Légende de la petite flamme


Selon une légende très ancienne, venant du fond du temps, du fond des âges, venant de nulle part et de partout à la fois, bien avant que les Mayas ne naissent, et d’autres peuples avant eux, la terre à peine sortie de sa gestation abritait les règnes d’en bas, à savoir, le minéral, le végétal et l’animal. Le monde d’en haut, également peuplé de trois règnes envoya une flamme visiter cette planète bleue. Ce n’était pas une flamme ordinaire, sorite d’un briquet céleste, non, c’était une flamme bien vivante, alliant à la vivacité de son feu, la brillance de son esprit, une flamme spirituelle.

Elle débarqua parmi ce monde étrange, et déambula parmi ces drôles d’habitants. Parmi les minéraux, les réactions furent diverses et tellement variées : certains ne bronchèrent même pas d’être à son contact, d’autres fondirent, d’autres explosèrent même en colères dévastatrices, d’autres disparurent en un éclair…. « Quand même étrange ce règne minéral » se dit la flamme.

Quittant ces drôles d’étendues de sables et de roches, elle partit vers cette masse sombre qui barrait l’horizon toujours à la recherche de renseignements et d’amitié sur cette planète pas si bleue. Quelle surprise, à son approche les végétaux se repliaient sur eux, ils se rabougrissaient, devenaient tout noir en dégageant une drôle d’odeur, d’autres s’embrasaient instantanément, tandis que d’autres semblaient résister avant eux aussi de partir en fumée… « Décidément, cette planète n’est pas une terre de relations » se dit la flamme.

Ne se décourageant pas, elle reprit sa route et s’approcha de ces drôles de choses en mouvement, mais, bizarrement, à son contact, soit elles partaient en hurlant, soit elles prenaient peur, soit elles soufflaient fort ce qui avait pour habitude d’énerver la petite flamme au point de la faire sortir de ses gonds et de s’enflammer en un brasier géant, une attitude certes peu amicale, faisant fuir les plus téméraires de ces drôles d’animaux. « Non, cette planète n’est pas pour moi » se dit la flamme.

Elle contacta ses flammes supérieures pour demander son rappel, mais hélas, la communication passait mal et les seules instructions qu’elle reçut furent de prolonger son séjour et de réussir, coûte que coûte à établir le contact. « C’est facile de prendre les décisions lorsqu’on est loin » pensa-t-elle. Mais la flamme avait plus d’un tour dans son sac, aussi elle en sortit un costume, ni tout à fait animal, ni tout à fait végétal, ni tout à fait minéral, une peau d’Homme dont elle s’habilla. Grace à ce costume, son feu ne brulait plus les plantes, certains animaux daignaient s’approcher et elle réussit à en domestiquer quelques uns, tandis que la roche se troua pour lui offrir un abri. « Décidément, cette planète est bien accueillante, je n’en partirai que lorsque mon costume sera usé » se dit la flamme.

Et ainsi vécu la flamme sur terre, cachée dans ses habits d’Homme, elle se multiplia et colonisa peu à peu la planète d’autres flammes déguisées en êtres humains. Dans son costume elle reprit les éléments des autres règnes, l’apparence d’un animal, la flore à l’intérieur, le cœur de pierre dit-on, puis elle se plaça au-dessus d’eux, une sorte de trait d’union entre les trois règnes d’en bas et les trois règnes d’en haut. Fidèle à sa volonté, chaque fois que le costume était usé ou irrémédiablement déchiré, la flamme l’abandonnait sur place pour s’en aller rejoindre la planète de ces origines. Et depuis ce temps lointain, chaque femme, chaque homme qui meurt, laisse son costume en dépôt à la terre avant de s’en aller briller dans les cieux sous la forme d’une étoile, pour rester bien visible au monde d’en haut comme au monde d’en bas… 


Chaque étoile est un trait d’union entre hier et aujourd’hui, elle brille pour rappeler le feu d’hier, la lumière d’aujourd’hui, la chaleur d’un demain. 

On porte tous en nous une flamme, ne l’oublions pas et sachons la faire briller sans attendre demain. 

Levons nos yeux vers les étoiles qui brillent plutôt que vers les costumes usés, elles éclairent, mais surtout, elles nous guident vers l’espoir.      

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Pour moi, un de tes plus beaux textes qui m'émeut particulièrement.
Souvenirs d'enfant, remontant le temps, pour retrouver une seconde, cette douce flamme qui ne m'a jamais quitter, qui me protège et qui me guide vers l'avant.
Si tu permets, j'aimerai le garder dans mes archives personnelles.

Merci mille fois.

Natacha.

Didier a dit…

Ravi que ce texte te plaise et qu'il rejoigne tes archives personnelles...

Puisse l'humanité comprendre un jour d'où elle vient et qui elle est...

Bon dimanche et courage dans tes épreuves,

(dj)