Net pas net


Il y a en tout un homme un cochon qui sommeille, et si l’homme est un démon, la femme préfère l’homme qui l’habite. Serait-ce du lard ou du cochon ? De l’art ou du brouillon ? Qu’importe, l’expression, de la même façon que monsieur Jourdain, le célèbre bourgeois gentilhomme de non moins célèbre Jean-Baptiste Poquelin dit Molière, faisait de la prose sans en avoir l’air, chacun est à même de faire de l’art  sans en avoir l’air ; Doit-on considérer pour autant que l’art est un sujet terre à terre ? Que serions-nous, pauvres poussières qui errent des vies entières, tels de pauvres hères sur cette planète terre sans l’air, l’eau, le feu et la terre ?

L’essentiel, comme je l’ai acquis de la bouche d’un de nos grands dirigeants récemment, est de faire son travail sérieusement sans se prendre trop au sérieux. Voilà qui sied à la vision qu’il me semble correcte de porter aux choses, qu’elles fussent détentes ou bien laborieuses, qu’elles soient dilettantes ou studieuses, les accomplir sérieusement sans se prendre au sérieux, me parait la voie la plus accomplie pour profiter pleinement, non pas que du but ultime de la randonnée, mais aussi de jouir profondément de la totalité du parcours. Faire de l’art pour faire de l’art, est-ce une fin en soi ? Peut-on s’accomplir en cela ? Finalité financière, encore qu’il faille vendre ses créations, Boulimie expressive qui vomit une à une ses graines à l’envie, muse féconde qui jette à la volée sa semence aux oiseaux, artiste de bout de chaine, catégorie interprète, je prends ce qu’on m’écrit, j’apprends, je déclame, je chante, je lis, je jette. Hasard des nouvelles, lectures à l’écran, un jeune artiste de neuf ans qui peint toiles après toiles, dans une technique telle qu’on le rapproche du grand Monet, et dont les toiles s’arrachent de par le monde en des sommes indécentes, voilà qui interpelle et laisse songeur, eut égard aux grands artistes de notre patrimoine qui crevèrent la dalle, non pas de l’écran LCD, mais celle de la fin, celle de la misère, leurs toiles parfois offertes contre un bouchée de pain, un verre de mauvais vin, se sont vendues bien après leur mort à des prix qui ne cessent de grimper. Comme quoi, tout va plus vite de nos jours, sitôt peint, sitôt vendu, à contrario d’un sitôt peint, sitôt pain. Alors, géni ? Intox ? Opération commerciale ? Singe savant ? C’est cela notre époque merveilleuse, on singe sur une chanson tout en prenant soin de se filmer, un petit chargement sur le web et quelques clics plus tard, amplifiés par les réseaux sociaux, le bouche à oreille, clic après clic, la popularité nait et sa compensation financière arrive, conséquence loyale et légale du star-système. Les droits d’auteurs ? Euh, voir petits caractères tout en bas, mais rassurez-vous les organismes veillent et la manne financière afflue aussi vers là. Singe savant ou savant singes ?

C’est que la toile a bien changé, non plus seulement blanche tendue sur son cadre de bois, mais désormais plate et froide tendue sur des milliers de connexions, que dis-je des milliers, des milliards de connexions, on publie ici, c’est lu à l’autre bout du monde, vaste réseau qui relie les hommes, permet de pouvoir dire bonjour à son voisin de palier sans sortir de son cocon, voilà qui pallie à la non-communication de voisinage. Gare aux effets de bord, on publie ici, c’est repris ailleurs, pire, c’est transformé, enjolivé, déformé, les récents événements de Toulouse suivis sur le net minute par minute ont montré la querelle verbale des journalistes qui à qui mieux-mieux ont nourris de sensationnel de plus en plus proche de l’inexact et de l’inexistant, les informations vite lues et vite digérées par le monde. Etre le premier, vouloir être le premier fait parfois naitre des sentiments peu louables, sorte de dopage par l’invention d’une information commençant à flétrir. De plus en plus, il faut être apte à lire, à prendre le sens des mots, avoir le recul nécessaire pour savoir poser la souris, sortir du cercle vicieux de ces informations viciées, laisser place à son libre-arbitre. Et c’est pareil sur bon nombre de forum, et même sur la grande encyclopédie enrichie par tous, le dernier qui parle a raison, même lorsqu’il publie à tort. Toujours garder la tête froide et l’esprit critique, sortir de ces logiques inverse au mikado, qui incite à publier et à surenchérir, là n’est pas l’information, là n’est pas la discussion, là n’est pas la vérité. Alors, du lard ou du cochon ? Après tout, cochon qui s’en dédit, non ? En retournant à nos moutons, le descendant de ce brave monsieur Jourdain pourrait aujourd’hui dire : « il est de bon ton de faire sur le net de l’information sans en avoir l’air ».

Il est surtout un bouton qui y fait place nette : Off.      

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je ne peux qu'approuver...

Natacha