Soyez neuf


Neuf secondes, c’est court et c’est long à la fois, c’est le temps qui suspend son envol, c’est le temps de la surprise, bonne ou mauvaise, le temps de non réaction, le temps d’incrédulité.

Neuf minutes, c’est toujours court tout en étant plus long, la phase d’atterrissage, la réalisation que la surprise, bonne est mauvaise se range désormais au rang des choses établies sur lesquelles on ne peut revenir, voilà, c’est fait, c’est ainsi, c’est arrivé.

Neuf heures, ça peut paraitre court, ça peut paraitre très long, c’est la phase d’euphorie ou bien d’abattement, la fusion de ce magma d’idées se mélangeant aux souvenirs, une sorte de film qui se construit à l’envers, qui cherche ses séquences dans les bouts de pellicules jetées au paniers des neurones endormis.

Neuf jours, court, long, allez savoir. Il y a dans ces neufs jours, une forme d’obnubilation, une synthèse des événements, une réflexion, une appropriation, une phase d’intégration, une phase d’acceptation. Ce travail là est difficile mais nécessaire, qu’il soit travail de deuil ou bien acceptation de cette nouvelle vie qui démarre par le cours des événements. 

Neuf mois, difficile de trouver cela court, ça peut paraitre long, mais au fond, tout dépend du pourquoi, du comment, de l’échelle du temps. C’est une phase de construction, de renaissance, voire même d’évolution conduisant à la naissance. Oh bien sûr, dans le chapelet des jours qui composent ces neuf mois, il y a des rayons de soleil et des jours de très froid, parce que la vie ne nait que par la complétude des choses et des possibles, rien n’est jamais bancal.

Neuf ans, un cap, long, court, un cap au long cours. A l’échelle de nos vies, c’est une belle phase, dont on ne peut sortir que riche. Un cycle d’évolution, de prise en compte, de perceptions, de leçons, de découvertes et au bout du compte, de découverte de soi, d’apprentissage de soi, de ses possibles, de ses possibilités, des réalités, des impossibilités, d’un vécu qui ne vit que par l’énergie qu’on y met, des attentes inutiles, des abandons futiles, des incompréhensions, jusqu’à ce qu’un jour la lumière pointe à l’horizon, celle de la conscience et de la prise de conscience. 

Neuf siècles, là déjà, c’est du long, tout en étant court c’est vrai, à l’échelle de l’univers, de la terre, de la vie autre réduite à son corps physique. C’est aussi un cycle, et même si l’Homme se réduit trop souvent aux formules magiques, aux grands bouleversements que sont les alignements de zéros comme s’ils étaient porteur d’une quelconque perfection, que ce soit l’an mille ou bien deux mille par exemple, célébrés dans la peur, l’insouciance, la défiance, c’est pourtant un cran avant que le cycle se régénère et se poursuit dans son cent neuf, dans son neuf cent, dans son sang tout neuf. L’évolution d’un corps astral qui renait sous d’autres formes.

Neuf millénaires ? Cela va vous paraitre long si j’ouvre ici le sujet, pourtant, cela reste court. Je pourrais commencer en écrivant par exemple : « il y a neuf mille ans de cela, cette vaste étendue de sable désertique que nous nommons aujourd’hui Sahara, était une vaste plaine fertile. Sur les bords d’un fleuve majestueux que nous nommons aujourd’hui le Nil, c’est l’histoire d’un peuple qui commence, ce peuple que nous appellerons plus tard les égyptiens, et avec eux les bases les plus aboutis de toute notre science, qu’elle soit mathématique, astronomique, astrologique, géographique, médicale, philosophique voire même religieuse. … » Serait-ce là le début de notre humanité dans sa forme actuelle ? 

On aura beau dire, quel que soit le vecteur du temps que l’on mesure, c’est court et c’est long, suivant l’action et l’inaction, parce que le temps est ainsi fait qu’il se joue à géométrie variable selon les épisodes de la vie dans lequel on le compose. En fait, c’est ça, le temps est invariable mais c’est nous qui le percevons différemment, selon nos attentes, selon nos envies, selon notre évolution, notre positionnement dans la vie. L’enfant qui guette impatiemment le soir magique du vingt quatre décembre mesure-t-il le temps de la même façon que l’adulte qui en a perdu la saveur magique ? En fait, le temps est lié à la magie du moment, à la magie de nos vies, mais il est une condition : oublier de voir la magie comme une chose négative, oublier les procès en sorcellerie, en quelque sorte, retrouver son regard d’enfant sur les choses, ce petit être tout neuf, qui ne peut porter qu’un regard neuf sur la vie. C’est cela la magie : soyez neuf.   

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