Fin

Etrange paradoxe que la vie, contraste permanent entre rires et larmes, et même si on peut rire aux larmes ou bien encore pleurer de rire, ces deux expressions restent l’apanage de deux sentiments bien opposés. Deux extrêmes qui sont comme des alertes de limites à ne pas dépasser. Deux bords d’un monde qui reste celui de la vie. Et la mort dans tout cela ? Inquiétude de l’homme qui veut savoir, connaitre ce qui fait toute sa mortalité sans vraiment vouloir y plonger de peur de ne pas en revenir, de peur que cela ne soit que pire que sa vie. Que de contes, de légendes, d’expériences contées pour donner des belles couleurs à cet au-delà. Ces rêves vécus m’ont donné tant de tendresse, de force et d’énergies que le retour à la vie fut vécu à chaque fois comme un cauchemar. Vivre. Mourir. Dualité de deux états, au-delà des émotions, la polarité absolue, être ou ne plus être, là sont les questions de l’homme. Mais après tout, c’est quoi la vie ? Si l’on pose la question à chaque individu, vivant de préférence, je suis persuadé que vous obtiendrez autant de réponses différentes. C’est qu’elle en a des facettes cette chienne de vie ! Elle brille, elle est mate, elle absorbe les rayons de lumières ou elle est d’une noirceur à faire briller les nuits les plus profondes, mais après tout, c’est tout cela la vie. Et la mort ? Ah, la mort, il faudrait interroger les morts pour savoir, mais les morts peuvent-ils parler ? Veulent-ils parler ? Ont-ils signé un pacte de non délation au grand berger ? Et puis, vivent-ils tous la même mort ? La mort à la couleur des nations, celles des légendes, des religions, des endoctrinements qui depuis la nuit des temps lavent les cerveaux humains. Elle est céleste, légère et vaporeuse, blanche, éclatante et brumeuse chez nous, peuple judéo-chrétien. Pourtant, lorsque je la vis par deux fois, elle était couleur, prairie, détente, paisible, sourires, familles et amis, de ces personnes vivantes ou décédées qui peuplent ma vie depuis le jour d’avant que mes parents naissent. Etrange d’être accueilli par ceux qui ne vous ont pas connu de votre vivant, du moins dans notre rationalité de vivant, puisque les vivants de l’au-delà vivent nos vies de leurs vies de chers disparus. Tout aussi étrange est l’absence de peur, l’attirance et le bonheur de les voir en train de discuter avec leur enfant, de partager les sourires et les jeux de ces petits enfants et arrières petits enfants qu’ils n’ont connu que de trop loin. Joies et bonheur d’être mort. Amère tristesse que de revenir à la vie.

Faut-il pour autant disparaitre pour cueillir cette rosée de vie éternelle ? Dites-moi, lorsque la télévision vous montre le linge blanc éclatant si bien plié et repassé, vous précipitez-vous chez le commerçant du coin, ah non il a fermé, je voulais dire vous précipitez-vous à la grande surface du coin pour acheter ce flacon de lessive miracle qui lave, fait briller et repasse vos draps froissés de trop de nuits sans étreintes ? Alors ? Non ? Et vous voudriez me voir tester le contenu d’un flacon de doux élixir du pays des songes pour m’en aller vérifier les dire de mes rêves dorés ? Mais si je fais cela, comment je fais moi pour vous le raconter ? Seriez-vous devenu médium, spirite ou autre grand communicateur qui m’irritent pour venir me tirer quelques renseignements qu’il me sera défendu de vous donner ? Et nous en sortirions fâchés….à mort ! Un comble, non ? Alors j’écris, de mon vivant, non pas ce qu’il faut qu’il advienne de mon corps lorsque mon âme et lui ne seront plus d’accord comme le chantait mon maitre Georges, cela est inscrit depuis longtemps dans la blancheur candide d’un feuillet, à l’encre noire couleur de cendres, celles qui seront lorsque je ne serais plus. Les cendres, c’est léger, ça vole au vent, elles iront rejoindre l’onde iodée de ces vagues qui me bercent et me régénèrent encore. Un peu comme si je me noyais. Une fin, comme un début, on nait dans l’eau, je partirai dans l’onde. Mais s’il vous plait, ne soyez pas trop pressé, j’ai encore quelques heures, quelques jours, quelques mois, quelques temps ou pas, à vivre cette vie avant de m’en aller vivre ma mort. Et puis zut ! Je n’ai pas prévu de carton d’invitation pas plus que de cartons d’évitation de là à prévoir la lévitation, voyons que diable, un peu de raison.

Raison ? Diantre, quel drôle de mot ! Chacun y sonne le sens qu’il y veut, sans avoir ni toutefois raison, ni même tort, n’en déplaisent aux esprits retors, la raison du plus fort est toujours la meilleure disait Jean de la Fontaine. Etait-ce là une expression de ce que sera un jour d’après la République et ses gouvernements majoritaires ? On touche là à la raison d’Etat. A-t-on raison ? Peu m’importe si j’ai raison ou tort, ce qui sonne juste à mon oreille sonnera faux à d’autres, ce n’est pas pour cela qu’ils ont tort, ni même raison d’ailleurs. D’ailleurs, ailleurs, qu’en est-il ? Jongleur de mots, toujours, à raison ou à tort, c’est ainsi, les mots toujours cacheront les maux, jusqu’au dernier, ce mot si court, si bien agencé, élégant de ces droites et de ces courbes, ce mot fin que certains sont pressés de me voir attribuer, ce mot fin que d’autres ne veulent pas lire. Ce mot fin qui n’est pas moi, car après tout, je ne suis pas fin tout de même !

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