Au-delà de nos tours


Faire les choses sans conviction, c'est se perdre dans l'absurde et refuser de se donner la vie.... On a tous nos vies, nos éléments de vies, nos bouts de vies, nos bagages, le savoir aide à comprendre que nul autre n'est pareil à ce que nous sommes, pas plus qu'à ce que nous ne sommes pas, et si étrange que cela puisse paraitre, la recherche de son double pour en faire sa moitié n’est que mauvaise utopie, un clé pour un devenir bien contingenté dans le périmètre de sa zone de confort. C’est qu’il n’est pas simple ni facile de bouger, de bien vouloir pousser ses murs, de quitter ses positions bien assises pour aller cueillir le risque d’apprendre, le risque de connaitre autre chose, la vue de l’extérieur, celle qui montrera peut-être que les murs bien propres et bien lisses de notre intérieurs ne sont que lézardes et dégradations de l’extérieurs. Sans un regard neuf, un regard vrai, un regard extérieur, comment pourrait-on grandir, apprendre à briser les murs, à repousser ses limites, à comprendre ce qui blesse, ce qui est, mesurer toute la difficulté de la communication dans des mondes qui n’ont pas le même dictionnaire, le même amour, le même humour ? A trop vouloir être léger, on en devient lourd. A trop vouloir être sérieux, on ne fait pas sérieux. Miroir mon bon miroir, ce n’est pas de toi dont on a besoin, car toi qui réfléchis si bien, sans te mouiller, sans t’embrumer, tu ne renvois que l’image que nous voulons bien y voir, avec nos œillères, avec notre regard borné par notre monde étroit.

Il n’y a pas de leçon, pas de condition, pas de raison, chacun voyage comme il veut, dans ses propres pas tout comme dans les traces d’autres pas, c’est cela la force de l’être, il sait être et même s’il veut être, il se doit d’être pour être. Il n’y a pas de bon ou de mauvais chemin, il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises leçons, il y a la vie, son parcours, son immensité et à travers elle, notre parcours, notre périmètre que nous nous accordons. L’immensité fait peur, l’étranger fait peur, alors on se réserve une miette du gâteau, alors on se bâtit un logis, puis on met des clôtures tout autour, la mode est même aux hauts murs en attendant d’y élever des miradors car dehors est le danger, dehors est l’adversité et notre cocon est si protecteur, une véritable armure. A l’intérieur de nos murs, nous avons établi nos propres codes, notre propre langage, un mot veut dire cela pour nous, mais a-t-on pris conscience qu’il peut être différemment perçu dehors ? A trop vivre reclus dans nos tours d’ivoire de béton ou de bois, a-t-on conscience que dehors il y a d’autres modes, d’autres vies, d’autres codes ? Et si l’on s’ouvrait à dehors ? Et si l’on faisait tomber notre mur de Berlin ? Et si l’on prenait les reproches dans leurs sens positifs : l’image qu’un miroir ni trop poli, ni trop déformant mais terriblement vrai nous renverrait juste pour que nous prenions conscience que nos mots peuvent blesser, que nos attitudes peuvent abimer, que nos comportements peuvent détruire. Et si ce retour sur image nous offrez l’occasion de rectifier le tir, de comprendre que ce qui se dit ici, dans nos murs, n’est pas traduit pareil dehors ? Et si nous descendions du piédestal sur lequel la vie nous a juchés ? Pas facile hein ?

Le retour est parfois plus difficile que l’aller, mais il est bon d’ouvrir sa conscience et d’avoir un vrai réseau de personnes vraies qui savent vous dire les choses telles qu’elles sont et non telles que vous les voyez, juste pour que vous puissiez les argumenter, juste pour que vous puissiez saisir qu’il y a dans la communication plusieurs facettes, et comme tout prisme, la lumière qui le traverse s’en trouve déformée et différente selon l’angle de vue dans lequel vos interlocuteurs sont placés. L’erreur est humaine, ne l’oublions pas, et justement, cette erreur-là vous rend humain, elle vous colore de chaleur au lieu de paraitre distant et froid, trop fier et trop sûr de vous, et puis, ces différences dans les échanges ne sont que des sources d’enrichissements et de progressions, alors, pourquoi s’en priver ? Il y a un monde autour de vos tours, il y a du monde, des autours, des vautours mais il y a des vrais reflets de votre personnalité, celui des vrais amis qui savent vous dire les blessures infligés, les incompréhensions et plutôt que d’y voir des reproches mal fondés, voyez-y l’occasion unique et belle de mesurer combien votre fonctionnement à leur égard est incomplet dans sa transmission de code, resserrez ces liens de vérités car ils sont rares et très utiles, le monde a plutôt tendance à fuir ce qui le blesse sans mot dire tout en maudissant, mieux vaut maudire et mots disant, car le dialogue est la base de tout échange, de toute volonté d’apprendre, de grandir et gage de transformation. Une évolution, une révolution, une prise de notre bastille permettant sa destruction, non pas le lieu de refuge mais les murs hauts et de haut teint, les murs hautains qui brisent au fond bien plus votre champ de vision que la vision des autres, car les autres, eux, ils se moquent de votre façade, ce qui compte c’est le cœur. On ne voit bien qu’avec le cœur disait le petit prince. Merci Antoine de Saint Exupery.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

"Il est bien plus difficile de se juger soi-même que de juger autrui."
Antoine de Saint-Exupéry

Natacha