Les
mots ont un sens, cela tombe sous le sens, il ne viendrait à personne l’idée de
décliner les mots à l’envers quand bien même certains se sont risqué au
verlan. Bien avant eux, d’autres ont su jouer des déclinaisons, mise en lumière
des mots selon un rituel provocant encore de nos jours des cuisantes réactions
sur les bancs de l’école. Les mots ont un sens, toujours, il est même des mots
habiles qui habilement savent travestir leur sens, s’habiller d’ambiguïté et
frôler le non-sens, drôle de sens, double-sens parfois, sens interdit jamais,
il est interdit d’interdire, un mot, même sans son sens reste un mot, alors des
mots ensembles, c’est une démo et non des maux. Jamais. Pour qui aime les
langues, le sens unique des mots serait un non-sens, un enfermement, une
radicalisation nouée à la racine, une fin de non-recevoir pour un jeu sans
ouverture, comment pourrait-on jongler ?
En
fait, les mots ont un sens, mais plusieurs c’est mieux, ouverture au
pluralisme, début des échanges, sans confondre avec le mélangisme ni
l’échangisme, c’est de la pure mixité verbale, des plaisirs semés sur les
lignes d’une page, faire danser les idées sur le parquet des mots c’est ouvrir
l’imaginaire au-delà de la rigidité des formes, c’est oser la créativité à
l’intérieur même de la forme la plus stricte de la langue. Et comme les mots
sont riches, ils emportent avec eux une bandes de sons, parfois mêmes des
consonnes qui glissent et s’inversent au fil des conversations et des lectures,
contrepèteries à l’envie, parfois par inadvertance même s’il arrive que parfois
un jongle tombe à l’eau, un mot à terre, faut-il donc qu’il pleuve pour qu’on
mot à terre se retrouve mouillé ?
Toute
activité a ses maitres, jouer des mots n’est peut-être pas jouer d’un instrument
facile, mais avec un peu de doigté et de patience, avec apprentissage et
persévérance, les premiers jongles sont permis, parfois par mégarde, parfois
par soi-même sans qu’il y eut nécessité de recourir aux gardes si ce n’est les
garde-fous, l’art des jongles peut s’exercer mais avec la bienveillance pour
les spectateurs de l’humour de premier rang, futures victimes en puissance des
dégâts collatéraux inhérent à la chute de plusieurs degré d’un humour mal
maitrisé. On peut rire de tout mais pas avec tout le monde, de là à rire de
tout le monde, il y a un fossé à ne pas traverser. Des maitres, il y en a eu,
il y en a et il y en aura, à chacun de trouver le sien, dans sa propre gamme,
dans ses propres goûts, certains jouent sans attrait, d’autres sans trait, d’autres
sans arrêt ce qui lasse, il faut savoir de temps en temps souffler la machine,
se poser et prendre une grande inspiration avec de repartir sur d’autres notes
de la gamme, sous peine de sembler toujours jouer le même air à mémère.
Des
mots à double-sens ? Il en est. Radar par exemple. Comment ? Et bien,
il se lit dans les deux sens, non ? D’autres double-sens ? Je garde
un faible pour « tu m’as manqué » dont on ne sait jamais si c’est un
manque affectif ou la non rencontre entre deux être, ce qui au fond, revient un
peu au même, non ? Le danger du double-sens, c’est l’accident de ces mots
qui glissent trop vite sur la page, par exemple lorsqu’on lit « je te
souhaite tout le bonheur que tu mérites » comment mesurer le sens de ces
mots sans connaitre la pensée de l’auteur de ces mots ? Mais quel est donc
ce mouvement de recul ? Aurais-je jeté un froid par ces mots-ci ?
Nous sommes loin du grand frisson de la première lecture, désormais vos sens en
éveil vont scruter chaque mot lu pour tenter d’y coller le bon sens, chose
simple si le texte est simple et l’auteur de bon aloi, chose plus ardue si le
texte mélange les mots choisis qui le compose et l’auteur plutôt adroit. Bien
sûr, l’auteur peut aussi être de bon aloi et adroit tout en étant gaucher. Bien
sûr, sans citer personne et si t’es personne, au fond, tu n’es pas rien mais tu
es quand même tranquille.
Les
mots ont un sens, un mot reste un mot et ne s’appelle pas Tom, il s’appelle
mot, tout simplement et si certains mots sont longtemps restés anonyme il en
est de célèbre, demandez donc un peu à Cambronne. Je lui aurai bien laissé le
mot de la fin mais je ne voulais pas finir sur une fausse note ni terminer ici
une page prête à être foulée fusse du pied gauche, il y a tant et tant de
porte-bonheurs sans qu’il vous soit obligé de vous torcher les pieds avec ma
prose. De toute façon, je ne suis même pas sûr que cela marchât sans quoi, vous
imaginez bien que vous ne seriez pas en train de lire ce billet, il y a belle
lurette qu’il eut péri, amère destinée, sous mes pas d’infortune et de cela, je
vous en fiche mon billet !
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