Authentique

Et oui que ça file le temps, pas le temps de mettre en texte tant de chose et tant d’autres, pas le temps de prendre le temps de mettre en mots des maux, ni d’écrire tant de choses décriées, mais au fond, le temps n’est pas seulement du sable qui glisse dans un tunnel de verre pour décompter le temps, le temps n’est ni plus ni moins que ce qu’on en fait. Alors faisons. L’année tire à sa fin, une de plus, mais une année dure et pénible qui s’achève ne peut éclairer que d’espoir en celle qui va naitre, tout comme les jours ne sont que des suites aux nuits, à moins que les jours ne soient que des fuites aux nuits ? allez savoir… Mystère et boule de gomme, même si le correcteur d’orthographe et quelques touches poétiques aux noms poétiques de « del » ou encore « suppr » n’ont conduit la gomme au chômage, triste vie et triste fin, comment feront les générations actuelles pour s’amuser de l’odeur acre que pouvaient dégager ces bouts de gommes jetés sur le poêle à bois et charbon qui chauffait les préfabriqués venus rajouter des salles de classe à un collège construit trop petit au vu de l’expansion de la population de la banlieue oust de la grande ville où je naquis ? Euh… C’était quoi la question déjà ? Ah oui ! Les touches plastiques d’un clavier synthétique brûlent-elles en dégageant d’acres odeurs sur le plancher chauffant des modernes établissements ? C’est qu’on a vécu en danger nous autres madame, nous sommes des survivants de ces années sans normes, salles de classes vétustes, professeurs tirant les cheveux ou les oreilles, juste avant que les parents ne prennent la relève si par malheur nous le racontions à la maison, des années de transports en voiture incapable d’avoir deux étoiles aux crash-tests, assis sans ceinture, roulant sans airbags protecteurs, parfois à 6 ou 7, parfois même assis dans le coffre. Et puis, l’eau était encore de l’eau, dès la source, on partait dans les prés, les bois, et on goutait ce plaisir de fraicheur qui vous illuminait de l’intérieur, ces sources, porteuses de rêves de grandes marées et de jolis bateaux, un clou, un ficelle, deux planches et voilà le plus beaux des paquebots traversant le ruisseau dont le flot grossi de quelques pierres devenait océan majestueux, cette eau abondante, ressource inépuisable coulant de source dont la magie de l’enfance oubliait de voir l’entretien régulier qu’exerçait les paysans tout au long de l’année, curant le lit, nettoyant les berges, redressant les pierres plates qui la canalisait, parce que c’était la seule providence pour l’homme et pour le bétail, dans un temps bien avant l’eau courante au robinet.
Nostalgie ? Je n’aime pas ce mot qui sonne en négatif alors qu’il égaye une réalité moderne des rires du passé. C’est aussi un souvenir du temps où le bon sens avait tout son sens, le bon sens vrai, celui de la terre, celui des gens de rien, celui de ceux qui n’ont rien à gaspiller. Alors oui, les accents peuvent devenir tristes, et l’on peut regretter, ou pas, tout simplement parce qu’après tout, ces ruisseaux sont devenus secs à cause du réchauffement climatique, parce que si les bois ont pris la clé des champs ce n’est que parce l’agriculture n’est pas rentable, et puis, les vieux autrefois n’y comprenaient rien, ce n’est pas comme ça que l’on gagne sa vie, tout le monde c’est ça…. Pagnol dans Jean de Florette cultivait lauthentique cette plante rare qui ne poussent plus dans les livres, sinon dans les livres d’histoires, ces histoires qu’on raconte aux grands, parce que les grands, ce ne sont pas les robots ni les lasers qui les font rêver, mais plutôt ces rappels de vécu qui s’en viennent tirer du fond de leurs grands yeux délavés des larmes dont l’enfance n’avait su épuiser le ruisseau. Voilà, c’est cela qui est authentique : qui que l’on soit, il est intéressant de s’asseoir un instant et de se rappeler d’où l’on vient, de se souvenir du temps passé en le replaçant dans son temps et non en essayant de comparer dans l’actuel. Nous avons tous des vécus, aux accents de rires malgré les morsures de la vie, paradoxe de notre monde, on ne rit plus alors qu’on baigne dans l’opulence et le superflu, tandis qu’on riait dans des temps ou les jours les plus durs du mois étaient les trente derniers.
Alors rions et savourons nos richesses, les vraies, celles du cœur, celles des amitiés, celles des bonheurs qu’on ne sait plus cueillir. Apprenons à nouveau à cueillir les fleurs de nos vies, faisons-en des bouquets et surtout, partageons-les, parce qu’un bonheur, c’est comme une goutte d’eau, si on l’isole, si on l’enferme, elle s’évapore, tandis que tout un tas de petites gouttes d’eau ruisselant d’une pierre ça forme un ruisseau qui irrigue la terre, apporte sa fraicheur, la joie des sonnailles de ses clapotis et fait naitre les cris et les rires des enfants courant le long des berges à la poursuite de leurs bateaux jolis. Oui, c’est cela la vie, le partage, l’enrichissement par l’association de chaque bonheur personnel, tout ce qui fait que nous sommes. Authentique.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

je suis passée et ...voilà ( vous avez écrit que vous n'aimiez pas les compliments...alors je ferme mon bec) Bien cordialement. Mo.F

Didier a dit…

merci, c'est gentil. Ai-je écrit cela? ah?