Entre effervescence et saturation, le retour à ce qu’on
nomme « la normale » marque ce qu’on appelle « la rentrée »
de sa pierre sans qu’il soit nécessaire que celle-ci fut carrée. Le retour aux
affaires est une chose imprononçable dans un monde où les affaires sont ce
qu’elles sont, et comme il est de bon ton de suggérer plutôt que de dire les
choses telles qu’elles sont, ne disons rien d’autres que c’est la rentrée et
les suites logiques de la rentrée. Certes, les jours sont courts, les nuits
parfois fraichissent brutalement, les routes ne cessent de se remplir de gens
arrêtés, ce qui finit par générer ces fameux bouchons, peut-être faudrait-il
nommer un œnologue ou bien un maitre sommelier au ministère des transports,
mais non, n’en disons rien, pas de polémique Victor, soyons donc dans le bon
ton…
Et puis zut ! A quoi bon tourner sans cesse autour du
pot alors que le chemin le plus court entre deux points reste la ligne
droite ? La franchise, la sincérité sont deux espèces en voie de
disparition alors de grâce, sauvons-les, militons pour leur réintroduction, et
puis tiens, soyons fou, imposons aussi le retour de la politesse, vous savez
cette drôle espèce que d’aucuns nomment « bonjour, au-revoir, s’il vous
plait, merci », ça commence à se raréfier, et ce ne sont pas les moyens
actuels de communication qui aident en cela. A trop avoir transformé le monde
industriel en celui du juste à temps, à trop avoir poussé la méthode du zéro
stock, à avoir bâti des règles simples « le client achète et on fabrique
lorsque la commande est signée », on a du graver ces principes réducteurs
dans les cerveaux des employés et des utilisateurs du grand commerce mondial.
Du coup, pas la peine de perdre de temps à dire « bonjour », place à
la question directe. Pas la peine de dire « merci » c’est une action
« normale » qui a été conduite puisque générée par
« notre » demande. La chasse au gaspi, la chasse à la non valeur
ajoutée, la course à l’excellence, la compétition à la rentabilité ont amené
l’humain à s’auto-corriger pour ne faire que des tâches à valeurs ajoutées,
surtout pour lui, l’individu poussant l’individualisation, un individualisme
naissant et prospérant tellement qu’il devient difficile d’exercer une activité
collective. Depuis longtemps déjà, l’expérience acquise au travers de sorties
et d’animation de sorties collectives de randonnées avait tracé une tendance
qui est en train de prendre une courbe exponentielle, de moins en moins de
monde, de plus en plus de mécontents, ou plutôt, d’insatisfaits, le terme
mérite d’être examiné dans son contexte, l’Homme semblant être un éternel
insatisfait. A cette tendance c’est désormais associée un comportement
« client », les choses sont « dues », il n’y a plus de
mesure du côté ludique, amateur et bénévole des prestations, non, j’ai payé, je
dois avoir le résultat que j’en attends. Il fut un temps où l’erreur était
humaine, l’entraide un comportement de base, la compréhension native, mais ce
temps est loin.
Pourtant, nous sommes tous responsables de nos actes, que
l’on soit « client » ou fournisseur », que l’on offre un service
ou que l’on participe à un événement, sans compter que les rôles si
« rôle » il y ait, s’inverse sans cesse durant les multiples phases
de nos vies, alors, pourquoi refusons-nous de comprendre, d’admettre, de
reconnaitre, d’être solidaire et puis même, pourquoi ne pas voir combien il est
des choses plus sérieuses et plus importantes, de reconnaitre les points
positifs du moment, pourquoi, de temps en temps, dans sa tête, ne pas inverser
les rôles, ou mieux, s’imaginer tierce personne assistant à la réaction, à la discussion
mais dans un rôle d’interlocuteur neutre, une sorte d’observateur ? Un
petit exercice à faire, même dans les situations les plus basiques de nos vies,
discussions parent-enfant, entre collègues, imaginez que vous êtes une autre
personne qui assiste à votre dialogue, neutre, hors contexte, que
voit-elle ? Que comprend-t-elle ? Accorde-t-elle la même importance
aux choses que vous qui êtes au cœur de l’action, partie prenante, refusant
d’abdiquer de perdre et d’offrir la victoire à l’autre ? Et si vous
tentiez d’en sortir « gagnant-gagnant », en écoutant ce qu’en
comprend cette tierce personne ? Et si vous étiez votre médiateur ?
Et si….et si…. Et si…..
Et si VOUS essayez ?
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