Mortel


Au cours de plusieurs échanges, j’ai pu noter combien parler de la mort peut-être tabou, peut-être morbide peut procurer un sentiment de gêne, et au final, faire naitre un sentiment négatif. Ce qui peut-être troublant pour le lecteur devient troublant pour moi parce que ce n’est pas ma perception, ni mon sentiment, vision différente, vécu différent, cultures différentes, si cela peut compliquer certaines discussions, cela en devient quasiment bloquant lorsqu’il s’agit de la mort. Pourquoi ? Je n’en sais rien, une peur reste une peur, panique ou non, le vécu de chacun, son éducation et sa culture ouvre ou ferme des portes, quitte à parfois y rajouter un cadenas ou pire, la murer telle la porte d’un conclave épiscopal. Chacun possède un trousseau de clés, certaines pour ouvrir des portes, d’autres pour déverrouiller un tiroir, trouver l’énigme qui conduira à l’épreuve suivante qui en cas de succès offrira une clé supplémentaire, comme une sorte de « fort Boyard » interne. Comment voulez-vous que nous soyons tous au même stade, au même nombre de clés, avec la même perception des choses, concrètes ou abstraites ? Prendre conscience de cela, c’est acquérir cette clé, comprendre qu’en dehors d’une intersection de perceptions communes il est de chaque côté une zone personnelle qui est zone d’ombre pour l’autre, et pour cause, puisqu’elle n’est ni sienne, ni commune.

En dehors de nos zones communes, un peu de lumière sur ma zone personnelle, tout du moins sur le sujet du jour, ce qui est somme toute normal d’avoir de la lumière en plein jour.  Soyons clair, décidément, la mise en lumière attire les adjectifs lumineux, je ne cherche pas à convaincre, encore moins à faire partager un état de fait, de perception ni à convertir, ce n’est ni mon but, ni mon rôle. Je livre ci-après ma vision des choses, très personnelle, très certainement non partagée, et à partir d’ici, il y a deux choix, comme toujours dans la vie, quitter ici la lecture ou bien la continuer, mais quel qu’en soit le choix, bien entendre que c’est là ma vision, mon avis. A découvrir ou pas, à entendre ou pas.

La mort, puisque c’est d’elle dont il s’agit, n’est pas un tabou pour moi, ni même une attirance morbide comme j’ai pu entendre. La mort est une phase de la vie, une étape entre les vies que j’ai eu la chance de vivre plusieurs fois, dont deux en très peu de temps, histoire de bien imprimer le message, les coïncidences n’étant jamais fortuites. De mes expériences de la mort, le plus douloureux souvenir fut le retour à la vie, non par peur ou crainte de la vie, je n’ai pas non plus cette peur-là, mais parce que l’état de conscience de cette phase de vie qui suit ce que vous appelez la mort était divinement belle et hautement agréable. En parler plus, je pense l’avoir déjà fait, je le ferais si le besoin et l’envie est là, mais pour cela, il faut aussi être ouvert et prêt à entendre.

Je souris d’écrire divinement, il n’y a rien de religieux. Sur ce plan-là, je suis catholique de formation et de traditions familiales, une sorte de parcours imposé dont j’ai toujours rejeté le cérémonial que je nomme folklore dans mon vocabulaire personnel, pour n’en garder que l’essence  même, les écritures et les Ecritures, c'est-à-dire, la version « homologuée Vatican » et les écritures non homologuées, les manuscrits découverts très récemment à l’échelle chrétienne, puisque la découverte date de mille neuf cent quarante cinq et quarante sept au bord de la mer Morte. Ciel ! Revoilà un adjectif sombre…. (Humour). L’approche n’est pas théologique, ni liturgique mais philosophique. De la même façon que je me suis intéressé aux indiens, ceux d’Indes comme ceux d’Amériques, le « s » pour ne pas isoler les indiens du Nord de ceux du centre ou bien du sud, c'est-à-dire pour ne citer que quelques peuples et cultures associées, les Hopis, les Incas, les Mayas, les Aztèques et autres Toltèques, tout comme je me suis intéressé aux civilisations égyptiennes et plus récemment aux esséniens. L’arbre des connaissances est très touffu, remonter une branche entraine vers bien des ramifications, et, aussi loin que les continents ont isolés les peuples, générant de nouvelles appellations puisqu’il faut que tout soit répertorié, inventorié, étiqueté, bref, en dépits des étiquettes collées, des couleurs de peau ou bien des langages et des époques, il se dégage une même racine culturelle, traditionnelle, un e même étendue de connaissances, très développées y compris dans des domaines pointus, tout comme les différentes branches issues d’un même tronc portent le même type de feuilles tant qu’une greffe n’est pas venue contrarier cela. Ce sont de longues lectures, parfois même des relectures, parfois même comme des réminiscences, des pages vite avalées, d’autres au contraire, nécessitant plusieurs passages, plusieurs lectures, pour qu’enfin le voile se dissipe et que le soleil des mots réchauffe la compréhension du texte. L’éveil de la conscience, oui, voilà comment je pourrais expliquer le ressenti, comme si débarrassé de la mort, je retrouvai la vie, pleine, entière, sans peur. Cette forme qu’on pourrait approcher de l’inconscient et de la conscience a influé aussi sur le domaine physique. Conscience dans le sport, l’effort n’est pas « mortel », ni douloureux, juste nécessaire à muscler au plus profond ce muscle vital qu’est le cœur. Ceux qui me sont proches de longues dates savent combien j’ai évolué, par exemple en rythme et difficulté de randonnées, une activité que j’adore. D’autres domaines aussi ont évolué. Voilà pourquoi la mort n’est pas une ennemie pour moi, pas plus qu’elle est une amie. Je ne partage pas du tout ce goût morbide du gothisme ou bien du métal dur, noir, sang, crane et autres tibias n’ont pas ma passion, bien au contraire, mes maitres sont plus Brel ou Brassens, et d’autres auteurs interprètes de leurs textes avec mots et idées, d’ailleurs, ces gens-là aussi ont pas mal écrits sur la mort, relativement bien, sans pour autant les qualifiés de gothiques ou de morbides. Encore une fois, mon approche est philosophique et mon attrait va à la vie plus que jamais. Il faut aussi avoir connu la mort, en être revenu pour mesurer la chance offerte d’être en vie, de pouvoir vivre sa vie, quand bien même on ne la partage pas en tout. Que l’on croit ou non aux karmas, que l’on considère ou non qu’un parcours se fait en plusieurs étapes, en plusieurs vies, on ne peut que comprendre combien sur une seule et même vie, une seule et même étape, on est apte à évoluer, à parcourir un certain nombre d’épreuve, à grandir, à progresser…ou pas, parce que la vie n’est faite que de choix, parce que chaque choix nous fait faire un pas, ici ou là, ici, plutôt que là.
             
