Il vient un jour où le vent se pose, il vient un jour où la
vie se pose, non pour autant qu’elle devienne inactive, non, juste en phase
avec elle-même, une sorte de vibration en harmonie, loin des dissonances du
passé, et ce jour sans vent, ce jour en harmonie résonne d’une douce mélodie.
Cela faisait du bien d’entrer enfin dans sa vie, après des années d’errances,
après des années d’errements, des recherches de soi à travers l’autre, des
recherches de l’autre à travers soi, des rencontres futiles bien plus
qu’inutiles, chaque pas fait avancer, chaque caillou fait dévier, chaque mètre
parcouru est un maitre à penser. D’hier en aujourd’hui, quel parcours !
Tout juste pourrait-on parler de victoire mais victoire n’est pas le résumé des
épisodes du passé, victoire serait un faux miroir d’une réalité, est-on
victorieux lorsque les blessures, les blessés et les cadavres se comptent par
millier ? Qu’importe si c’est l’automne de sa vie ou bien encore son
printemps, ce n’est peut-être plus l’été, ce n’est peut-être pas l’hiver, juste
une ivresse, celle d’être vivant parmi les vivant, échoué au milieu de la vie,
seul et sans attache, naufragé volontaire de tant de naufrages, épuisé tout en
étant plein de force, vivre comme une raison de vie, être comme une force première,
vivant plus que vivant.
Le recul nécessaire, l’abstraction utile, les passions comme
saisons, l’appropriation comme solution voilà ce qu’il fait qu’il est lui
aujourd’hui. Les choix les plus simples sont toujours les plus inattendus, un
jour vient où l’envie de tout foutre ne l’air s’en vient, tout, à commencer par
soi, le plus simple, le plus radical, le plus accessible et le plus ratable ce
qui pourrait en faire le plus désastreux, si la vision première n’était d’être
là une deuxième chance. Partir ailleurs fut refusé, il était donc temps de
partir ailleurs, non pas au-delà du pays des rêves, mais bel et bien dedans, au
cœur de ses rêves, loin des tourments, quitte à s’isoler ou plutôt à paraitre
s’isolant, les gens aiment bien qu’on leur tienne la main, sans vraiment voir
ni comprendre que parfois leur main pourrait aussi se tendre. Détaché du monde,
partit d’une adresse, plongé au cœur d’une autre adresse, un nouvel endroit, un
nouvel espace, fait de murs à tomber et d’autres murs à relever, fait de choses
si réelles, d’instants vrais, le partage des émotions, la richesse d’un moment,
une pause café, un feu de bois, une lumière tamisée, des coups de marteau, des
coupes claires, une poussière de plâtre, une lumière qui enfin traverse,
habiter ici n’a plus rien à voir avec l’ancienne adresse. Partir pour repartir,
se lancer pour se relancer, c’était sa clé, un credo parmi tant de lecture, un
moment à soi parmi tant de dons de soi, il est, et surtout, il est bien, en
phase avec sa vie, ni nouvelle, ni ancienne, les découpages en phases de vies
n’implique que la responsabilité de ceux qui manient le couteau ou bien la
hache, il est si facile de juger, de ne pas comprendre et enfin de rejeter ceux
qui vous échappent sans vraiment voir ni comprendre que pour faire tenir un
lacet, il faut deux boucles qui se croisent, s’enlacent et nouent ensemble le
lien. C’est un mode humain de ne voir que la responsabilité de l’autre,
surtout, ne jamais s’impliquer, parce que le risque de se remettre en cause, le
risque de grandir serait fort. Trop fort.
Changer d’adresse. Comme hier le nomade courant de place en
place, comme le pèlerin qui franchit les étapes, comme l’œuf devient chenille et la chenille papillon,
évoluer, changer d’air, changer de vie, de couleur, d’apparence mais au fond,
l’essence de soi reste soi, juste qu’elle n’est plus dévaluée par les mauvais
regards, les ceux-qui-savent, les ceux-qui-jugent, les
ceux-qui-voudraient-qu’on-soit-comme-eux, les autres…. Les autres autres…. Le
temps est un allié pour qui ne le compte pas, la quête est offrande pour qui ne
cherche pas, la vie est bienveillante pour qui ne la viole pas. La solitude est
partout, même dans les couples les plus soudés, elle est le refuge de l’homme,
le cocon du futur papillon, elle est un état transitoire entre deux mode
d’association, elle est et savoir cela c’est accepter de vivre avec et du coup,
ne plus vivre tout à fait seul. Les projets dessinent leurs plans dans la
réalité, la poussière blanche des anciens murs détruits deviendra bleu, jaune
ou rouge, grise ou verte, blanche aussi, larme de couleurs, mise en peinture,
tissage fin de papier peint, décoration et appropriation d’un espace à peine
modelé, d’une vie sans cloison, d’une vie à foison, richesse des couleurs,
richesses des mariages, mélange des genres, sorti de route pour créer son
modèle, son chez soi, pour enfin se poser dans son monde à soi, une bulle qui
sera bulle de partage, salle de lectures ou de soins, repos de l’âme et repos
de l’homme, cocon du papillon, enfin seul dans son monde.
L'oeil ne voit pas ce qui le crève...
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