Marguerite, mais quelle belle évocation ! Au chapitre
des nobles proverbes il y aurait bien celui-ci : « si à la
saint Valentin, elle te prends la main, attends donc la sainte
Marguerite…. » proverbe que je n’ai jamais compris, d’une part parce
qu’entre le quatorze février et le seize novembre, cela fait long à attendre, ensuite parce que mon expérience des rimes
est sans aucun doute très faible, allez donc faire rimer Marguerite…
Frite ? Le mauvais gout dirait que là c’est plutôt pour Jeanne dont on
prétend de celle D’arc, (une sœur de Mireille ?) qu’elle à frit donc
qu’elle a tout compris, le poseur de mots chercherait plutôt la rime en
« écrite » mais non, je ne vois pas, alors ? Rite ?
Désormais les rites n’ont plus court, l’époque est au moderne, bref, cherchez
la rime n’est pas chose aisée, n’en déplaise à Marguerite… Mon gout des arts me
ferait trouver une rime en Magritte, mais pour autant dois-je déclamer
« Ceci n’est pas une pipe ? »
Marguerite tout droit sortie des arts… Le premier exemple
qui me vient, ne soyons pas vache, c’est bel et bien du septième art. Mais
combien de fois ai-je vu dans mon enfance « La vache et le
prisonnier » ? Mais combien de fois ai-je senti une larme inconnue
rouler sur ma joue lorsqu’en guise de fin, cet excellent Fernandel prend le
train qui le ramène au point de départ ? Pourtant, je soupçonne l’éruption
lacrymale à la triste séparation du prisonnier de sa compagne pourtant vache
mais bienveillante, duo inédit et inoubliable de nos mémoires. Combien de
cornes furent portées par des Marguerites dans les vertes prairies depuis la
première projection ? Un grand nombre, je suis sûr, je me rappelle d’une,
à la robe beige, aux cornes en bataille dont une était même sciée, la plus
reconnaissable, la plus docile du troupeau, la seul dont on osait s’approcher
et lui caresser les pis pour faire naitre dans notre casserole cette mousse
tiède et onctueuse recouvrant un lait on ne peut plus pour agrémenter nos
gouter, quand il ne terminait pas dans ce drôle de moule au fond caramélisé
d’où sa rencontre avec des œufs tout aussi fermier faisait exploser nos
papilles sous forme de flan maternel.
Marguerite encore, ces fleurs belles et hautes, facile à
cueillir et dont on faisait des bouquets champêtre puisque cueillies dans les
champs où l’on menait paitre les bêtes à corne d’alors, hommes et bovins
mélangés sous le regard bienveillant d’un canidé somnolent. C’est vrai quoi,
les pâquerettes sont toutes menues, pas facile à ramasser avec la queue, et on a beau dire,
quand c’est trop court, c’est trop court, difficile de trouver un contenant
approprié. La marguerite, elle, elle assure ! Même les poètes et les
chansonniers qui parfois le sont sans que cela soit réciproque, savent
l’effeuiller et la conter, preuve que son port altier l’adresse à prendre plus
de hauteur que sa modeste cousine dans les textes et les têtes.
Marguerite enfin, qui peupla sous bien des appellations mes
livres d’Histoire, la grande avec un grand « h », une passion encore,
magie des époques, des noms, il est vrai que les rôles étaient vite réparties,
les Rois s’appelaient toujours Louis, parfois Henri, parfois François, jamais
Nicolas, quand aux Reines elles venaient tout droit de l’autre bout de l’Europe
et de la famille, les prénoms certes plus variés, dieu que les femmes sont
coquettes, mais Marguerite fut de Bourgogne, de Navarre, de Valois ou de
Provence, les branches cadettes de nos meilleurs Bourbon ayant pour fâcheuse
habitude de se décliner en province. La magie du petit écran attira le féru
d’histoire à suivre l’excellent Jean Pia dans la restitution de l’œuvre de
Maurice Druon, les Rois Maudits ou Marguerite de Valois devint plus célèbre
sous le nom de Margot, mais, n’en déplaise à mon maitre Georges Brassens, je
n’ai point souvenance qu’elle trouvât dans l’herbe un petit chat…. Erreur de scénariste ? Oubli de
l’auteur ? Le sang et la rudesse du personnage prit le pas sur la poésie
des champs de marguerites….
Alors nous y voilà donc en ce jour de Sainte Marguerite.
Avant toute chose, bonne fête aux Marguerites et aux amoureux qui attendent ce
jour depuis la Saint Valentin…
Je ne vois toujours pas pourquoi….
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire