Rions, vivons

Les êtres humains ont la chance de disposer d’un éventail d’émotions, pourtant, nos cultures se construisent de plus en plus sur l’individualisme et le masquage, on ne doit pas montrer, on ne doit pas subir, on se doit d’être en quelque sorte le sommet de la pyramide. Est-ce pour cela que trop d’individus semblent se situer un piédestal, sûrement tellement haut que cela les oblige à parler fort ? Il est vrai que le volume de la voix traduit le volume qu’on souhaite prendre quitte à écraser et déranger les autres… Sans dire que le mal s’aggrave, après tout, ce n’est pas un mal puisque c’est un apprentissage culturel dès le plus jeune âge, la culture de l’enfant-roi étant passé par là sans doute, il est de plus en plus fréquent de rencontrer ces spécimens maitre du monde et de tous les espaces, ceux-là même qui vous obligent à quitter le trottoir juste parce qu’il est bien plus important pour eux de marcher en troupeau côte à côte, ou bien encore d’être sur une piste cyclable qui doit leur avoir été réservée, laissant libre court aux zigzagages quand ce n’est pas le vélo jeté en travers du sol pour répondre à l’inévitable smartphone dernier cri dont le micro doit être bouché puisqu’il s’agit de bien crier dedans…. Si vous cherchez le calme, l’espoir de croiser quelques individus de la faune locale, il est conseillé de fuir cette saison et d’attendre l’automne, l’hiver, ces périodes où il fait si bon marcher, pédaler, courir sans crainte de voir surgir un molosse  non muselé et complétement détaché au détour d’un sous-bois, au risque d’en avoir la peur de votre vie…. Que voulez-vous, où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir…..

Un peu ras-le-bol tout ceci, les envies de calme, de tranquillité, de désertitude s’intensifient un peu plus chaque jour, l’appel du large, l’appel de la montagne, l’appel du désert résonne et sonne sans cesse dans ces jours sans silence, des jours sans éclats si ce n’est des éclats de voix sans cesse criant et dérangeant. Bien sûr, le tableau n’est jamais tout noir, il y a de joyeux éclairs de couleurs, des amis rencontrés ici, des connaissances du bout de France croisées ici, des sympathies se nouant autour de passions communes et un accent qui permet de lier les mots en apportant son soleil et ses sourires. Au fond, ce monde qui crie, qui hurle, qui parodie sa supériorité plutôt qu’il ne la vit vraiment, c’est un monde qui souffre, un monde sans repère qui a grandi depuis de nombreuses années dans des éducations sans limite, repères essentiels pour se situer pourtant. Comment peut-on mesurer une dimension sans prendre un repère de départ et une unité de mesure ? A-t-on été tellement pressé d’être meilleur que nos prédécesseurs pour avoir ainsi oublier le « b a ba » de la vie ? A-t-on oublié l’humilité, le respect des autres, la seule expression « la liberté des uns s’arrête là où commence celles des autres » a-t-elle encore un sens ? L’Homme est-il devenu un animal ultra dominateur qui ne vit plus que pour écraser et dominer ses contemporains ? Etrange sensation. Non pas une perdition, ni une peur, non, l’observation est bien plus sociologique et donc distanciée. Prendre du recul semble être la clé pour réapprendre à rire, des autres, bien sûr, c’est toujours plus facile. De soi aussi et surtout, c’est moins facile peut-être, mais tellement plus gratifiant. Prendre du recul sur soi, apprendre à rire de soi, c’est redonner beaucoup de sens à sa vie, à ses vies, quelles qu’elles aient été, sont et seront.


La vision d’un instant n’est jamais qu’un tout petit bout de l’instant vu par un prisme souvent bien déformant, focalisant sur un point, oubliant tant d’autre, comment peut-on condamner l’instant juste pour un élément ? Comment peut-on avoir envie de passer à côté de l’instant, vrai, entier, riche, intense, juste parce qu’un microélément est venu là sur la photo que l’on en fait ? Acceptons l’ensemble, vivons pleinement et surtout, rions !

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