Albert


Aujourd’hui, saint Albert, bonne fête à tous les Albert, mes pensées vont particulièrement à ce fidèle et discret personnage qui s’en vient parfois croiser ma route. Souvent le soir, lorsque je rentre du travail avec une nette préférence pour la belle saison, sinon dès que je descends à mon jardin, pour y cueillir le romarin ou d’autres herbes qualifiées de mauvaises juste parce qu’on ne sait pas comment les accommoder, elle si accommodantes s’amusant à pousser parmi les plantations plus en vue. Et oui, l’existence ne tient parfois qu’à peu de chose, sortir du lot, pousser une tête au dehors des ombrages, se montrer quitte à se trouver déraciné, telle semble être la quête de ces fidèles, sitôt arrachées, sitôt elles repoussent, un jeu entre le piètre jardinier que je suis et la nature vivace. Albert ? Monsieur Albert, voilà qui ferait presque princier, ce qui lui va bien, tant il semble être le roi dans mon domaine, mais le terme de monsieur Albert pourrait paraitre familier, aussi, je propose que l’on dise monsieur Albert Muda, puisque c’est ainsi qu’il se nomme, enfin, c’est ainsi que je le nomme, que voulez-vous, on ne se refait pas ! Etrange personnage digne des contes de fées, il va et vient, croise mon chemin, parfois aussi celui des chats assez surpris de cet être étrange qui semble refuser le jeu, à moins qu’il n’en comprenne pas les félines règles, ou bien qu’à son âge, il ait passé l’âge de jouer ? Quel âge a-t-il au juste ? Cela fait un bail que je le connais, à vrai dire, je l’ai toujours connu aussi gros, ce qui lui donne cette démarche chaloupée, cet air débonnaire et placide qui en ferait presque un compagnon agréable, mais voilà….non, pas vraiment !

Peut-être un jour, une princesse esseulée, ou bien une vierge éplorée, ou bien, ce qui statistiquement parlant serait quand même l’option la plus envisageable, une personne d’un sexe ou de l’autre, seule et désœuvrée pourrait tenter de l’embrasser, oh ! non, je ne parle pas de lui rouler une pelle, ni même d’y donner un coup de pelle, sacrebleu non ! Juste un baiser délicatement déposé sur la couenne molle de cet olibrius, histoire de voir si Albert devient prince, voire roi, qui sait, déjà qu’il croit qu’il coasse à vous rendre coi devant tant de sonorités lugubres, profondes et si noctambules. Et oui, Albert Muda est un amphibien de la famille des bufos ce qui en occitan voudrait dire qu’il souffle, mais cela, je pense que le latin et l’occitan n’ont pas pris le même virage au même moment. Crapaud donc, pourquoi pas, éviter d’en faire une grimace, cela ne change rien à la nature, ni à la nature des choses, et s’il venait à le découvrir, soit par ce texte, soit pas cette fantastique rumeur qui colporte si bien les choses les plus fausses, il en ferait peut-être une maladie. Crapaud, oui, hôte de mon jardin, ou bien peut-être bien que je m’occupe moi de son jardin, il va et vient sous les lavandes, à pas de velours pourrait-on dire, mais j’avoue n’être jamais allé vérifier les dessous de la chose.  A toute fin utile et bien qu’il ait son utilité dans mon coin de nature, si une personne est tentée par l’expérience, merci de me le faire savoir, car moi-même je suis tenté de vérifier l’exactitude des contes de fées, et comme ce sont toujours les jeunes filles qui embrassement les crapauds pour en faire des princes, mesdemoiselles, prenaient votre ticket et venez faire la queue, sans équivoque, peut-être, verrez-vous cela plus tard, avec le prince…. Qui sait ? Alors, pourra-t-on dire : « à la Saint Albert, on s’envoie en l’air »… Ceci est un proverbe aéronautique, bien sûr !

Non mais !

 Belle journée !

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