Pour aller loin, il faut ménager sa monture dit le proverbe
qui doit remonter du fond des âges, d’un temps où les relais n’étaient pas
encore des pauses gourmandes mais plutôt l’occasion de changer de monture pour
reprendre sa course. Bien sûr, il n’est point de lunettes dont il s’agit
lorsqu’on parle de monture, mais bel et bien de ces nobles chevaux dont
l’entretien courant oblige à se pourvoir en cartographie des points relais
avant de fixer son parcours, tout comme il conviendrait de le faire de nos jours
pour un départ en vacances en voiture électrique. Et oui, kilowatt contre
cheval vapeur se trouve comparer au cheval tout court, le cheval tout court
étant un crack hors pair qui remportait toutes ses courses d’une courte tête,
cela va sans dire, on pourrait dire en somme, qu’il se ménageait… Ménageons
donc nos montures, à voile ou à vapeur, électrique ou à explosion, à pied, à
cheval ou en voiture, sans oublier les deux roues, les trois roues, et zut,
toutes les roues! Mais ça veut dire quoi « ménager » ? Faire le
ménage? Bonne idée, débarrassons-nous de l’inutile, des choses qui pèsent, au
propre comme au figuré, ce sont des poids qui nous retiennent, nous empêchent
d’avancer, comme les sacs de lests empêchent la montgolfière de décoller. Il y
a dans chaque objets, un part de vie, d’une vie, un bout de souvenirs, un lien
vers un passé, il y a dans chaque pensées, un regard en arrière, une ancre
plantée dans les sables d’hier, il y a parfois des aigreurs, des regrets, ceux
d’une fin non attendu, ceux d’une fin provoquée mais mal pesée aux regards
d’aujourd’hui, ceux de mots non dits, ceux de mots dits, maudis mots qui
sortent ou ne sortent pas quand il le faudrait… Mais tout cela ne sont que des
lests, des occupations de la mémoire à considérer comme abusive parce que la
vie est si riche, si généreuse qu’elle offre tant et tant de trésor à chacun de
ses instant, encore faut-il être prêt et disponible pour en cueillir quelques
uns. On ne trouve pas de champignons en regardant le ciel, ni sans être
attentif, l’esprit allégé des errements du passé. Etre en paix avec soi-même,
là est une des clés pour avancer sur le chemin.
Place nette. Feuille blanche, pourquoi cela engendrerait-il
l’angoisse ? C’est beau une page blanche, c’est super un espace à
aménager, à repenser, même si la nature a horreur de vide. Posons-nous, prenons
la mesure de l’espace, du temps, des lumières, des couleurs, jouons de nos
neurones pour modeler, restreindre ou bien agrandir les volumes, puis après les
formes, les couleurs, les textures, les matériaux. C’et vrai que nous sommes
dans une civilisation de prêt à porter en toute chose, du prêt à consommer, du
prêt à poser, autant de cubes qui s’empilent, de couleurs choisis parce que
c’est la mode ici, mais cela est-il notre touche personnelle ? Pourquoi
diantre la créativité a-t-elle disparu de notre monde ? Je parle ici de
créativité personnelle pas de la patte de tel ou tel designer. Pourquoi lorsque
la mode est aux murs jaunes, le sentiment de trop vu se dégage-t-il visite
après visite du chez soi de nos amis ? Bien pensant, bien agissant, bien
portant…. Et puis zut ! Tout est bien et même mieux, tout est encore mieux
si cela est votre création, votre vision, votre conception. On e fout que tel
pot de peinture soit vendu avec telle autre couleur complémentaire, les
associations certes sont faites selon des canons en vigueur, des aides pour des
cerveaux vides, mais nous ne sommes pas des cerveaux vides, alors
asseyons-nous, essayons ces couleurs, remettons nous à la gouache, à
l’acrylique, à l’aquarelle, aux pastels, aux feutres, aux crayons de couleurs
pour dessiner sur notre page blanche notre palette chromatique afin qu’elle
nous aide aux choix, nos choix, notre choix, personnel, notre façon de voir,
notre façon d’être. Visitons les lieux, expositions, magasins, revues,
reportages, prenons le temps de voir, de comprendre aussi que la lumière
saturée d’un grand magasin aux plafonds hauts ne montrera jamais le résultat
d’une pièce exigüe, de valider que la couleur d’un pot de peinture n’est pas le
reflet exact de la peinture une fois absorbée par le mur et soumise à d’autres
éclairages. Imaginons les meubles, les tableaux, les objets, les petites
touches qui vont venir traduire votre intérieur comme étant de votre identité,
raisonnons en trois dimensions, en résonance et en dissonance, il n’y a pas de
projet sans étude de projet.
Comment angoisser d’une page blanche, lorsqu’elle redonne
l’âme d’enfant, le plaisir d’aiguiser ses crayons, de sentir l’odeur du bois
fraichement taillé ou bien encore l’humidité des couleurs de la gouache, de
s’offrir le plaisir d’associer le gris pale au violet lumineux, de mesurer la
chaleur d’un rouge et son rayonnement nécessitant d’en tempérer les ardeurs par
ce beige si pale et si naturel ? Replongeons en enfance, n’est pas
replonger aux cœurs des souvenirs mais plutôt de retrouver cette fraicheur
d’esprit, cette intelligence d’être que nous avons au fond de nous mais que se
trouver verrouiller par des années d’endoctrinement scolaires, professionnels,
culturels et j’en passe, à trop apprendre les choses, à trop devenir un
exécutant, on en oublié l’essentiel : nous, notre propre essence. Y
revenir c’est l’essentiel. Vraiment.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire