Saturnin


Aujourd’hui, saint Saturnin, alors bonne fête aux Saturnins !

Comment ne pas voyager dans les temps ancestraux de l’enfance à l’évocation de ce prénom ? Multiples facettes, il y aurait celle, par exemple, de la jeunesse regardant sur la première chaine en noir et blanc les aventures d’un petit canard portant ce prénom…. Vous souriez ? Tiens, vous connaissez ? Et oui, c’était un temps d’avant les monstres, les robots, les violences inter-héros. Qu’est ce qui distrayait alors le jeune public et le public resté jeune ? Des marionnettes, filmées image par image, sorte de desseins animés où le manège était enchanté ou bien encore nous visitions la maison de toutou quand ce n’était pas Aglaé et Sidonie, Saturnin, bien sur, Nounours et tant d’autres…. Allez, avouez, des mélodies vous reviennent en tête… Des images, des couleurs en dégradé de gris, avant des couleurs plus seventies et Casimir… Raconter à la jeunesse actuelle que le cul sur une chaise en bois après avoir calé la fréquence du poste sur la première chaine, encore en huit cent dix neuf lignes, ajusté le son car dans ce temps pas si lointain, nous n’avions ni zapette, ni portable, ni tablette, dessiner se faisait à la main, crayons de couleurs ou feutres sur papier, bon, ok, parfois papiers peints, mais juste une fois parce que ….souvenir cuisant…. En ce temps là l’ardoise était noire et la craie blanche, l’éponge n’avait de magie que de se gorger d’eau et d’en mettre partout, le pschitt n’était pas encore une drogue ni même une fanta –sie…. Et nous ? Et bien nous vivions heureux, satisfait d’un gouter quatre étoiles en tranches de pain et barre de chocolat à faire frissonner un pingouin sortit du réfrigérateur, la menthe à l’eau était exquise et nous aux anges sans se vautrer sur d’inexistants canapés….  Alors, oui, merci Saturnin d’avoir donné de la couleur à nos jours d’enfance !

Un autre Saturnin célèbre ? Ah mais oui, sans quoi, comment pourrions-nous évoquer la belle et grande ville rose ? Que serait Toulouse sans saint Sernin, raccourci liturgique et littéraire de saint Saturnin dont le parcours en les murs de la cité se mesurer en toponyme, hélas, comme souvent, plus par le supplice que par la vie. Imaginez un peu l’époque, nous sommes en deux cent cinquante, la fin du monde n’est pas pour demain, les romains ont la Gaule, ils aiment les jeux, plutôt du cirque, ils aiment leurs dieux, nombreux, trop sans doute pur en tolérer un de plus venu d’orient, alors pensez-vous, ces prêcheurs venant prêcher la bonne parole et convertir gaulois et gauloises sans mégotter, là, ça ne passe pas, à croire que la fumée les irrite. Un jeu comme un autre, un jeu romain en ce jour qui se veut jour de sacrifice d’un taureau pour la gloire du grand empereur, un jeu qui consistât à attacher le malheureux futur bienheureux Saturnin à la queue du dit taureau, animal dont au fond, on connait mal le côté joueur ou bien son envie de jouer. Les voilà partis, l’un derrière l’autre, du Capitole, temple ancien qui n’était pas alors situé place du Capitole, erreur de cartographie sans doute. La course se déroula par l’actuelle place du Capitole, oui, je sais, ça complique, mais c’est sympa comme endroit et puis c’est comme cela que la transmission orale et troubadourienne s’appliquât, puis, de là, par les rues de Toulouse, en ce temps-là bien moins fréquentées et surtout embouteillées. D’abord la rue de Cahors, devenue depuis, rue du Taur, Taur pour taureau, bien sûr, rien à voir avec Michèle Torr qui aurait sans doute bien voulu l’amener danser ailleurs, où le corps de l’évêque se détachât de son moyen de locomotion, peut-être en l’endroit de Notre Dame du Taur ?  Le taureau, continua sa course folle avant d’être enfin maté dans le secteur de l’actuelle gare Matabiau, Matabiau pour « mate-bœuf », et là, j’avoue ne pas savoir si le taureau est devenu bœuf ou si le langage d’alors ne portait pas aussi bas les précisions sémantiques. Quelques siècles après, la belle et ô combien emblématique basilique Saint Sernin fut érigée, les reliques du malheureux devenu saint y reposent encore.
Quiconque s’en vient à visiter notre belle région, saura apprécier et faire hommage à ces deux saturnins, au saint homme, par la visite de la ville dans son cœur, ses rues, ses ruelles et ses édifices religieux jusqu’à l’architecture de la gare, à l’animal de nos jeunes années, par les produits issus de ses nobles descendances, qu’ils soient grillés, fumés ou bien confits, qu’ils soient au torchons, en terrine, en verrine ou bien poêlés. En quelque sorte, la foi et le foie, ma foi, pour une fois que le choix échoit entre deux mondes qui ne peuvent que ravir les émotions, gustatives, culturelles, visuelles, olfactives, les sens en éveil, entre la chair rosée d’un magret grillé et la brique rose de la ville, comment pourrait-on s’imaginer en péril ? Venez sans crainte, les taureaux sont matés et ne foulent plus le pavé, les matadors sont hors de nos murs, et comme le chante si bien notre troubadour national, Claude Nougaro « L'église St-Sernin illumine le soir, d'une fleur de corail que le soleil arrose, c'est peut-être pour ça malgré ton rouge et noir, c’est peut-être pour ça, qu’on te dit « Ville rose »….ô Toulouse, ô moun païs, ô toulouse !

Viendez z’y !

Adiessas !

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci de m'avoir fait replonger dans mon enfance, ainsi que dans le souvenir de mon passage à Toulouse où j'ai eu le plaisir de te connaitre.
Continu Didier, tes écrits méritent d'être édités! bravo

Anonyme a dit…

Merci de m'avoir fait replonger dans mon enfance, ainsi que dans le souvenir de mon passage à Toulouse où j'ai eu le plaisir de te connaitre.
Continu Didier, tes écrits méritent d'être édités! bravo

Didier a dit…

Merci !