Non mais, c’est quoi qu’il se passe là ? C’est
quoi ce soleil et ce ciel bleu à l’affiche depuis déjà plusieurs jours ?
Mais c’est qu’il ferait chaud en plus ! Du coup même les autos se
déshabillent, voici venu le temps de sortir les cabriolets et de rouler cheveux
aux vents, enfin, pour ceux qui en ont, euh…je parle de cabriolet bien sûr, non
mais, on est passé à un cheveu du pas correct là… Question de mode ? De
quoi la coupe courte ou le coupé cabriolet ? Disons qu’à l’origine
l’automobile était plutôt déshabillée, peut-être parce que la confiance dans le
produit est arrivée bien plus tard, et qu’il valait mieux être capable de
sauter en marche, imaginez donc, un moteur à explosion, si ça venait à
exploser ! Question de réchauffement climatique ? Non plus, puisqu’à
l’époque de nos aïeux on semble nous laisser penser qu’il faisait bien plus
froid ce qui n’empêchait pas l’automobile de l’époque de se parait de toit de
toile, voire même de carrosserie entoilée, jusque dans des temps pas si
lointains au fond, j’en veux pour preuve cette belle invention que je connais
tout de même un peu qu’est la 2cv ; Née avant guerre, commercialisée
après, après des années de sommeil, de cache et de destruction des nombreuses
préséries ou plutôt, première série, vu le nombre, elle fut construite sans
évolution majeure d’un point de vue carrosserie jusqu’à sa fin de fabrication à
l’aube des années quatre vingt dix. Bref l’automobile est née sans toit, et
j’avoue que c’est quelque chose de plaisant. En matière de cabriolet, cela fait
quelques temps déjà que j’expérimente ce genre de sensation, en fait, peut-être
même avant mes premiers pas, certes, mon automobile n’acceptait de se déplacer
que par la force des mollets, pieds au sol ou bien à fond sur les pédales, puis
vint l’âge et l’expérience, celle de la conduite électrique. Forme épurée,
rondouillarde muni d’un manche à balai dans son arrière-train qui n’était pas
encore antenne de cibiste de la première heure mais plutôt guide d’un frotteur
s’en venant cueillir la fée électrique scotchée à un grillage à poule servant
de plafond. Que de rires et de chocs sur ces auto-tampons !
Il a fallu attendre, patienter, des années de toits
durs, des générations de véhicules, pour qu’enfin je puisse retrouver mes
sensations de jeunesse, enfin, à l’exception des auto-tamponneuses, merci. La
première fut en plastique, pardon, en acrylonitrile butadiène styrène, plus
connu et on se demande pourquoi sous le vocable d’abs surtout dans ces temps
pas si lointain où bloquer les roues au freinage n’était pas forcement vécu
comme une hérésie ou un drame. Une sorte de jouet, taille adulte, enfin, pas
trop adulte, pas trop encombrant comme adulte, d’un style épuré, genre caisse à
savon de nos jeunes années, celles où prenant une bonne caisse en bois, on y
fixait quatre roues avant de s’en aller dévaler les pentes des plus grands
circuits. Bon, les grands circuits, c’était dans la tête, les grandes pentes
n’étaient pas non plus énormes et tant mieux, parce que dans le design épuré de
l’objet, les freins avaient été oubliés. Bref, ce jouet-ci, ça reste du carré,
du nervuré pour faire plus rigide et solide, de l’abs teinté dans la masse, à
l’abri des rayures et des petits chocs, en quelque sorte de l’auto de baroudeur
prête à vous amener au bout des pistes, sous réserve de ne pas vouloir faire la
course, et d’accepter ce charme bucolique d’un autre temps où la vitesse était
dépassée, le plaisir vibratoire et olfactif. Comme en ce temps-là, les normes
n’étaient pas énormes, le camping à la mode, voilà un réseau de tube de toile
de tente, tendu dessus un drap de coton avant de devenir du drap de caoutchouc
et le cabriolet devenait camionnette, une sorte de camping-car avant l’heure.
Avantage, ce joli bricolage se démonte et se remonte à l’envie et aux envies de
moduler ainsi son carrosse, une clé de quatorze pour tout outillage, c’est
quand même le pied. Quelques accessoires en dur pour passer l’hiver, mais c’est
bien là en été qu’il fait bon rouler tout déshabillé, je parle bien sur pour la
monture. Quel bonheur, de naviguer ainsi, naviguer, oui, ça tangue un peu
parfois mais ça rajoute aux plaisirs en trois dimensions, et même en cinq sens,
parce que l’ouïe se retrouve chatouillée par le bicylindre rugissant, le
toucher alterne le plastique du volant avec celui de la boule de vitesse, la
vue cherche sa ligne d’horizon sous la barre du haut de pare brise, le goût,
bon là, c’est plutôt celui des jeunes années qui revient, mais l’odorat, quel
pied ! D’abord ce doux mélange de plastique chauffé auquel se mêle les
effluves d’essence ou d’huile selon les régimes et surtout les changements de
régime, ça, c’est la base, la rythmique du morceau. La symphonie commence par
le jeu des solistes de dame nature, ici l’odeur prenante d’un champ de colza,
là, les foins coupés, puis c’est un feu d’herbes qui domine, avant de retrouver
les effluves d’une ferme, ou l’odeur d’un sous-bois. Le vent qui joue sur la
peau, les cheveux, qui fait résonner la carrosserie légère, voilà, c’est ça le
charme du cabriolet. Et puis, la climatisation en phase avec les éléments, on
sent mieux les différences suivant les tunnels, les montées, les passages à
l’ombre et même les rampes d’arrosages débordant sur la route sont très bien
ressenties. Bon, oui, il y a quelques inconvénients, du style de cette prise
directe des rayons solaires sur les parties dénudées de votre anatomie, qui
plus est en vue plongeante, et comme vous roulez agréablement ventés, vous ne
ressentez rien de cette cuisante expérience jusqu’à l’arrivée à destination.
J’allais dire le seul point noir sauf que celui-ci est rouge plutôt.
Bref, une vraie bête à plaisir cette voiture-là, et
même un gros jouet, d’ailleurs, là, il fait beau, il fait chaud, je file faire
une virée sur les petites routes de campagnes autour…. Je vous amène ?
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