Effet papillon, un mégot jeté, des hectares en fumée,
et surtout, des vies détruites. Non, je ne m’attarderais pas sur la cause, je
ne vais pas mégoter, cela aurait pu être aussi bien une escarbille de barbecue
comme l’a vécu le massif de la Clape il y a quelques années, ou bien encore un
feu d’artifice, un tesson de bouteille quand ce n’est pas une bouteille entière
oubliée en chemin qui fait loupe sous le soleil estival, bref, tant de raison
qu’il ne sert à rien de focaliser sur l’acte fumeur ou fumiste, mais plutôt,
sur le panier qui regroupe la totalité des causes potentielles : la
négligence humaine pour ne pas parler d’inconscience. Combien de fois en
randonnées, en simples balades, en promenades même urbaines on trouve des
traces de passages de nos contemporains ? Papier, autres déchets, futurs
émetteurs d’étincelles prêtes à mettre le feu aux poudres, là, c’est l’hiver
très sec qui a mis la nature en poudre, réduit la végétation aux fagots
d’allumage, ajouté un facteur risque dans une époque qui ne demande déjà pas
tant. Je ne fais pas le procès des actes commis, délibérément ou non, juste
chagriné de trouver encore et toujours des traces non naturelles dans des coins
de natures, des restes humains qui ne sont pas venus tout seul. Zut à la fin,
une bouteille vide pèse moins lourd que la bouteille pleine qui fut du voyage
aller, et puis, quand l’être humain comprendra-t-il enfin qu’il n’est jamais
qu’un être parmi les êtres ? Qu’il se pollue lui-même en se servant de la
nature comme d’une vaste décharge à ciel ouvert ? Quand la prise de
conscience viendra-t-elle ?
En attendant, il est interdit de randonner dans les
allées sombres des pinèdes du bassin méditerranéen, dans la Clape, autour de
l’abbaye de Fontfroide, et je frémis à la lecture des informations dénonçant
ici et là des incendies, Hérault, Aude, Pyrénées-Orientales, Espagne,
Haute-Garonne, Gers, notre région brule en silence, et dans ce feu, ce sont des
vies qui disparaissent, des générations de labeurs qui partent en fumée, la
lente évolution des espèces réduite en cendres.
Ce n’est pas l’interdit qui m’interdit, c’est de voir ainsi la terre
brunir, même si je sais que le végétal reprendra ses droits, aidé ou non par
l’homme, puis l’animal reviendra, ceux qui auront fuit, ceux qui viendront coloniser
ces espaces nouveaux, mais il faudra du temps pour que s’éclaire à nouveau de
vert les coins noirs du deuil des ces derniers actes. Puisse ce spectacle
désolant servir d’éveil, nous sommes tous responsables, nous sommes tous
locataires d’une terre qui ne nous appartient pas, elle appartient aux
générations futures, que voulons-nous leur léguer ? Un geste banal,
anodin, un oubli, un abandon, un jet, c’est un pan de géographie qui disparait.
Volontairement ou non, une fois le processus enclenché, il est tard pour
comprendre l’imbécilité du geste, le risque provoqué, mais pas trop tard pour
corriger les suivants. Des coupes feux, des échappatoires, des axes de secours,
le traitement des conséquences apportera son trousseau de solutions, on voit
toujours mieux après. Après ? C’est aujourd’hui, c’est demain, c’était
hier, qui sommes-nous si nous n’entendons pas ces messages de la terre qui se
blesse de nos coups répétés ? Les pluies manquent et furent rares. Les
réserves basses, les nappes phréatiques démolies par des forages trop profonds,
par des gros chantiers trop impactant
pour l’environnement. Se privera-t-on d’eau au robinet chez soi ? De son
bain ? De sa douche ? De laver sa voiture ? Les ressources
naturelles ne sont pas éternelles surtout si nous jouons aux apprentis
sorciers, de trouer, de creuser, de forer, de détourner, à trop jouer les
pirates, nous serons un jour en voie d’être éjecter. Il est temps d’agir. De
comprendre. D’entendre. D’être. Etre tout simplement, être humain, terrien,
respectueux de sa planète.
Courage, non, conscience. Par là passe nos vies futures
et les vies de nos futurs.
2 commentaires:
Bien dit.
Proverbe indien :
"La terre n'est pas un don de nos parents, ce sont nos enfants qui nous la prêtent."
Natacha
Quelle pertinente et rageuse rebellion.
Un lancer outrageusement banalisé dans l'inconscience du tragique.
Un geste horriblement égoïste pour ne pas encombré le cendrier de mégots, alors on jette,on balance d'un geste dédaigneux,
sans état d'âme ! avec parfois, d'abjects raisonnements "Quelqu'un ramassera, je paye des taxes" Quelles attitudes individualistes de nos jours et que d'incivilités,au prix de vies humaines, de carnages auprès de
Dame Nature. Restera-t-elle indifférente ?
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