l'encrier, j'ai dû y plonger ma plume trop
fort, trop de choses à écrire, trop peu de temps pour le dire, j'ai choisi la
violence et ma plume est cassée, j'ai choisi la haine et mon encrier est brisé,
on fait tous des erreurs mais au-delà des erreurs, on fait tous notre chemin,
là est surtout notre essentiel. De là à
être compris, il y a de la distance, de là à chercher à être compris, il y a
notre indifférence…
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