Nouveau départ

Retour à la randonnée, comme une fin d'été qui s'annonce voilà que reprennent les randonnées, un début pour un fin, ou une fin pour un début, c'est selon, la vie est faite de cycles, ces jolis tourbillons qui se succèdent et nous font dire souvent que la roue tourne. Fin de mois d'août, reprise en petit effectif, pour s'en aller découvrir des sommets, des paysages maintes fois vus d'en bas et jamais encore gravis, cette chaine de reliefs, dont on fait une montagne, qui habille les paysages autour du célèbre pog de Montségur, seul concentrateur de regards et de but de balades quand on va dans ce secteur-là des Pyrénées. Montségur, haut lieu de l'Histoire et de l'histoire cathare, conclusion tragique qui fit périr par un bucher géant une dissidence d'opinion. A qui s'indigne de l'intolérance de certaines religions aujourd'hui vis à vis de ceux qu'elles considèrent comme hérétiques, il leur suffirait de faire une retour arrière sur notre propre Histoire, de notre propre religion, il y a près de 700 ans pour voir combien notre intolérance d'alors était grande et massacrante et même au cours des siècles suivant, nous avons su massacrer allégrement toute forme de dissidence. Quand on sait que la religion la plus jeune et la plus focalisée par l'actualité est née un peu moins de 700 ans après la notre, il est des parallèles bien singulières.... Mais tel n'est pas mon propos, je laisse aux spécialistes du sujet de débattre en toute bonne foi, sans jeu de mots, pourtant bien tentant, mais on ne se refait pas, n'est-ce pas? Montségur, donc, mais au départ du village, lové contre les courbes de niveaux de la montagne, pour une course à travers ces paysages qu'on appelle montagne à vache, bien que ces derniers temps l'élevage semble déserté le secteur. D'abord le parking , puis un bout de route aux gravillons collés par un goudron liquide, et un chemin de terre bordés de jardins et de prairies. Les odeurs qui s'en distillent me ramènent à mes années d'enfance en terre ariégeoise, vacances d'été dans la ferme patiemment retapée, odeurs d'herbes fauchées, de terre humide, de foin aux fleurs et aux herbes si caractéristiques d'ici, un peu ma madeleine de Proust qui fait chanter les neurones et réveiller des tendres souvenirs enfouis. Au delà des jardin, le chemin prend de l'altitude pour pénétrer les bois, à la végétation typique des orées de forêt où la main de l'homme ne dresse plus les contours, parce qu'on n'a plus besoin d'exploiter le maximum de terres arables, de faire paitre les troupeaux sur ces prairies pauvres de ces temps où le seul engrais apportés était apporté par le troupeau lui même, ici par abandon, le noisetier a été semé par les écureuils qui enfouissent les provisions pour l'hiver, dans ces sols véritables caisse d'épargne de la nature, puis d'autres graines comme celles légères des frênes viennent grandir en toute impunité, les langues raboteuses des ruminants n'ont plus l'occasion de venir ici paitre.


Encore quelque pas et voici la piste forestière, les bois deviennent forêt, puis, les mollets chauffés par cette première course, c'est directement à travers bois que nous nous élevons, dans ce parcours à éviter les branches, les ronces, les buis aux feuilles acérées, dans ces odeurs d'humus, qui là encore me rappellent nos chasses aux champignons d'antan. A l'approche du sommet, la forêt laisse place à la lande de ces herbes épaisses, rudes, aptes à résister aux éléments, la pluie n'est rien comparée à la neige ou aux vents qui s’accélèrent sur la ligne de crête. De voir ces herbes couchées et ondulantes, de sentir la morsure du vent froid sur ma peau chauffée par l'effort, de se retrouver ici en tout petit groupe font voguer mon esprit vers des images de berger solitaire gardant d'improbables troupeaux des attaques encore plus improbables des loups ou autres ours slovènes quand au final le plus dangereux restent les chiens errants..... Est ce le grand parapluie attaché sur mon sac à dos? Est-ce e béret vissé sur ma tête, seul capable de résister aux vents rugissant? Est-ce simplement les images encore de l'enfance, ces vieux bergers couvert de leur capote épaisse, gardant les troupeaux sous la pluie fine d'un temps où les clôtures ne barraient pas la course des yeux ni celles du simple promeneur que j'étais déjà? Les pensées voyagent au cours de la marche, en fin de groupe, en prenant de la distance sur les précédents afin de garder le même rythme tout au long de la progression sans subir les coups d'accordéons dévastateurs, je suis tout à tour berger perdu au milieu de nulle part sur les haut-plateaux d'un pays imaginaires ou bien trop imagé par les souvenirs et les racines profondes, ou bien encore randonneur accomplissant la traversée des Pyrénées en solitaire comme l'idée est souvent venue me chatouiller le sac à dos.... Et puis les pensées voyagent aussi vers le futur et les futures randonnées à faire, dans un contexte plus personnel, découverte et partage, moments privilégiés de la vie, de nos vies, mais là, c'est un autre sujet qui demeurera là où il doit demeurer.


Encore quelques mètres, voici le sommet, la montagne de la Frau est vaincue, le décor magnifique sur 360 degrés, vu d'ici le château de Montségur semble sur une colline, les sommets émergent des nuages pour se voir désigner pas les plus calés d'entre nous, et oui, j'ai encore beaucoup à apprendre et c'est tant mieux, car que serait une vie où il n'y a plus rien à apprendre? Le temps de démarrer le repas, et voilà que sa céleste majesté voile d'un coup les décors enchanteurs, et lorsque le groupe suivant arrive, point de sommet à l'horizon mais de beaux nuages gris et blanc. Notre parcours étant plutôt long, nous reprenons la descente pour retrouver le bleu du ciel, les décors enchanteurs au passage d'un col, l'occasion aussi de voir de près la grande carrière de talc de Luzenac, puis de croiser les mots avec des randonneurs à cheval qui bouclaient leur périple d'une semaine en ces terres dites cathares. L'occasion encore de voir des troupeaux de ces belles vaches blondes ou grises ariégeoises, avec à l'écart un magnifique taureau de race, au physique imposant de force. Nous poursuivons à la descente le périple pour retrouver plus bas la piste, les forêts, les bois, le bord de rivière, la route goudronnée et enfin le parking. Quel plaisir d'enlever ses chaussures, de voir les pieds retrouver les nu pieds qui les ont habillés depuis deux semaines de vacances. Retour enfin vers la maison, des images plein la tête, des souvenirs des jeunes années, des images d'avenir aussi....



2 commentaires:

Anonyme a dit…

Coucou bel inconnu, si tu as le temps, envoies-moi ton circuit, Montségur est mon lieu de pélerinage (essaies un soir de solstice d'été), bien que bp de monde ce jour là.....

La licorne

Didier a dit…

c'est au solstice d'hiver que la lumière frappe....