La photographie comme passion


La photographie comme passion, dans la limite de ce qu’est une passion…parmi tant d’autres, c’est-à-dire, non dévorante, non preneuse de tout son temps, non aveuglante, non obsessionnelle, parce que de mon point de vue, la vie est unique, très certainement comptée, bien que nous ne connaissions le compte qu’à la fin et qu’il nous est donc impossible d’en établir un décompte ; Là est mon credo, je crois en la vie, simple et unique, riches en partages, en échanges, en multitude d’actions, de loisirs, d’activités, de gouts, de variétés, et que s’il m’est permis de vivre en passionné, ce ne peut être d’une seule passion. Pourquoi ? Comment ? Est-ce la raison ou bien la conséquence de mon côté touche à tout ? Est-ce aussi la faculté de capturer et de stocker bon nombres de souvenances, je ne sais pas, toujours est-il que j’aime la photographie parmi l’éventail de choses que j’aime, qui me passionnent, que je fais, et qui du reste croisent forcement le chemin de la photographie. Mais avant tout, soyons à l’aise, si j’aime la photographie, je ne prétends pas être photographe, tout juste utilisateur de ces merveilles de technologies qui nous permettent de capter des instants et dans ces instants, des tranches de vies des tronches aussi, parfois. J’ai la chance d’être né dans une époque où la technologie avait suffisamment évoluée pour ne pas avoir à transporter ces kilos de matériels, de devoir faire prendre la pose durant de longues minutes d’impression, bref, d’être autonome, dans l’instant, dans le geste, dans l’action.

Certes, mes premiers pas photographiques avaient pour matière des pellicules photos montées sur de grand rouleaux qu’il fallait amorcer sur un cylindre métallique, puis s’assurer que le chiffre de la future photographie soit bien aligné avec le repère du boitier et enfin, cadrer, et appuyer dans un déclic mécanique et définitif, résultats aux prochains développements avec les surprises, bonnes ou mauvaises, avec le creusement des neurones pour se rappeler où et quand cette image noir et blanc avait été prises, bref, toute notre vie du siècle dernier, lorsque nous avions encore le temps d’avoir le temps. Vint ensuite la magie d’un tout petit rectangle aux pellicules en cartouche, « pocket instamatic 110 » qu’il s’appelait, avait flash en cube, et même, excusez du peu, pied de flash pour flasher de plus haut. Boitier recouvert de simili cuir marron, on faisait tout de même de belle chose en ce temps-là ; Il fut remplacé par une version plus moderne, boitier plastique noir à flash incorporé, qui fut je l’avoue mon grand compagnon de colonies, version ado puis moniteur comme on disait alors, et ce petit bijou de technologie pour l’époque n’avait pas son pareil pour prendre sur le vif ces enfants en jeux, ces délires colorées de nos grands défis pédagogiques. Je me rappelle les retours de colonies, la semaine d’angoisse entre le dépôt de la dizaine de pellicules vingt-quatre poses couleur, iso cent, deux cent ou quatre cent et la restitution épaisse parfois pales suite aux bains fatigués des laboratoires submergés par les retours de vacances de ces rectangles dix quinze qui dorment surement toujours dans des albums et des boites à chaussures. J’ai connu ensuite la joie de l’autofocus à zoom incorporé de quatre-vingt-dix, et la technique de placement du focus pour la mise au point, un seul point, une seule mesure et résultat là aussi après développement de ces pellicules en rouleaux façon pro,  vingt-quatre trente-six, jouissant par contre de trente-six poses, n’allez pas mal comprendre.

Et puis un beau jour, le passage au numérique, un premier boitier, étanche et anti choc, il fallait bien ça pour mes sorties sportives, riches de trois millions et demi de pixels, chose que je n’ai jamais vérifié, et carte mémoire et surtout, affichage façon timbre-poste avant de mieux voir sur l’écran. Là encore, subtilité des mesures de focus, mais régal et mitraillage gratuit, séquence émotion pour les laboratoires toulousains que j’ai déserté financièrement, séquence plaisir d’engranger des images qui ne dorment plus en album ni boite à chaussures, mais au chaud sur un disque dur, parfois même sur dvd lorsque les sauvegardes ou les copies sont effectuées. Puis vint s’y ajouter, les deux sont complémentaires et n’ont pas le même niveau de fragilité ni même possibilités, un superbe bridge de douze millions de pixels, avec un zoom de dix-huit fois, et surtout, multi faisceaux de focus, ce qui engendre les choix et donc les hésitations, parfois les crises lorsque le sujet est mobile. Je pense alors aux photographes animaliers, mais comment font-ils ? Doit-on se déguiser pour disparaitre dans le décor ? Désolé, je n’ai pas de tenue de bourdon ni même de papillon ; Dois-je m’habiller en homme grenouille pour prendre en photo ces bruyantes habitantes de mon bassin ? Alors, je peste parfois, je mitraille toujours, je découvre après que la lavande est plus nette que le papillon, et quelque fois, je découvre avec plaisir une très belle photo, du moins, une que je considère comme telle, et même telle quelle, sans retouche, sans jeux de couleurs ni même filtrations numériques, parce que c’est ainsi que je vis, simple, naturel, réel. Clic-clac, l’oiseau est sorti, la photo est prise….


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