Un mur qui tombe


Un mur qui tombe, c’est la lumière qui circule, c’est la communication entre deux mondes clos et séparés qui enfin se fait, c’est l’unité qui se créée, l’union sacrée de deux parties qui fusionne en une entité. Dans une époque qui se cherche, dans un monde qui ne cesse de cloisonner, d’étiqueter, c’est le contrepied paisible et libératoire qui permet d’enfin s’unir, un nouvel espace en somme pour une nouvelle vie…. Mais où diable est parti l’esprit des gens qui hier encore célébraient la chute du mur de Berlin ? Actualité, mise en lumière soudaine et devenant exacerbée au point de rendre violente même les plus fortes images de paix, cette lumière trop blanche attire les papillons à la recherche de la dernière mode à la mode, de la dernière fête à fêter, un flot quasi incontrôlable qui se meut, de sujet en sujet, oubliant dans l’ivresse de la dernière actualité la précédente à peine refroidie. Le mur est tombé sous les coups et l’énergie rassemblée de milliers de personnes emportant avec eux le souvenir de ces instants jusqu’en des morceaux de gravas désormais éparpillés tout autour de la planète. Le mur est tombé et de ces deux allemagnes, une seule est née. Voilà, la chute d’un mur a construit la nouvelle vision d’un monde.

L’espace d’un instant devient un nouvel espace, le moment où la destruction devient construction, une forme de renaissance, une transformation… Que tombent les murs et qu’enfin la lumière soit… Après la mise en carton, après le déménagement, après la tendresse d’entasser des années stockées sur étagères en cartons, des cartons empilés en murs et puis des murs qui tombent, des papiers qui se déchirent et s’arrachent, des lustres qui ont perdu leurs lustres et s’en vont lustrer d’autres cartons, et la poussière blanche et fine du plâtre rendu à la lumière qui s’insinue jusque dans les moindres endroits des espaces qu’on croyait clos. Appréhension des premiers pas, des premiers coups, des premiers morceaux qui tombent, éclatent, et dévoilent une lumière, une nouvelle perspective, de nouvelles orientations, des choix différés qui soudain deviennent différents, parce qu’il est temps un jour de poser sa vie et de poser dans sa vie tant de projets qui l’accompagnent depuis tant de temps en volant au travers des rêves, au cours des méditations, ou bien encore des flâneries, parce que ces pauses pensives volent au final les rêves et puis parce que les rêves sont fait pour être vécus. Ainsi se dresse un jour le déclic qui s’en vient bâtir le projet tant de fois repoussé, tant de fois différé, parce qu’au fond, on a toujours de bonnes raisons, de saines occupations, du temps à passer ailleurs, des liens virtuels et réels qui sont des priorités dans notre vie sans que le degré des priorités associé en retour ne soit le même ni même existant. Qu’importe le retour, le chemin de l’aller n’en sera pas différent parce qu’au fond, il n’a jamais été calculé, parce que les dons n’existent que pour être donnés, parce que le temps coule insaisissable entre les doigts même en les gardant bien serrés au fond des poches, alors, autant les délier, autant se servir de ses mains, autant bouger, autant vivre, construire même si pour cela il est nécessaire de démolir. Une étape, une pause l’espace d’un instant de ces virtuelles réalités pour une réalité et la construction d’un nouvel espace.

C’est amusant de songer combien les bruits se déplacent : silence ici, coups presque assourdissant là, on devient transparent ici tandis qu’on se couvre de blanc là, tout est contraste, tout est fragile, futile, notre monde, notre époque, les mots, les liens, les croyances, les addictions, les sentences, les peines, les joies, et c’est tant mieux comme cela, il serait bien trop monotones de ne voir la vie que d’un seule couleur, tiens, tout comme cet automne qu’on dit peuplé de mille couleurs mais qui au fond ne ressort sur les toiles qu’en un même camaïeux de roussi, et même si les feuilles tombent et recouvrent une après l’autre jusqu’à former un linceul crissant sous nos pas qui masque le vert des prairies ou bien encore les écrits trop verts et trop acidement perçus, l’automne monotone n’est pas mien, la monochromie sied aux monocles, mais la vie est riches de facettes et sait briller de mille étincelles, de mille feux, de mille envies, quand bien même, tout n’est pas écrit, pas plus que tout ne sera jamais écrit, c’est aussi pour cela qu’il faut savoir lire entre les lignes sans se tromper de sens car les sens importent quand bien même l’essence l’emporte. Croire comprendre n’est pas comprendre, croire n’est pas être, on peut croitre, on peut croire, il vient un jour, tôt ou tard où l’on est, un jour divin où l’on nait. Automne, mon automne, non, tu n’es pas monotone mais plus riche et plus engendreur et plus enchanteur que le plus beau des printemps.

Paix et lumière, et que tombent les murs….

2 commentaires:

Fabienne a dit…

La vie est mouvement. Tout se transforme

Fabienne a dit…

La vie est mouvement. Tout se transforme