« Errare humanum est » disait (et écrivait) nos
ancêtres latins, ce qui pourrait se traduire par : « erreur humaine
est » ou, plus sérieusement : « l’erreur est humaine ». Et
c’est effectivement très sérieux de mesurer combien l’humain est fragile,
certes perfectible, mais surtout, terriblement humain par ses erreurs. Que
celui qui ne s’est jamais trompé fasse donc la première lettre, encore faut-il
savoir reconnaitre ses erreurs, encore faut-il pour cela, voir ses erreurs. Le
caractère hypermétrope de l’humain l’empêche de voir la poutre dans son œil
alors qu’il distingue très nettement la paille dans l’œil du voisin, les
rapports ne peuvent en être que faussés. Pourtant, apprendre à voir ses
erreurs, apprendre à les corriger, c’est apprendre à vivre, se perfectionner et
grandir. De même qu’il serait froid et dramatique de n’avoir que des êtres
parfaits, n’en déplaisent aux généticiens de quelques époques troubles de
l’histoire. C’est si important l’humain, si touchant et si réconfortant. Je
n’ai pas dit qu’il fallait pour autant se tromper sans cesse, reproduire les
erreurs à l’envie, car tout de même, cela ne donne pas envie non plus. Un juste
équilibre, celui qui nous fait tenir debout, celui qui nous fait avancer chaque
jour sur la corde raide de nos vies, la tête droite et le regard posé vers
l’horizon de notre but, humain, équilibré, serein parce que confiant dans sa
vulnérabilité, apte à mesurer ses erreurs, à corriger son balancement pour
éviter la chute, pour soi, pour l’autre, pour avancer.
Le mode d’emploi ? Il n’y en a pas..un mais plusieurs,
en fait, il y a en a un, propre à chaque situation pour chacun, l’humain n’est
pas une machine et c’est tant mieux ! Une machine est programmée pour
effectuer un certain nombre de tâches sans se tromper. L’être humain, même
conditionné, aura toujours la faculté d’analyser, de réagir, à moins d’être
lobotomiser. L’Homme dispose de ses cerveaux, de sa rationalité pour guider sa
vie. La raison, le cœur, les sentiments sont autant de voix au chapitre, autant
d’influences qui agiront sur le pilotage des actions. Quel bonheur d’être
humain, quelle richesse de se tromper, de comprendre, de rectifier ou bien de
mesurer ce qu’il a manqué pour en être là. Comment pourrait-on vivre dans un
monde parfait, entouré de gens parfaits ? Les seuls parfaits de notre
monde disparurent sur le bûcher des vanités d’une église tremblant de perdre sa
domination quasi dictatoriale au nom d’un « tuez les tous, Dieu
reconnaitra les siens ». Autres temps, autres mœurs, parait-il…. Non,
c’est vrai qu’il n’y a plus de massacre au nom d’une idéologie, on nom d’un
peur ou d’un appât du gain, non tout cela est révolu dans notre monde parfait,
tolérant et apte à apprendre de l’autre…
L’erreur de l’Homme, c’est d’être perfectible et de chercher
la perfection. L’erreur de l’Homme, c’est de voir en ses erreurs des échecs
bien plus que des chemins. L’erreur de l’Homme, c’est d’en perdre l’ordre de
ses priorités. Culture, enseignement, course aux premières places, courses à la
perfection, regardez les publicités, les messages, mesurez ces messages de
« plus mieux que mieux » qui s’en cesse s’en viennent suggérer,
appuyer, dicter, commander notre route, imposition gratuite et permanente,
diktat de quête de supériorité. Non, l’humanité n’est pas de ce côté-ci, quel
confort avons-nous à vivre pareil combat ? On fait tous des erreurs,
n’importe qui autour de vous aura le plaisir de vous dire les vôtres, avouez
que cela est fort sympathique, bon, admettons, mais pourquoi cela se complique
lorsque vous allez vous mettre à dénoncer à l’intéressé ses propres erreurs ?
Miroir, mon beau miroir…. Quel que soit le chemin, il traversera toujours des
routes, des ruisseaux, il y aura toujours des cailloux, des pierres, voire même
des rochers à contourner, un arbre en travers générant des
hésitations : « Faut-il passer dessous ?
Dessus ? » Pourtant, arriver à votre but, de quoi vous
rappellerez-vous ? Des parties
plates et lisses ou bien des quelques difficultés qu’il vous aura fallu éluder,
de la façon dont vous les avez maitrisées pour arriver ici et
aujourd’hui ? On n’a rien sans
rien, on mène tous un combat, on traverse tous des épreuves, chacun a son
parcours. Ne pas communiquer ne veut pas dire oublier, mais il arrive que le
regard s’accroche à l’horizon pour que la rage de vivre et de vaincre s’exprime
et lève les obstacles du temps. L’erreur est humaine mais l’humain n’est ni une
erreur, ni en erreur lorsqu’il choisit de vivre, d’assumer son chemin, de se
battre pour encore longtemps avoir le droit de faire des erreurs, d’affirmer
son humanité.
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