Coup de soleil

Ces jours-ci, le soleil brille par son absence, enfin, c’est ce qu’on dit parce que sans soleil, il ferait nuit, non ? Disons plutôt que le soleil est caché derrière une belle couche de nuage, pas encore pleureurs, se contentant de menacer, colère enfantine à se rouler par terre pour obtenir ce qu’ils désirent. Mais que désire le ciel, si ce n’est la quiétude des hommes ? Nos ancêtres devant tant d’insistances célestes, eurent l’idée d’instituer des sacrifices afin de calmer les dieux des cieux. Bonne ou mauvaise idée ? Cela dépendait du côté duquel on se situait, mais j’ai bien peur que ce fut autant de sacrifices inutiles, ôtant la vie de jeunes vierges pour un ciel qui n’en avait cure….. Les archives des journaux de l’époque ayant disparues, nous ne pouvons en lire l’efficacité du procédé, n’en déplaise aux oracles au désespoir de leur vieillesse ennemie, réclamant ces actes de barbarie pour éviter les foudres d’un ciel soudain devenu sombre. Autres temps, autres mœurs, depuis nous sommes équipés de paratonnerre, de satellites, d’antenne, de gps, de prévisions météorologiques, ce qui a sûrement contribué à l’extinction des jeunes vierges ou du moins à des sacrifices fort différents les concernant…. Elles offrent depuis leur corps à la puissance des rayons solaires, parfois même aux rayons violets de soleils artificiels, le doré de la peau étant devenu au fil des siècles, symbole de bonne santé, outil de séduction, nouvelle religion dans notre nouvelle époque. Le soleil retrouve donc sa place de dieu. Vénéré de tout temps, utilisé, craint, il est le symbole du pouvoir, de par la puissance de son feu.

Fonction première, éclairer et chauffer le monde, faire fondre la glace qui enveloppait notre planète, faire jaillir la vie en chauffant ce fameux bouillon de culture d’où nous sommes issus. Des égyptiens à Louis XIV, il fut symbole de puissance, dieu rayonnant allié du pouvoir qui d’un seul coup se sentait pousser des ailes, volant au-delà des hommes, devenant l’équivalent des dieux, privilège réservé à l’élite, Icare y a laissé ses plumes d’avoir côtoyer de trop près cet astre fort reluisant…. Le soleil. Son absence nous perturbe, sa cuisante présence nous brûle, nous restons éternels insatisfaits de nos conditions de pauvres terriens, alors même que notre planète tourne autour de cet astre, s’en servant pour décompter notre temps ici bas, rythmant nos jours, dénombrant nos années. Acteur immobile, référence dans l’univers, il attire et irradie, il réchauffe nos vies, influe nos climats, nos constructions, l’énergie de nos corps comme celle de nos maisons. Et puis, c’est bien connu, chacun cherche sa place au soleil, non ? Se mettre en lumière, sentir la chaleur sur sa peau, jouer les lézards, c’est si bon, si intense qu’on se laisse parfois prendre au jeu pour finir par rôtir et se retrouver écarlate, victime d’un coup de soleil. Bon, cela dit, c’est un coup d’éclat comme un autre, et il n’y a pas de quoi rougir…enfin, si ! C’est même un souvenir cuisant qui permet de bien se souvenir du soleil même au cœur de la nuit. Du rouge qui donne une nuit blanche, de quoi vivre une nuit haute en couleur.

Chacun cherche son soleil, cet être dont l’absence nous perturbe et la présence nous éclaire, nous brûle d’un feu plus ou moins ardent, ce doux soleil qui sait à lui seul illuminer nos vies jusque dans les jours de gris, allumer nos nuits jusqu’à les rendre blanches et passionnées. Quelle autre image aurait-on pu prendre ? Il n’y a pas meilleur symbole flamboyant, brillant et brûlant, éclairant aussi intensément et d’une telle influence sur la vie. Ce n’est pas pour rien que les grands de ce monde ou du moins, ceux voulant être assimilés à la grandeur de l’astre, s’associe son image ; De Gaston Phoebus au roi soleil, de Râ le dieu solaire égyptien au temple solaire, l’histoire est peuplée de cette association, avec plus ou moins de bonheur, mais toujours à la quête de profiter de l’image de puissance et même, de puissance absolue. Au-delà des mots, au-delà des images, au-delà des symboles, le soleil reste notre icône, notre élément nécessaire à la vie. Un élément ? Tiens donc, nous n’aurions pas quatre mais cinq éléments ? A moins que le soleil ne soit l’élément fédérateur des quatre éléments de base ? Dans ce cas, cela pourrait aider à mieux comprendre la symbolique du Lauburu dans sa représentation discoïdale, les quatre éléments tracés sur le cercle solaire, résumant tout ce qui est nécessaire à la vie, la terre, l’eau, l’air, le feu le tout…sous le soleil !

Retour à la vie, la terre boit l’eau du ciel, l’air souffle les dernières feuilles, le feu brûle dans la cheminée, et le soleil brille par son absence…enfin, il brille sous son voilage de nuages pas si légers que cela…. En résumé, dans ces jours qui pourraient passer pour être tristes et gris, nous avons tout ce qui est nécessaire à la vie, et c’est bien cela qu’il faut en retenir. Alors, hauts les cœurs, profitons de la vie, profitons du soleil, de la météo....
Aujourd’hui il fait très beau !

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