Le grand escalier

Un matin léger, rempli de joyeux courant d’air, de ces pauses d’air frais qui autorisent à renaitre au cœur de son jardin, voir danser les lavandes sous les brises légères, tandis que la maison, fenêtres toutes ouvertes, gonflent les voiles de ses rideaux. La vie circule ainsi, parfois en pause, parfois en courant d’air, rarement en arrêt, jamais en réelle apnée. Comment peut-on figer l’existence à ce qui n’est que fugace par essence ? Pourtant, c’est là le sport national des humains, prendre pour argent comptant la beauté d’un instant vue au travers de leurs prismes personnels, riches de leurs cultures, de leurs acquis, de leurs perceptions et de tout cela, voilà qu’ils figent « LA » vérité. Leur vérité. Jusqu’à l’heure de vérité, celle qui ouvre vraiment les yeux, sans artifice, sans fard, nature et crue, jamais cruelle même si cela peut faire mal, mais au fond, le mal, ce n’est pas de se faire ouvrir les yeux mais plutôt de quitter ce charme idyllique d’un ce paradis artificiel construit par ses propres interprétations. C’est peut-être pour cela que les humains payent en monnaie de singe leurs belles amitiés. Ils les sirotent, ils les dégustent, ils les puisent sans jamais voir qu’ils les épuisent, puis s’étonnent un jour que la source soit tarit.

Pourtant, les principes de la vie sont simples, que l’on cite Antoine Lavoisier « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » ou bien avant lui, le philosophe grec Anaxagore : « Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau » on ne peut que comprendre nos lois de vie. Fugacité, instabilité, instantanéité, temporalité, savoir jouir du présent et de l’instant plutôt qu’occuper son esprit à repeindre les contours d’une photo prise il y a longtemps, accorder l’intérêt qu’il y sied à chacun des instants, des rencontres, des vies croisées, garder l’étincelle vivante et brillante au fond du regard c’est ne pas l’assombrir en cherchant en cet instant les traces d’un hier et encore plus d’un hier travesti. Nous sommes le quatorze juillet, un jour de fête nationale dont beaucoup ne connaissent pas ou plus l’ancrage dans notre Histoire. Ce soir, beaucoup de feux d’artifices voleront, brilleront, éclateront puis disparaitrons. De cette vie brève, beaucoup ne retiendront que le côté brillant et éclatant. A votre avis, la vie de ces objets pyrotechniques se limite-t-elles à cela ? A votre avis, la vie des êtres se limite-t-elles à la vision brillante et éclatante que vous pouvez en avoir ?


Ce n’est pas parce que les choses sont faciles qu’elles sont les seules facettes d’une seule et même chose. Les diamants brillent de mille éclats sur mille facettes, mais ils ne brillent pas par eux-mêmes, non, ils se contentent de vous renvoyer la lumière reçue, de la modifier, de vous la diriger différemment, et vous aimez les diamants en oubliant la lumière…. Les amitiés sont des joyaux qui ne brillent que par votre propre lumière. Cessez d’y mettre du votre, elles s’usent à devoir tout faire, fournir la lumière pour deux, la faire briller pour vous rendre le sourire, la modifier pour rester attirant, vous apaiser par ces chatoyantes tonalités, puis un jour, usées, vidées, elles tombent. Plus personne. Pour attirer à nouveau, il faut un joli marbre brillant, des fleurs éclatantes, et des lettres dorées gravées sur la pierre. De nouveaux reflets s’en venant titiller les ombres de vos mémoires, et vos voix intérieures sourient en évoquant les « tu te souviens la fois où…. » Pauvres êtres des passés, pauvres êtres dépassés, chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde vous offre l’instant  et vous, vous jouez encore avec le papier d’emballage de vos passés. Vous passez ainsi à côté de vos vies, vous laissez trépasser de milliers d’activités, de choix, de bouts de vie, nul ne sert d’aller lire dans les cartes un futur puisque dès à présent, vous ne jouez pas de votre présent. Soyez libre. Il n’y a ni succès, ni échec, il y a un évènement qui vous conduit à un autre. Un grand escalier dont  chaque marche vous élève, avec aussi des paliers, mais sur ces paliers, ne regardez pas les paliers précédents, vous avez pris tellement de hauteur que les êtres d’hier vous semble si petit et contraint dans le portrait que vous vous en êtes fait. Différence de hauteur, pas de quoi être hautain. Les routes se croisent toujours, encore faut-il être au même endroit, au même moment….

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Le principal c'est d avancer a chacun son rythme .
On croise d autres chemis ou pas .on fait un bout de chemin ensemble pour avancer côté a côté et un jour le chemin se sépare . Mais le principal essayer de ne pas trop tomber et se perdre .