Ce virtuel qui nous fait peur...


Il y a toujours réticence et méfiance à l’encontre du virtuel, peut-être aussi qu’il y a mauvaise interprétation des mots, de leurs sens et puis, chaque mot se définit dans son contexte, quand bien même il est riche de sens, c’est là une des particularités de la langue française, un mot est commode au sens subtil d’avoir plusieurs tiroirs, chacun emplit d’un sens…. Alors n’oublions jamais quel tiroir on ouvre avant de vouloir y trouver un sens…

Peut-être parce qu’il y a de mauvaises utilisations aussi, de tous ces nouveaux modes de communications, la nature humaine est bien éloignée de la nature, elle aime parfois à se travestir, se dissimuler, se cacher, mais sincèrement, une communication quelle qu’elle soit ne peut être vraie que si ces deux pôles sont vrais, s’ils ont même définition de ce qui est vrai, même envie de vérité et tout cela nécessite bien des ouvertures de l’esprit pour mesurer ce qui est, ce qui est dit, ce qui se transmet, réel ou virtuel, de près comme de loin. Notre monde est très riche, englué aussi dans une vaste toile d’informations, parmi lesquelles il faut certes trier le bon grain de l’ivraie, cela n’est pas nouveau, longuement discuté et commenté par de grands philosophes, des auteurs d’évangiles aussi, avec toujours la même crainte : doit-on arracher l’ivraie encore verte au risque de déraciner la bonne graminée, doit-on attendre la récolte et trier les grains…. Aujourd’hui, via internet, des milliers d’informations circulent, bonnes, mauvaises, paroles d’expert, racontars d’auteur en mal être,  besoin d’être par la publication, vouloir avoir le dernier mot quand bien même il soit faux… Au final, trop d’informations tuent l’information, il faut à moment donner quitter l’enfant que nous sommes et qui s’émerveille devant la mine d’informations à sa disposition pour devenir l’adulte que nous sommes sensé être, qui avec recul et pertinence, lit, analyse, croise ses sources pour trier le bon grain, la bonne information. C’est un vaste chantier, je vous l’accorde, de plus en plus courant sur les forums les plus populaires, mais, du temps des romains, sur les forums, comme de nos jours dans les foires, c’est du même acabit : tout s’échange, tout est à prendre en considération avec la valeur qu’il y sied, et c’est là mesure personnelle. C’est la même chose avec les livres, les écrits, le papier n’est pas plus garant de vérité, encore une fois, lire, apprendre, s’instruire, c’est aussi commenter, rechercher, analyser, comprendre et dire.

Il y a un autre usage du virtuel, celui des échanges plus personnels, courriers électroniques, messages court par téléphone cellulaire, partie de ping-pong à coup de mot, d’abréviation à faire pâlir d’envie un bréviaire, là encore, la rapidité d’exécution, la rapidité de réception, la rapidité de réaction ne doit pas favoriser la déconnexion des neurones, mais plutôt, agir pour la déconnexion des échanges, se rappeler que tous nos appareils électroniques possèdent un bouton « marche-arrêt » dont nous seuls avons la clé, le pouvoir et surtout la conviction qu’il est nécessaire, salutaire, enrichissant de mettre en pratique cela. Rien ne remplacera jamais le réel, l’échange en six dimensions, avec l’intégralité des sens mis en éveil, pas seulement la pulpe des doigts sur des touches ou bien sur un écran tactile avec de temps en temps un faible courant électrique traversant les synapses, pourtant, il y a des critères, des raisons que la raison ne peut ignorer, tels que l’éloignement, le respect de la vie de l’autre, l’endroit et le moment.

  • L’éloignement n’est pas forcement que kilométrique, parfois, la distance est une distance impalpable, non mesurable parfois même infranchissable pour diverses raisons, mais, le temps d’un message, l’énergie, les sentiments peuvent circuler par ces réseaux virtuels qui eux peuvent franchir bien des océans d’incompréhension, et, quand bien même ils finissent à la corbeille, ils auront eu le mérité pour l’émetteur d’avoir été dit, d’avoir été expurgés et donc d’avoir désencombré la mémoire de ces choses non dites. De toute façon, même dites en vrai, en face à face, certaines paroles n’arrivent pas à leur destination.

  • Le respect de la vie de l’autre, c’est aussi entendre et comprendre que l’autre est autre, qu’il est différent, parfois appelé à d’autres choses, d’autres missions, d’autres émissions, non joignable pour une communication vraie, mais le virtuel permet de poser cette lettre, cette carte postale qui sera lue ou non plus tard ou jamais, mais quand même surement plus tard, parce que même si l’objet n’est pas lu, la connaissance de l’envoi et la reconnaissance de l’envoyeur restent des moteurs de la réflexion future.

  • L’endroit, parce qu’il est des endroits où nous ne sommes pas joignables, du moins pour le commun des mortels selon l’expression consacré mais qui j’avoue me fait sourire car cela ouvrirait un autre débat que de vouloir comprendre la mortalité des êtres. Le virtuel est une poste restante où viennent se coucher des messages, tout comme finissent par s’échouer sur la plage des bouteilles jetées à la mer enfermant un message.

  • Le moment, parce qu’il y a toujours un moment dit de disponibilité, et si parfois le corps se repose, dort ou bien médite, si parfois le besoin d’échapper aux bruits non ambiant se fait, le virtuel permet de profiter de cet instant de répit pour déposer un message, une pensée, un geste de passage dans bien des corbeilles électroniques.


Il y aurait bien d’autres raisons, d’autres thèmes, d’autres peurs à évoquer sur le virtuel tout comme sur le vrai, mais toutes ces choses sont propres à chacun et c’est à chacun de les analyser pour lui, mais aussi pour l’autre, car notre plus grande richesse, c’est d’être tous différent. Entendre cette différence, c’est s’offrir de la comprendre et d’apprendre à vivre non pas avec mais dedans.

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