Le père Noël est mort....

Le père Noël est mort…. Hélas, point de fable, celui-là, je l’ai bien connu, depuis mes premières couches, il gravitait dans notre petit monde…. Noël, comme prénom, simplement parce qu’il était né un jour de Noël, dans cette logique implacable qui habite le monde rural. Imaginez un peu la face du clergé si Jésus se fut appelé Noël, mais non, il n’était pas de cette ruralité qui bâtit sa logique à coup de labours, il était en voyage, sans parler de gens du voyage, l’actualité se mélange déjà assez les pinceaux pour dépeindre à qui de droit, manouches, gitans, bohémiens ou autres roms….. Notre terre est une terre ventée, sise dans ces collines que mordore le soleil couchant, dont les villages s’étaient parés de moulins, que voulez-vous, en ce temps là, les éoliennes n’étaient pas nées, et pour faire de la farine il fallait écraser le blé à la force d’éole….. Ce pays dont je n’ai vraiment compris le sens qu’une fois adulte, c’est une somme de village, de bourg, de fermes parfois isolée qui se mettaient à briller le soir de la Saint Jean, lorsque chacune allumait son brasier pour vaincre la nuit recommençant à dévorer les jours. Ce cher Lauragais, pays Toulousain, berceau familial, de métairies en métairies, mes grand parents ont travaillé, usé des vies sans amasser assez pour s’y installer, happés par la modernité de la ville et le pratique de ses HLM. Mais cette famille unissait en fait deux branches qu’on aurait pu qualifier de famille nombreuse, et, par la magie des mathématiques et de l’hérédité, les nombres ont succédé aux nombres, il n’est point une ville qui n’eut son cousin, oncle, tante ou autre parenté. Comme dans toute famille trop nombreuse, il est des liens plus forts que d’autres, Noël et les siens furent de ceux-là. Toujours jovial, malgré la rudesse d’un travail terrien, toujours généreux malgré les porte-monnaie trop creux, c’était de ces moments magiques à vivre et à partager, où la langue d’oc s’appelait plus patois qu’occitan, où la mémoire des générations accumulées tentait de venir remplir mes pauvres neurones trop amusées pour comprendre. Ainsi passa la vie, avec ses maladies, avec un diabète héréditaire, avec acharnement plus que résignation, dans un combat qui donne la foi, qui donna les foies à la mort, assez pour qu’elle vienne sournoise ravir le guerrier, attrister les siens, nous plonger un soir d’août dans une mélancolie qu’il n’eut pas aimé. Combien de fois m’eut-il raconté ses noces d’antan qui se révélaient des banquets pour nourrir toutes ces familles éparpillées venues rendre hommage au défunt ? Combien de fois a-t-il évoqué qu’il en souhaitait de même pour le jour où son tour viendrait, ce qui faisait hurler ma mère dans ces peurs ancestrales qui génèrent les plus grandes superstitions. Je ne sais si la chouette à hululer trois fois vers le nord, si les pies ont jacassé de sonores oraisons, ce que je sais, c’est que je perds là un membre ô combien étincelant de notre tribu, et que je lui souhaite de continuer longtemps à rire et à éclairer nos vies, nos pensées, nos tristesses.

Adieu père Noël, je ne sais pas ce qu’il y a de l’autre côté, du moins, je l’espère conforme aux visions qui me furent offertes, embrasse bien les tiens et donc les miens qui y sont déjà, veillent sur les tiens et donc les miens qui restent ici prostrés dans la tristesse et les larmes d’un ciel qui pleure aussi, à travers toi, je pense aussi à tes voisins de cimetière, mes grands-parents, embrasse-les pour moi, et s’il existe cet endroit rêvé, peu m’importe qu’on le nomme paradis ou ciel ou autre, j’entends d’ici résonner cette langue belle et chère à mon cœur, j’entends éclater ton rire à déchirer les nuages et à nous fendre l’âme jusqu’au cœur.

A Noël qui s’en va, aux siens qui restent bien seul, avec tout mon amour……

5 commentaires:

Anonyme a dit…

On ne meurt vraiment que lorsque l'on est oublié, n'oublies jamais Ton Père Noêl et il restera dans le monde des vivants
Bon courage et avec toi si tu as besoin
Amicalement

Didier a dit…

Merci. On a toujours besoin de sympathie et d'amitiés, même dans les moments les plus sombres où pourtant on fuit le monde.... Les présences les plus présentes ne sont pas nécessairement les gens présents...

Anonyme a dit…

L'important est de garder bien vivants dans les coeurs ces êtres chers.
Pensées sincères de courage dans ce moment difficile.
Bises

L'auvergnate

Anonyme a dit…

Mes plus sincères pensées t'accompagnent et de tout coeur avec toi.
courage Did !
Biz

Didier a dit…

merci... ces moments là sont effectivement de ceux qu'on aimerait traverser à deux.....