Quelle étrange danse que
celle du début et de la fin, un tango envoutant aux rythmes pesant qui vient
frapper d’un pas au moment où on ne s’y attend pas… Une fin dans un début d’année,
c’est soudain, ça fait mal, parce qu’après cette période hors du temps voire
même euphorique pour beaucoup, parce que dans l’enterrement de cette vilaine
année 2012, on rêve à un futur qui ne sera que beau, on espère en des victoires
qui ne seront que belles, sans penser un seul instant que la victoire ne vainc
pas, sans penser que ce début marque une fin, éternelle. Comment croire à ce
vilain tour du destin, entre deux lueurs d’un infime espoir, comme croire à une
pareille espièglerie, un rendez-vous manqué, un départ volé, un voile froid
jeté sur des vies ? Il est encore trop tôt pour mesurer l’ampleur du vide,
encore trop pris dans ces tourments de paperasses, d’administratifs, d’actions
presque en mode réflexe, de coup de fil, de messages, de dates et de
rendez-vous qui s’empilent dans un court laps de temps, mais pourtant, chaque
pas effectué est un pas sans sons pas habituel, chaque regard sur la demeure
familière respire déjà ce vide, un vide qui se comblera plus, parce que cette
sortie de clinique est belle et bien la dernière.
Certes, c’est ton corps
qui s’en va, c’est ton enveloppe terrestre qui part, mais même si l’esprit
reste et restera, même si les pensées iront souvent te chercher, même si les
objets peuplant nos vies auront un parfum de ta vie, c’est quand même cette
voix, cet accent, cette douceur, cet amour qui file avec lui. Je ne sais pas
comment, mais je sais qu’encore nous converserons, et si tu es partie en
laissant un sourire sur ton visage, c’est peut-être pour qu’au-delà de la
tristesse première, nous ne retenions que ces sourires ces rires, ces amours,
ces humours, ces douceurs et ces délices, ces plats, ces desserts, ces
attentions, ces tendresses, qui ont donnés à nos vies des reliefs somptueux,
des envies de vivre, des envies de cuisiner, d’apprendre et d’espérer. Peut-être
bien aussi que ce sourire et ces yeux mi-clos, ce sont un joli pied de nez à ce
putain de crabe qui né de l’amiante prenait un plaisir insistant à ce faire
souffrir, à te laisser subir traitements et traitements. Peut-être bien aussi
que de ces traitements tu t’es usée, les rayons peuvent être tout autant de la
mort que de la vie, et leur cousine chimio n’est en pas meilleure, on détruit
est espérant détruire que le mal, mais parfois, le sain en est touché en son
propre sein. L’art de l’homme est de tout démonter dans les aléas du passé pour
s’en faire un présent ou une vision de présent, mais au fond, à quoi bon ?
Refaire le monde n’est pas revenir en arrière et t’entendre parler ni t’attendre
pour enfin fêter tous ces rendez-vous manqués, anniversaire, noël, jour de l’an,
anniversaire….
Dire que l’on est cueilli
à froid n’est pas peu dire, mais nous ne sommes pas des fleurs, ou du moins,
des fleurs que nous serions, c’est la plus belle, la plus jolie, la plus tendre
qui nous a quitté. Au revoir maman, j’attends de tes nouvelles, j’apprends à
dire adieu à ton corps. Merci de tout ce que tu m’auras appris, merci, du plus
profond de mon âme.
Ton petit garçon.
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