De l’homme qui pose sa plume, on dit qu’il se déplume, mais
est-ce pour autant de bon gout ? D’ailleurs, qu’est-ce-que le « bon
gout » ? Sujet subjectif, prenons garde que l’acide ne nous
éclabousse, il est de bon ton de se tenir loin des gens qu’on conspue car
l’acide ronge et fait des trous, il dévore à un point que même la plus belle
des reprises ne pourra jamais effacé le trou fait, faible trophée, lorsque le
mal est fait, il est fait et bien fait. Rumeur, discours incessant de tout
puissant communicateur qui à court d’arguments accourt prendre les devants et
annonce ou dénonce, c’est selon le pas gauche ou droit fait en premier sans
doute, l’information capitale qu’il détient de celui qui a connu l’ami de
l’autre en qui on ne peut qu’avoir confia nce
et qui sait bien de quoi il en retourne puisque lui-même le tient d’un autre
digne d’aussi bonne foi, et la foi, ma foi, c’est sacré comme dirait un père
pénitent. Alors, oui, vivre pépère n’est pas si pépère pour qui espère le
silence à son encontre, l’inconnu fait peur, mieux vaut supputer en toute
bienséance, ce qui du coup, nous montrerait presque une racine commune entre la
supputation et la péripatéticienne, enfin, encore un pas à franchir, fut-il sur
le trottoir.
Plume ou non, les écrits sont écrits, les paroles volent
d’oreille en oreille transitant par des bouches qui feraient sans doute mieux
de tourner autour de leur langue avant d’aller s’enterrer dans le bush si cela
ne devait pas polluer hélas nos amis africains, et si l’Afrique reste un continent
sacré, le fric des incontinents ça crée des torchons d’informations, des
illusions de nouvelles, des vitriols sur des vies à jamais brulées. Vive
l’humanité mature, ne vaudrait-il mieux pas la préférer à son berceau, dans ses
racines noires, jaunes, rouges ou bleues, du temps des pères des pères de nos
pères et avant, lorsque dire était transmettre, lorsque communiquer était plus
mettre quelque chose en commun que niquer l’autre ? Aujourd’hui, la plume est leste, elle vole de
vitriol en vitriol, elle assassine, elle décrit plus qu’elle n’écrit, elle
s’use à voler dans les plumes, sans raison, sans fondement, à part celle
d’exister. Ainsi va le monde, il a perdu au passage les trois passoires de
Socrate, et non Socrate n’est pas un joueur de foot brésilien, et oui, il fut
un de nos plus grands philosophes, mais au fond, qu’est que la philosophie
lorsqu’on a perdu le sens de « philo » et de « sofos » ?
Aimer n’est amer que sans « i » qu’importe la couleur, met si c’est
un « i » vert, séquence écolo…. La sagesse ne se résume pas à quatre
dents dans la bouche d’un adulte, enfin, durant si peu de temps, l’arrachage
quasi impératif de ces molaires traduirait-il l’absence de sagesse de notre
monde adulte ?
Alors oui, la plume se pose parfois, sans amertume, sans
pour autant se déplumer, juste parce que c’est ainsi et comme cela, point de
draps blancs, de tuyaux partout, à moins que ce ne soient tuyaux du gaz, gaines
électriques et tuyaux de l’eau, pas de quoi faire des étincelles, ni
reconstruire Beaubourg en son jardin, non, il n’y a pas de norme, ni de devoir,
devoir être, devoir faire, non, faire ses devoirs, oui, on ne sait jamais sous
quels yeux ces mots pourraient tomber… La plume se pose, la vague noie le sable
et l’azur s’est offert une écharpe de gris, prolongement d’une saison
littéraire par la lecture plus que l’écriture, prolongement d’une saison à
contre temps qui revient sonner son temps à temps pour profiter encore et
toujours des bienfaits de notre monde naturel, loin des bruits colportés par ces
cloportes infâmes qui décidément doivent bien s’ennuyer. C’est au contraire si
facile d’échapper à l ennui, peut-être même qu’un jour les hommes mettront
la même énergie à déplacer les montagnes que celle qu’ils déploient à refuser
de balayer leur pré carré. A-t-on besoin de quérir un service pour retrouver
dans la multitude numéros d’un bottin personnel celui qui pourra le
rendre ? A-t-on besoin de chirurgie esthétique pour sourire à
l’inconnu ? Est-il besoin de deviner pour se la raconter sur ce qui n’est
pas ? L’avantage de l’homme sur la machine, c’est que même reproduit à la
chaine, il ne sera jamais deux êtres pareils, du coup, c’est vrai que vouloir
comprendre relève du défi, chaque pas de chaque homme ne laisser jamais la même
empreinte dans le sable, mais la vague, elle, les effacera toutes. Doit-on pour
autant avoir peur de la vague plus que des pas et des hommes ? Doit-on
avoir peur ? Peur de quoi ? De qui ? De soi, peut-être, parce
qu’au fond, à défaut de se connaitre, voilà bien la seule personne que l’on
peut interroger au plus profond d’elle, au plus profond de soi. L’écho
répondant à l’écho, dissonance à mettre en harmonie, en résonance, non en
raisonnements.
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