La culture judéo-chrétienne a souvent généré cette peur de la mort, alors que la base même de ses écrits parle de résurrection, de nouvelle vie après la vie, donc après la mort ; Elle parle de paradis et les gens ont peur de l’enfer ? Serions-nous donc si tordus pour à se point se contraindre ou bien, des siècles de gouvernance par la force, par l’imposition nous a-t-elle asservi à ne plus voir que le mauvais côté des choses ? Comment expliquer l’engouement pour certains films, certaines histoires, qui jouent de cela ? A-t-on tellement envie de se faire peur ? D’avoir peur ? Je pense à des films comme sixième sens, un joli titre d’ailleurs pour un …sixième sens, un sens défaillant. On aime titiller l’irréel parce que c’est dans ce tiroir-là qu’on a rangé ces choses-là, on aime provoquer cet irrationnel, consulter, lire, braver ses peurs, interroger les êtres partis par des canaux de communications tels que les médiums par exemples ou autres spirites, mais en même temps, conserver sa peur de la mort.

Et puis, merde, pourquoi a-t-on tant d’expression dans notre beau vocabulaire ?

Comment dit-on je suis très fatigué ? Ah oui ! « Je suis mort ! »

Comment dit-on qu’une chose est très comique si ce n’est en disant « je suis mort de rire ! »

Et puis, on peut être mort de peur, de trouille, de faim, de tout plein d’états qui pourtant ne conduisent à ce statut finalement pas si final que cela que par bien des petits chemins. Dire cela, est-il morbide ? Noir ? Sombre ? Difficile à entendre ?  Notre monde est riche en culture, si chez nous le deuil s’habille de noir, ailleurs c’est le rouge, là-bas le blanc, ou bien encore plus loin très coloré. Ici on pleure, là-bas on rit, on joue du jazz, on danse, on crie…. Qui a raison ? Qui a tort ? Pourquoi opposer ? Notre richesse vient de notre diversité, à nous d’accepter ces différences. Je respecte non pas TA différence mais NOTRE différence, parce qu’elle n’existe que par NOS deux visions. Rien n’est jamais tout blanc, rien n’est jamais tout noir, sinon, ça serait mort, il n’y aurait plus rien à faire, et même dans ces mots, nos perceptions sont très différentes, parce que nous n’avons pas forcement la même couleur d’émotion et de ressenti à la lecture de ce vocabulaire.

Le sujet est sérieux mais non grave bien que mortel, l’humour est toujours présent, le mien, personnel. J’ai été long, mais parfois les mots sortent ainsi, l’envie aussi était là. Et en rappel je dirai : Soyons clair, je ne cherche pas à convaincre, encore moins à faire partager un état de fait, de perception ni à convertir, ce n’est ni mon but, ni mon rôle. J’ai livré ici ma vision des choses, très personnelle, très certainement non partagée. Si vous lisez ceci, c’est que vous avez choisi de lire dans ces règles-là. C’est là ma vision, mon avis.

Soyez vivant, vivez et profitez de la vie, de votre vie.

  

« Qui aime la mort aime la vie. » de François Mitterrand

« La philosophie antique nous apprenait à accepter notre mort. La philosophie moderne, la mort des autres. » de Michel Foucault

« La mort est un manque de savoir-vivre. » de Alphonse Allais



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